Les pins
Dans mon pays les pins
sont verdoyantes tours d'espoir.
Des chemins verticaux,
des sentiers conduisant au métal des étoiles.
Dans mon pays les pins
connaissent les secrets de l'orchidée
et le pied des ruisseaux ;
mais ils n'ignorent pas non plus
l'épouvante
nocturne d'un pendu
ni des hommes qui meurent
dans la boue.
Dans mon pays les pins
connaissent les dangers
infinis de la nuit,
les solstices naufragés
- giroflée aveugle, jacinthe -
du sang répandu
qui tombe goutte à goutte
sur leurs racines.
Mais les pins sont aussi
des arbres chanteurs
dont la chanson est douce,
gracieuse comme le cœur
de la grive dorée ;
et un jour, un jour clair,
un jour d'alléluias,
amis, mes compagnons
d'une montagne à l'autre
on dira qu'on nous vit
tenant entre nos mains
une étoile de feu.
Pompeyo del Valle, La route fulgurante, 1956