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Citation de Cielvariable


Péronne Chahinian avait cessé de se débattre. Vaincue, elle espérait seulement que le bourreau, touché par sa soumission, consentirait à l'étrangler. Les magistrats le lui avaient promis mais aucune des autres condamnées ne l'avait été et maintenant, le prêtre s'avançait vers le bûcher, tendait un crucifix cloué à une perche en exhortant les sorcières à une confession publique.

Péronne avait tout admis. Que pouvait-elle ajouter ?

Il lui semblait que son procès avait duré des mois, des années, alors qu'on l'avait arrêtée trois semaines plus tôt le 8 septembre 1647 sous les accusations de sa voisine Dumas qui prétendait qu'elle avait jeté un sort à ses poules. Elles étaient mortes en deux jours, pour avoir mangé un trognon de pomme lancé par Péronne.

Dix-neuf autres témoins se présentèrent aux juges et confirmèrent avoir été victimes des enchantements de la fille Chahinian. Elle avait fait sécher le lait de quatre vaches, donné la fièvre à l'enfant Frémiault, empêché la génération dans deux maisons et plusieurs soutenaient l'avoir vue cracher son hostie dans son mouchoir lors des communions.

Si la jeune femme clamait son innocence avec vigueur le lundi, elle avouait le vendredi, brisée par des heures d'interrogatoire. Oui, elle avait assisté une fois, une seule fois, au sabbat. Citant des sources, les textes des experts Bodin, Boguet et Lancre, ses juges lui firent remarquer que les réunions sataniques étaient hebdomadaires et que toutes les sorcières se devaient d'y paraître. Péronne leur mentait donc. Il fallait obtenir des aveux complets de l'inculpée.

Sur un signe de tête d'un magistrat, deux hommes entraînèrent Péronne dans une salle voûtée.

A la vue des tenailles et des fers, du chevalet, des maillets et des coins, la captive défaillit. Quand elle s'éveilla, elle était allongée sur une table et maintenue bras et jambes écartés afin de faciliter le travail du barbier-chirurgien. A l'aide d'un couteau bien aiguisé, il rasa complètement le crâne de l'infortunée, jetant au feu avec dédain les longues mèches blondes dont Péronne était si fière.

- Tu n'attireras plus de galants avec tes appas démoniaques, avait-il ricané..

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