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Citation de Cielvariable


Le carillon de la pendule sonna quatre fois. Denise Poissant s’approcha de la fenêtre, repoussa les rideaux de dentelle et regarda la cour, les branches enneigées du sapin de Noël. Elle avait du mérite de l’avoir installé et garni d’ampoules ; personne ne pourrait lui reprocher de ne pas vouloir plaire à Kevin. Ce n’était pas parce que son mari les avait quittés qu’elle priverait son fils d’un vrai Noël. Les voisins verraient qu’elle ne ménageait pas ses efforts. Elle avait aussi décoré un sapin à l’intérieur et la maison embaumait la résine. Kevin ne semblait pas sensible au parfum, mais l’arbre, magnifique avec ses fantaisies or et argent, l’attirait. Il mirait son visage dans les boules qui paraient les branches les plus basses et battait des mains en riant.
Denise entendit son fils geindre dans sa chambre. Elle s’écarta de la fenêtre, tira les rideaux et s’assit dans un fauteuil en s’emparant de la télécommande. Elle passa d’une chaîne à l’autre avant d’arrêter son choix ; on commentait, à l’aide d’images extrêmement précises, le déroulement d’une greffe de rein. Denise monta le son ; peut-être que son fils aurait un jour besoin d’une telle opération… Comment savoir ? Elle devrait pouvoir suivre les explications des médecins, les interroger et même leur suggérer des traitements. N’occupait-elle pas tous ses loisirs à lire des ouvrages médicaux ? À visiter les sites Internet traitant de pharmacologie ? Elle ne prétendait pas remplacer les spécialistes, mais elle croyait que ces hommes débordés n’avaient pas le temps de recouper autant d’informations qu’elle, de consulter autant de correspondants et d’entendre autant d’avis différents.
Après tout, ils avaient à se soucier de dizaines, de centaines de patients. Denise, elle, n’avait plus qu’à se consacrer à Kevin.
Kevin continuait à gémir dans la chambre du fond. Denise soupira, monta de nouveau le son. Les commentaires du journaliste étaient simples, et même trop simples parce qu’ils s’adressaient à un large public, mais les médecins qui pratiquaient l’intervention ponctuaient le documentaire de remarques intéressantes.
Quand les plaintes de Kevin se muèrent en hurlements, Denise se leva à regret, se dirigea vers la cuisine, ouvrit le réfrigérateur, y prit une bouteille de jus de fruits. Raisin. Kevin aimait bien le jus de raisin. Denise y versa 20 ml d’Ipéca, déposa deux biscuits aux brisures de chocolat dans une assiette et porta l’encas à son fils.
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