Or nous avons vu qu'on évoquait souvent ce roi, mais aussi son successeur (dans une moindre mesure), par la désignation anonyme et intemporelle de "pa héka", "le souverain", inscrite dans un cartouche. Tout se passe comme si nous étions en présence d'une étape vers l'émergence de la notion de "Pharaon" qui allait voir le jour un siècle plus tard. Le terme égyptien per-aâ signifie littéralement "la grande maison", acception sous laquelle il était employé à l'Ancien Empire pour désigner le palais royal, ou "le grand domaine". Un pharaon, par nature, est roi d'Egypte et d'aucun autre pays, car le "grand domaine" n'est rien d'autre que l'Egypte elle-même.
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On ne soulignera jamais assez l'importance pour l'avenir des institutions du Nouvel Empire que représentent tant cette procédure oraculaire [oracles rendus par la barque d'Amon tenue par des prêtres] que la fonction divine de la reine. La première allait se généraliser dès la XVIII° dynastie, notamment sous Thoutmosis III, et associer ainsi de plus en plus étroitement le pouvoir du roi à celui d'Amon-Rê. La seconde porte en germe le mythe de la naissance divine défini par la reine Hatchepsout, près d'un siècle plus tard, et repris par Aménophis III. Or ce mythe royal représente à son tour une étape essentielle dans l'évolution vers la théocratie qui allait triompher à la fin du Nouvel Empire.
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