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Critiques de Claude Juin (3)
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Guerre d'Algérie : Le silence des appelés

Cet ouvrage veut participer à rompre le silence par des extraits des carnets rédigés par l’auteur pendant son service militaire mais aussi par les témoignages d’anciens appelés.” Durant la guerre de Libération nationale, plus d’un million de jeunes appelés français ont été mobilisés pour “les évènements d’Algérie” qui ne seront reconnus comme guerre par la France qu’en 1999. D’ailleurs, la qualité d’ancien combattant ne sera reconnue aux appelés d’Algérie qu’en 1974.



La préoccupation de Claude Juin est de faire parler les concernés et de libérer leur parole sur les horreurs dont ils ont été témoins durant leur service militaire en Algérie. “Pour beaucoup d'entre eux, l'expérience marquante, voire traumatisante, de ce conflit sans nom et sans gloire est restée enfouie dans le silence. Elle n'avait pas de place dans l'histoire officielle et suscitait plus de gêne que de curiosité.”



À la fin de la guerre, la volonté du gouvernement d’alors était d’effacer de la mémoire collective cette page peu glorieuse et, au fond, personne ne souhaitait vraiment entendre leur récit et ils ont préféré se taire, durablement. Ils ont tenté de tourner la page. L’ouvrage de Claude Juin – ainsi que de précédents livres sur le même sujet – veulent faire témoigner les anciens appelés sur leur expérience en Algérie, sans tabou ni censure. “Écrire et témoigner pour se débarrasser de la peur et de l’ambiance d’un monde de violences fait de tués, de blessés et d’exactions multiples.”



L’objectif est de “débusquer les silences personnels comme le grand silence du récit officiel” sur l’utilisation des appelés pour l’accomplissement d’actions indicibles comme la torture, la destruction des villages et des récoltes et, bien sûr, les assassinats de civils. Une question, latente et indicible, demeure sur toutes les lèvres des parents et du voisinage de chaque appelé : a-t-il tué ? Ou pire, torturé ?



Ils n’avaient pas d’autre option que de partir ou de faire de la prison car c’était un délit de refuser de faire son service militaire”, précise-t-elle, avant d’ajouter : “Leur consentement s’ancre dans une histoire. Il est essentiel de se rappeler que les années 1930 sont encore très imprégnées de la Première Guerre mondiale et jusque vers les années 1950, de la mémoire des poilus, leurs sacrifices, toutes les communes de France sont touchées.” Pour l’historienne, neuf ans avant le début de la guerre d’Algérie, cette génération d’appelés a aussi été précipitée, enfants, dans la Seconde Guerre mondiale. “Ils ont connu les privations, l’occupation allemande...



En Algérie, ils vont retrouver des choses qui leur rappellent l’Occupation, mais le problème, cette fois, c'est que c’est eux qui occupent, des choses qui leur rappellent des crimes de guerre, mais là, c’est eux qui les commettent”, d’où le traumatisme de certains, alors que d’autres assument. À la différence des auteurs qui ont abordé le sujet des appelés français à travers des recherches documentaires et des témoignages (comme Raphaëlle Branche), l’intérêt du livre de Claude Juin est d’avoir été écrit par celui qui fut lui-même un acteur de la guerre.

En perspective ,“Écrire et témoigner pour se débarrasser de la peur”

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Des soldats tortionnaires

Près de deux millions de jeunes gens ont été appelés ou rappelés entre 1955 et 1962… pour aller «mettre fin à l'action des agitateurs (…), au règne de la terreur (…) et rétablir pour tous la sécurité et la confiance» au sein de départements «français». Ils étaient partis, tout du moins au début, la fleur au fusil, croyant aller à la découverte... de l'Orient… d'un pays dont, globalement, ils ignoraient l'existence. La population européenne, surtout les puissants lobbies colons, étant le tamis cachant le soleil… faisant accroire en une «patrie mise en danger» par des «indigènes terroristes».



Huit années de guerre… trente mille d'entre eux y périrent… deux cent mille blessés ou gravement malades…



Pourquoi ? Parce que bien d'entre eux furent confrontés rapidement à une triste et douloureuse réalité: l'exploitation des populations arabes par la population européenne, une surexploitation par les gros propriétaires et grands industriels, un apartheid déguisé, un racisme patent… et une résistance populaire des «Arabes» bien souvent insaisissable.



«En Algérie (au sein de leur armée et de la société européenne environnante qui vivaient dans un ‘totalitarisme ambiant'), ils n'ont pas découvert le mal, ils étaient plongés dedans»… plongés «dans la violence extrême», perdant sans le savoir, et pour les plus faibles psychologiquement, «toute humanité» à l'endroit des «Arabes». «Tous des ‘fells' qu'il fallait éliminer !» «Je n'avais jamais pensé que la méchanceté des hommes pouvait aller jusque-là: tuer pour le plaisir de tuer», écrit, dans une de ses lettres, un prêtre rappelé en Algérie.



Bien après le retour au pays natal, «l'inhibition de la honte» a conduit inexorablement, de leur vivant, «au néant» et à leur départ vers l'au-delà, «en enfer». Bon voyage du fond du cœur ! A tous ceux qui ne se sont pas repentis… en n'oubliant pas que parmi les appelés (dont un fameux collectif de trente-cinq des cinquante-cinq prêtres rappelés) beaucoup furent ébranlés dans leur foi et leur amour du prochain, s'insurgèrent et osèrent dénoncer publiquement les exactions et les pratiques honteuses de l'armée française (comme Jean Muiller, un ancien de la Route des Scouts de France, comme les cent cinquante militaires qui assistèrent à la messe de Saint-Séverin le 29 septembre 1955…). Ils furent poursuivis par la justice, emprisonnés ou affectés dans des sections difficiles. Il fallait bien s'en débarrasser et rien de tel qu'une «embuscade»… avec des balles qui ne se perdent pas (Muiller fut «tué» peu de temps après (???)... dans un accrochage).



Avis : un auteur engagé qui, déjà en 1960, avait publié un ouvrage Le Gâchis, un ouvrage rapidement interdit. Appelé du contingent en Algérie en 1957-1958, il y racontait «sa» guerre, sous le pseudonyme de Jacques Tissier. Une photo terrible: un gamin (arabe, bien sûr) de douze ans à qui l'on fait porter un poste radio de dix-huit kilos, qui «ouvre la route» et «nous protège de possibles mines». A l'arrière, on aperçoit les soldats.

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Le gâchis

le Gâchis est un livre courageux pour l’époque,puisque censuréIl est écrit sous un pseudonyme Jacques Tissier s’appelle Claude Juin.il est de nouveau publié et nous permet juste de savoir et de faire savoir ce qui c’est passé pendant cette guerre d’Algerie que nous avons du mal à accepter.Ce livre m’a été prêté par un ancien combattant de la guerre d’Algérie qui n’a rien vu de tout de ces tortures et exécutions sommaires.
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