Citations de Claude Dompierre (60)
L'argent était parfois une chose point trop détestable.
Si j'ai insisté pour monter dans votre fichue voiture d'aventurier à la manque, c'est parce que j'ai trouvé plus pratique de voyager en compagnie d'un homme. Ce n'est ni pour vos beaux yeux, ni pour tenter une de ces histoires minables pour touriste écervelée. Moi, les hommes, je les préfère nettement plus civilisés. Sinon, j'irais plus souvent au zoo. Jusqu'alors, j'ignorais que les singes avaient l'usage de la parole.
— Quoi ? Tu as marché !
— J’ai rêvé que je marchais, Pat ! Je l’ai rêvé si fort que je me suis redressée dans le lit. Et je me disais qu’il ne fallait pas que je tombe, que je devais marcher jusqu’à ta chambre pour que tu voies, pour que tu constates que je ne te voulais pas de mal et que je faisais les efforts nécessaires.
Elles étaient toutes deux en train de devenir folles. Contempler ce désert à longueur de journée avait fini par leur dérégler le cerveau.
Après tout, n’importe quel complice de ses agresseurs de la veille pouvait venir ici et jouer la comédie! Etre américain bon teint et parler avec un accent français ! Cette proposition de dépannage constituait un piège idéal.
Quand on se bat à coups de couteau, c'est que l'on n'est pas douillet.
La différence fondamentale qui distingue l'homme de la femme réside dans le fait que l'homme éprouve parfois de la pitié. La femme, jamais ! Jamais de véritable pitié, désintéressée. L'homme se sépare de la femme, celle-ci quitte l'homme.
J'ai horreur des femmes coquettes qui font attendre les hommes à dessein.
N'est misérable que le péché de celui qui sait.
Tu es encore traumatisée par ta pseudo-responsabilité dans l’accident. Tu crois que tout est de ta faute et cela t’aide à supporter ton tourment quotidien. Seulement, le temps qui cicatrise les blessures corporelles est également un excellent remède pour les âmes. Un jour, qui n’est du reste plus très lointain, tu découvriras que ton complexe de culpabilité t’empêche de vivre. D’exister. Tu comprendras également que l’accident n’était qu’une fatalité parmi d’autres et que tu en as été une victime au même titre que moi. Alors, tu cesseras de te sentir coupable. Les remords te fuiront, d’abord timidement, comme pour ne pas se faire remarquer, puis au grand galop. Simplement parce que tu auras compris que tu te trompes. Et aussi parce que tu auras jeté un regard, un vrai, autour de toi. Que tu auras aperçu le profil de ton vrai destin.
Sophie était belle. Bien plus qu’elle. Enfin, plus fine, plus délicate, plus lisse et fragile. On avait envie de la protéger. De la dorloter. Mais malgré son apparence, Sophie avait des nerfs d’acier ; sa volonté ne faiblissait que rarement. Habitée comme elle était par le combat que se livraient son âme et son corps. Apre et désespéré. Atroce, tant son effort était coûteux. Patricia avait parfois l’envie d’hurler pour elle. De remords.
Que ce nez n’est pas tel que vous l’imaginez, mais qu’il est justement proportionné par rapport au reste de votre visage. Que vos yeux ne sont ni trop petits, ni trop enfoncés. Ils sont seulement le reflet exact de votre âme. Ce ne sont pas les yeux que j’ai peints qui vous sont étrangers, mais l’expression qu’ils véhiculent. Parce que vous voudriez qu’ils parlent un langage moins désespéré. Quant à votre bouche ? Elle est faite pour mordre et rire tour à tour. Pas pour retenir des mots qu’il serait mal, selon votre éthique, de libérer. En un mot, vous avez cessé de vous plaire. Quelque chose s’est cassé en vous qu’il faut réparer au plus vite.
C’est incontestable. Pour appréhender l’âme de quelqu’un, il faut le voir nu. A son insu, évidemment. Je vous ai bien observée, sur cette plage. Avant de vous aborder, je vous ai détaillée. Maintenant, je crois vous connaître un peu mieux.
— Pourquoi m’avoir peinte nue ?
— Cela tombe sous le sens. Pour mieux exprimer tout ce qui est en vous. Nue, vous ne pouvez rien me cacher. C’est votre âme plus que votre corps qui est ici représentée. Pour obtenir ça, il me fallait vous peindre nue.
La situation ne cessait de lui échapper. Son corps était devenu indépendant de son esprit. Ses jambes, par exemple! L’une d’elles faisait un écart sur le côté. Si bien qu’elle ne se trouva brusquement plus à l’abri du paravent. Elle était là, tel un gibier ébloui par les phares d’une voiture lancée à pleine vitesse. Elle s’attendait au choc, l’éprouvait déjà dans chaque fibre de sa chair. Il aurait suffi que Vittorio la regarde pour qu’elle s’effondre ou qu’elle hurle, enfin. Mais rien de ceci ne se produisit. Le peintre suivait son travail avec attention. Elle n’était qu’un accessoire.
Florence fut troublée. De nouveau elle avait peur, mais cette fois, pas d’un inconnu. De cet homme qu’elle ne trouvait même pas beau, même pas aimable! C’était étrange et inattendu. Elle n’éprouvait aucune attirance pour lui. L’inverse plutôt. Au point qu’elle eut soudain le brusque désir de le lui faire savoir de la manière la plus directe. La plus désagréable.
Si vous connaissiez l’endroit, vous comprendriez qu’on ne peut laisser là-bas un poste permanent de surveillance. Les moustiques y pullulent, les serpents y sont rois, ainsi que les araignées venimeuses. Sans compter des foules d’insectes plus ou moins sympathiques qui risquent de transmettre à l’homme des tas de maladies plus ou moins incurables. Allons ! cessez de rêver.
Elle acceptait déjà tout. Elle voulait tout. Il ne se passa rien. Rien de plus que cette prise de possession insolite et crucifiante d’une volonté sur une autre. Le temps passa, lent, empli de mots informulés. Puis l’impossible, l’inconcevable se produisit. Cela vint si naturellement qu’aucun d’eux n’en fut surpris. Lorsque les bras nus de Lydie entourèrent la taille de Bound, quand sa tête se posa contre lui avec douceur, il s’approcha un peu. Juste un pas qui signifiait un accord. Une reddition. Alors, Lydie ferma les yeux, huma la fragrance complexe faite d’odeurs de cuir, de bête, de pluie et de jungle qui émanait des vêtements trempés. Elle respira sans se cacher, sans retenue ni honte.
Elle était bien. Elle était ivre.
Dans ce pays, les communications sont parfois compliquées. Il peut être n’importe où. Les reportages, on ne sait jamais où ça entraîne. Ce que je ne comprends pas, c’est la raison qui fait que son journal n’ait pas encore envoyé d’enquêteurs sur place.
Lydie était également vêtue d’un jean délavé et effrangé du bas qui ne parvenait pas à lui donner l’air négligé. Elle faisait « propre ». Toute sa personne reflétait la santé, l’équilibre.