Alors que le train s’ obstine à rouler à l’envers, comme s’il remontait, comme moi, le fil du temps, les paysages détestés et adorés de mon enfance collent aux vitres : sapins, poteaux obliques harcelés par le vent, si proches qu’ils pourraient pénétrer dans mon cœur, comme les ramures qui égratignent le toit du train au-dessus de ma tête, comme cette pluie qui redouble, dont je pourrais presque entendre les rafales envahir le wagon et recevoir les giboulées, sentant sous mes pieds le sol devenir glaiseux, me prenant à imaginer que je suis entourée de goudron liquide prêt à m’ensevelir.