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Citation de ladesiderienne


Annie me tenait par la main et ne me lâchait que pour se moucher.
- Tu es enrhumée ?
- Non émue. Nous sommes au paradis.
Une vingtaine de minutes plus tard, arrivés sur un plateau dont l'extrémité basculait dans l'infini, retenu de justesse par les fantomatiques silhouettes des montagnes bleues, une vision sublime me fit marmonner, d'une émotion que je voulais réprimer :
- Nous sommes dans le jardin du bon Dieu.
D'où avait surgi cette phrase, de quelle source souterraine avait-elle jailli, de quelle nappe phréatique de la conscience enfouie sous les couches de tristesse et de cynisme ?...
C'était ma voix, mais je me sentais marionnette, dans les mains d'un ventriloque : avais-je pu dire, moi, le criminel mécréant "le jardin du bon Dieu" ? Annie retenait sa respiration, et Mahmoud, les mains posées sur le volant, écoutait le silence ; autour de nous, dans un monde bordé par une chaîne de nuages froufroutants, blancs et roses, des centaines d’animaux de toutes sortes se promenaient, broutaient, se regardaient, chaque race ignorait l'autre, ils se déplaçaient dans une profonde quiétude. (...)
Annie chuchota :
- Je vous le dis, dorénavant, n'importe quoi peut m'arriver. Notre vie est marquée par ce moment.
Nous contemplions cette arche de Noé gigantesque ; on était bleu ciel, rose pâle, jaune paille, on était savane, ciel, on était Kenyans et privilégiés, on était les animaux en quiétude, libres. Peu à peu, nous nous hissions au niveau des humains, dans le vrai sens du mot.
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