Ce recueil de courts poèmes a été publié il y a plus de 30 ans, mais il garde une belle fraîcheur et une grande profondeur.
Il y a d'abord cinq petits ensemble de poèmes rassemblés sous les titres de "Noir soleil", "Les heures", "Le jardin", "Passage" et "Aurore". Plus un ensemble plus long de trente pages qui s'intitule "La nuit étoilée" et qui rend hommage à Etty Hillesum, à une période où elle n'était pas encore très connue. Bien que chacun des textes de cette dernière partie semble indépendant, leur lecture continue nous fait avancer des "arbres en fleurs" au "pays des cendres".
En écrivant cette critique, j'en profite aussi pour rendre hommage à l'éditeur Jean-Samuel Grand et ses éditions Ouverture. J'ai lu plusieurs des textes qu'il a publiés, souvent des textes de spiritualité et de prière. Leur belle qualité d'impression m'a toujours charmé et leur contenu m'a nourri.
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Au jardin
Sous l'olivier
Verrais-je
Celui que mon coeur
Aime
Au jardin
Sous l'olivier
Trouverais-je
La graine que son coeur
Sème
Au jardin
Sous l'olivier
Viendra-tu
Rejoindre la fleur
Solitaire
Quand le martèlement
Du pas cadencé
Annonça sur la terre
L'arrivée de l'horreur
Dans le ciel
Les étoiles commencèrent à trembler
Puis voyant lune après lune
Des milliers d'étoiles
Marcher se cacher s'éteindre
Une étoile
Déchira le ciel
Descendit les dénombrer
Et sur chacune déposer
Un nom nouveau
La terre alors redevint
Le temps d'une nuit sans fin
Un buisson ardent
Aujourd'hui, il reste peu de choses de ce camp (de Westerbork) et le témoin peut-être le plus impressionnant de ce passé est une pierre silencieuse, posée au terminus de la ligne de chemin de fer. Sur cette pierre, on peut lire en caractères hébraïques (un extrait des) Lamentations de Jérémie (...)
Pourquoi, aujourd'hui, revenir sur les horreurs que ce lieu a connues ? Parce qu'il ne reste de ce passé qu'une pierre silencieuse posée au cœur d'une forêt sombre et pourtant belle, encore mystérieusement habitée ? Oui, certainement, cette pierre et cette forêt ont déposé en moi, quand je les ai visitées, le désir de les écouter et de renouer le dialogue avec un passé toujours présent.
(Introduction à "La forêt étoilée, Westerbork)
Désaltère-moi
Pluie heureuse
Et généreuse
Fais germer en moi
Des rimes
Tristes et nostalgiques
Enivre-moi
De grappes de poèrnes
Encore à naître
Voilée
De lumière
La douceur
D'un premier jour
D'été
Pudiquement caresse
La fragilité
De l'instant
Déjà passé