Je n’ai pas besoin de prier pour convoquer un au-delà, je n’ai pas besoin de méditer pour trouver un refuge, le monde que je crée et sanctifie contient tous les germes spirituels auxquels j’aspire. Oui je fuis en coupable ! Mais là-bas dans la forêt, ce mot n’aura plus de sens. Je serai d’emblée accepté. Vraiment, je ne crois pas rêver, j’ai quitté le monde et le monde m’a quitté. Tu n’es pas un enfant sage, m’a dit le monde en voulant me tancer ! Je crois que tu as raison, j’ai tout fait pour m’écarter de toi sans regret avec une insolence véhémente. Artiste déjà ! Artiste encore, je t’ai scruté au scalpel de mes yeux en cisaillant chacune de tes chairs, de tes tendons et j’ai senti à force de sueur que tu n’étais plus perfectible. Que ce que j’ai connu de toi n’était plus qu’un pantin sans âme et informe, qu’il était vain de s’acharner, qu’il était préférable de te lâcher. Alors je n’ai pas eu peur, je n’aurai plus peur. Je suis dans une nouvelle dimension. Le monde connu s’est effondré pour moi, et de ses cendres ne renaîtra rien. Je veux encore l’arpenter, fouler cette poussière fine, la respirer, m’en imprégner et disparaître. Il fait presque nuit, les aiguillons de la couronne d’églantier ont griffé mon front, et perlent maintenant des gouttes de sang. Mes doigts les essuient et les portent à ma bouche, mon sang est toujours chaud, je suis vivant, pour combien de temps encore ?
Car je veux peindre ta lumière
Celle que j'ai découverte un soir de réveillon
Alors que nous étions dans la maison de bois au milieu du ciel
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Tu sais bien que je t'aime et que ça ne cessera pas
Tu sais bien que je suis un fou des limites des autres
Et que j'attendais ta venue, et que j'attends toujours