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Citations de Christine Spengler (16)


Christine Spengler
Je me souviens du jour où, accroupie à côté d’une voiture calcinée après un bombardement à Beyrouth, j’aperçus un pan de mosquée se reflétant dans une flaque d’eau. Je compris alors que je n’avais pas besoin de prendre toujours de grands avions, ni de photographier au grand-angle des champs de batailles. Grâce à mes photos oniriques, j’appris à voyager dans ma tête, mais la guerre me hantera toujours. Même si je parviens parfois à faire que la beauté et la douleur du monde se marient comme ces bouquets que j’élabore, dans lesquels des fleurs séchées (la présence des morts) côtoient des « fleurs de vie », je suis prête à retourner dans la guerre. Car je veux continuer à témoigner de l’horreur, de l’injustice, de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants merveilleux qui ont encore la force de sourire, au plus profond de la tragédie : « les fleurs de la guerre ».
J’ai trop longtemps vécu avec eux. Je leur appartiens à jamais...
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Photographier l'espoir au milieu des ruines
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Aujourd'hui où voit le jour ce livre du rouge qu'aimait Marguerite, rouge comme le sang de la guerre, rouge comme la passion, rouge comme la robe d'Anne-Marie Stretter, je rejoins avec fierté ceux qui poursuivent depuis des années ce travail de mémoire, et perpétuent le souvenir de Marguerite Duras et de son œuvre incandescente.
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Dans sa vie et son écriture, unique, Marguerite Duras a franchi tous les tabous, tous les interdits. Elle a traversé tous les âges et toutes les époques, depuis son Navire Night virtuel ancré dans la rue Saint-Benoît.
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Photographe de guerre et artistes inspirés par les traces mémorielles, Christine Spengler inscrit sa création dans un geste d'hommage à Marguerite Duras, avec qui elle partage une esthétique qui brouille les frontières du réel et de l'imaginaire, de la présence et de l'absence, de la lumière et de l'ombre.
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« L’unique activité permise aujourd’hui, c’est la prière. Avant l’entrée des talibans, j’avais quinze costumes différents, offerts par des parents d’élèves. Je portais les cheveux en brosse, des lunettes de soleil. Je donnais des cours à des jeunes filles maquillées, en minijupes et socquettes blanches. Si vous aviez vu Kaboul ! C’était Paris ! »
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Vivre toujours sur la crête, sur la cime, en équilibre entre guerre et paix, voilà ce que j’appris à aimer plus que tout... au milieu de la tourmente, avec des hommes masqués ou bien dans les cimetières de Téhéran voilée comme une Iranienne ; ou alors aux confins du désert, à côté d’un « homme bleu », voilé lui aussi, Mokhtar, dont les yeux seuls me parlaient puisque je ne connaissais pas son langage.
Des années passèrent ainsi sans que je m’en rende compte, fascinée par les choses abruptes de la vie, toujours dans de grands avions, sur le fil du rasoir, jusqu’au jour où Philippe, l’homme en blanc, apparut. Peu à peu, il me fit découvrir la douceur, m’apprit à vivre en couleurs, à apprécier les fleurs les plus infimes, pas seulement les grands lys mortuaires et les tubéreuses qui accompagnent les enterrements en Asie.
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Une fois dans la rue, je m’empresse d’ôter mon foulard. Un groupe de femmes en tchadri passe à côté de nous. Elles s’écrient en farsi : « Quel courage ! Comment ose-t-elle montrer son visage ? De quelle tribu est-elle ? » Elles s’arrêtent pour m’embrasser, quatre fois de suite, à leur habitude. Premier contact avec des Afghanes, première fois que je sens l’odeur, le contact rugueux de leur grillage de tissu. C’est bon d’entendre leurs voix douces murmurer : «  Hello, good bye ! », les seuls mots anglais qu’elles savent. C’est triste en revanche de ne pas pouvoir contempler leurs yeux. Notre guide nous traduit combien elles regrettent de ne pas être en mesure de nous offrir l’hospitalité traditionnelle, et de nous inviter chez elles, mais il est strictement interdit de parler aux étrangers.
