c'est une chose de s'aimer par correspondance, une sorte d'idéal. Une autre de se retrouver face à face, et plus encore d'accueillir dans sa vie physiquement soudain, dans son quotidien, embrasser, faire l'amour. Peut-être ils ne se plairont pas. Peut-être il n'aimera pas son parfum. Ils seront deus étrangers qui doivent apprendre à se connaître.
- C'est une nébride, l'antique peau des Élaphes blancs. Ta peau d'origine, Élapha, celle de l'animalité qui réside en toi, les racines de ton anémé. Chaque Élaphe blanc l'a portée.
La Sage des sages me mena par un chemin concave de l'arbre. Je tins la peau et tous ses plis relevés pour éviter de trébucher. Nous arrivâmes sur une branche vaste comme un promontoire.
- Regarde, la grande liesse arrive. La nouvelle lune va apparaître.
De la hauteur où nous étions, j'appréhendai tout le peuple élaphe qui s’assemblait dans la clairière. La liesse s'immobilisa dans la trouée. Tous les regards s'élevèrent vers moi. Mon cœur battait fort, à moins que ce ne soit celui de l'arbre. Je sentais à présent sa respiration, cette vibration danser autour de moi, la circulation de l'énergie tournoyait sous mes pieds.
Nous aperçûmes le cromlech aux pierres majestueuses baignées de clarté lunaire. J’hésitai à avancer. Et s’il m’arrivait malheur ? Brendan était sur ses gardes aussi et me regardait au travers de ses grands yeux de cerf. Je sentais son esprit dans le mien. Nous fîmes le tour du cromlech ensemble avant d’y pénétrer. J’entrai la première, hésitante. Brendan me suivit. Nous reprîmes instantanément notre forme humaine, comme si nous avions traversé une frontière invisible.
Comment se nourrir ? interrogea solennellement le président Nielsen en ouverture du conclave. La question est désormais incontournable. La réponse engagera notre avenir.