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Voici enfin le fameux zoo de Kaboul. Le directeur déplore qu’il n’y ait plus ni femmes ni enfants, seulement des talibans en armes, venus des campagnes, qui n’ont jamais vu de fauves. « Vous ne le croirez pas, l’un deux s’était mis en tête d’entrer dans la cage et de dompter le lion. Celui-ci lui arracha un bras. Fou de rage, son frère lança alors une grenade sur l’animal ! »
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notre interlocuteur considère que l’interview est terminée. Selon la tradition, avant de nous chasser, il demande à son nain-majordome d’apporter du thé et des confiseries. Jean-Philippe ingurgite ostensiblement sa boisson et mâche bruyamment les bonbons offerts. Voyant que je ne bois pas, notre hôte se fâche : « Pourquoi ne boit-elle pas son thé ? C’est l’usage ! » D’une voix étranglée, je réponds que je voudrais bien, mais que je ne peux pas, voilée comme je suis. Détournant alors la tête, il regarde la fenêtre et dit à mon guide : « Qu’elle boive, je tournerai mon visage pour ne pas la voir ! »
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« Comment ? Tu as même ôté la bague de ta grand-mère ?
- Oui, Philippe. Pour aller à Kaboul je n’ai besoin que de mes yeux. »
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Au début était le deuil. J'avais perdu le sens de la couleur et voulais mourir en témoignant des causes justes. J'aimais les Sahraouis, les Kurdes, les Afghans, le peuple érythréen qui refusait de se laisser photographier avec des armes et peignait des colombes géantes sur les rochers, aux portes du désert. Pendant des années, je témoignai du deuil du monde photos en noir et blanc : flaques de sang sur les pavés de Belfast et Beyrouth, cercueils entourés de chiens et d'enfants faméliques en Irlande et au Salvador, tchadors évoluant à l'infini dans les cimetières des martyrs de l'Iran...
Puis je découvris à nouveau la beauté et l'amour. Le sens de la couleur revint.
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Pour une fois, ma belle-mère et moi avons décidé de ne pas être tristes, d’aborder ce voyage comme un pèlerinage heureux. Dès que j’arrive dans notre chambre jaune aux rideaux de schintz, où Paulette m’attend déjà, je sors de ma valise les portraits d’Eric, de mon père et de ma grand-mère que j’ai emportés avec moi de Paris. Je les installe sur une console de marbre, au milieu d’un lit de fougères odorantes que j’ai ramassées dans le jardin de l’hôtel. Paulette est ravie de cet autel improvisé qui va nous accompagner pendant trois jours. Elle allume les bougies laiteuses qui vont faire revivre nos aimés. Je commence à leur parler comme s’ils étaient là, comme s’ils m’écoutaient. D’ailleurs, nous sommes persuadées toutes les deux qu’ils sont là, qu’ils nous voient, qu’ils nous écoutent.
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Dans la salle réservée à la couleur et au rêve, j'ai écrit :
"Pour chaque photo de deuil créée dans ma vie, je voudrais aujourd'hui exposer son contrepoint dans la beauté."
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Ma mère est morte ! Celle que je fuis depuis vingt ans sur tous les champs de batailles, à des milliers de kilomètres. Je m’étais coupé les cheveux et vêtue de noir pour ne plus lui ressembler, pour que mes confères reporters ne puissent pas m’identifier à celle que l’on surnommait à Paris « la dernière des surréalistes ».
Elle est donc morte, celle que je rends responsable du suicide d’Eric et qui riait, le soir même de la disparition tragique de son fils, en se confiant à une amie : « Vous ne le croirez pas, mais la disparition de cet enfant quelque part me libère. »
Elle a emporté avec elle à jamais son secret - le secret de son désamour pour Eric, ce fils non désiré qu’elle abhorrait, avant même sa naissance, parce qu’il était une entrave à sa liberté : « Je hais cet enfant que je porte dans mon ventre », disait-elle fréquemment.
Plus tard, elle le laisserait tomber en se coiffant. Il lui arrivait de le perdre dans les rues. Elle rentrait le soir, de Nice, et disait à mon père : « Mon Dieu ! J’ai oublié le petit au Casino ! »
Lorsque Eric fut un peu plus grand, à Saint-Paul-de-Vence, elle l’envoyait pique-niquer tout seul au cimetière pour retrouver ses amants à Cap-d’Ail ou à Eden Roc.
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Alors que le train s’ obstine à rouler à l’envers, comme s’il remontait, comme moi, le fil du temps, les paysages détestés et adorés de mon enfance collent aux vitres : sapins, poteaux obliques harcelés par le vent, si proches qu’ils pourraient pénétrer dans mon cœur, comme les ramures qui égratignent le toit du train au-dessus de ma tête, comme cette pluie qui redouble, dont je pourrais presque entendre les rafales envahir le wagon et recevoir les giboulées, sentant sous mes pieds le sol devenir glaiseux, me prenant à imaginer que je suis entourée de goudron liquide prêt à m’ensevelir.
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