Claude Saliceti

HUMANISME ET PERSPECTIVES in Claude Saliceti
Si l'humanisme ne veut pas se résigner à n'être plus qu'un pragmatisme, une philosophie du moindre mal, ou un discours de convenance, s'il veut continuer à représenter une autre issue possible que celles des religions, ou des sectes, face à l'amoralisme, à l'abrutissement, à la drogue et à la désespérance du non-sens, il lui faut, avec la Maçonnerie, revivifier cette spiritualité de l'homme médiateur, de ses origines, qui le situe entre "la bête et l'ange", la nécessité et la liberté, le connu et l'inconnu, l'actuel et le virtuel, le réalisé et l'idéal, le visible et l'invisible, le temporel et l'intemporel, le dicible et l'indicible, et qui a inspiré son éthique de vérité, de perfection et de liberté.
C'est seulement en s'affirmant ainsi à nouveau comme spiritualité et art de vivre qu'il pourra aider les humains à affronter les grands défis de notre époque : la tension entre mondalisation et replis intégristes, culturels, idéologiques et religieux, l'aggravation des ségrégations, les menaces écologiques, le désarroi éthique et spirituel, en essayant de donner une finalité plus humaine à la technqiue et à l'économie, en les mettant d'abord au service d'un épanouissement en chaque être humain, d'un royaume spirituel de la liberté, de la connaissance, de la conscience éthique et de l'amour, auquel il aspire même inconsciemment, capable de l'accomplir individuellement tout en l'ouvrant à l'universel pour en faire un citoyen du monde.
Il n'y a sans doute pas d'autres moyens pour l'humanité de progresser vraiment dans la voie de :"la liberté, l'égalité et la fraternité".

Que faut-il ENTENDRE par HUMANISME in Préface de Daniel Ligou in Claude Saliceti, Humanisme, franc-maçonnerie et spiritualité, page 1 et 2.
Le mot est un dérivé du latin humanus. Il a été utilisé pour la première fois par Proudhon autour de 1856 d'aprés l'allemand Humanismus.
Sur le plan littéraire, l'humanisme est le mouvement d'esprit représenté par les penseurs "humanistes" de la Renaissance pour mettre en valeur l'esprit humain en renouant par-dessus le Moyen-Age (dont la grandeur indiscutable au XIIIe siècle est éclipsée par une décadence certaine) avec la culture antique gréco-latine au nom de laquelle on rejette, quelquefois avec une vigueur très rabelaisienne, tout l'appareil scolastique. Au formalisme parfois ridicule d'une scolastique décadente, s'oppose une culture plus vivante. Par lui, se répand le meilleur de l'antique. La philosophie des humanistes, d'ascendance païenne, secoue le joug de la théologie. A l'esprit de soumission, notamment à la pensée d'Aristote, succède l'esprit d'examen, le goût de la recherche critique. Toutes choses qui manqueront aux civilisations, aussi brillantes soient-elles (je pense à l'islam), qui n'ont pas reçu ou ont récusé ce témoignage. De là, un vaste effort de rénovation spirituelle et esthétique. Il est facile d'esquisser des liens à travers deux siècles de l'humanisme, du XVIe siècle à la création de la Maçonnerie symbolique dans les années 1717-1723. Les mouvements religieux, le catholicisme lui-même, ont recueilli ou adapté ce qui leur paraissait conciliable. Ce fut, en grande partie, l'oeuvre des jésuites qui eurent bien soin de biffer toutes les méthodes critiques et menacèrent de tomber dans un autre formalisme en réplique au mouvement des Lumières.
Autre signification: le sens proprement philosophique du terme humanisme. Il s'agit là tout d'abord d'une croyance au développement infini de l'esprit humain, mais surtout d'une doctrine "qui prend l'homme comme fin et comme valeur supérieure" (Sartre). Il n'empêche que l'humanisme peut prendre diverses formes, et, très souvent, s'affirme avec des qualifications (ou des qualificatifs). Sous prétexte de nuances, il peut s'agir d'une annihilation de l'originalité de l'humanisme. A-t-on le droit de parler d'un humanisme chrétien, d'un humanisme marxiste ? Dans cette réflexion, que peut être un humanisme maçonnique ?

EDIFIER UN TEMPLE HARMONIEUX DE L'HUMANITE par L'ELABORATION ET LA DIFFUSION DES IDEES HUMANISTES
C'est bien d'abord un projet éthique qu'expriment les Constitutions d'Anderson (version première de 1723)...Projet grandiose qui s'inscrit parfaitement dans celui de l'humanisme tel qu'il a commencé à se singulariser en tant que courant de pensée à partir de la Renaissance, et en constitue une étape importante au seuil du siécle des Lumières, et quelques décennies avant la Révolution Française.
Désormais, en effet la Maçonnerie spéculative va jouer un rôle important dans l'élaboration et la diffusion des idées humanistes: la liberté de pensée, le respect de la personne humaine, sa perfectibilité intellectuelle et morale, la tolérance mutuelle, la fraternité universelle ; et de leurs expressions politiques : les institutions et lois propres à les servir et à les garantir : la démocratie, les Droits de l'homme et du citoyen...

LE ROLE DE L'HUMANISME et de la Maçonnerie n'est pas tellement de trouver des solutions à ces problèmes, les experts en tout genre sont plus à même de s'en charger, mais de se consacrer à former des hommes libres et de qualité et des citoyens responsables capables d'oeuvrer, par l'exemple et leur action dans la société, à un épanouissement culturel, éthique et spirituel de tous les humains, ouvert sur l'universel et seul propre à les rassembler dans le respect de l'autre, l'équité et la fraternité. in Claude Saliceti, l'humanisme et...page 21

HUMANISME:..on ne peut durablement proposer un vin dont l'étiquette a cessé de correspondre au contenu du flacon...in Claude Saliceti page 20

HUMANISME:LE PROJET CENTRAL
Le projet central de l'humanisme : enseigner à chaque être humain à conduire lui-même sa vie, dans le souci de l'universel, c'est-à-dire du destin commun de l'humanité, demeure plus que jamais le seul espoir de rassembler tous les hommes dans la liberté, en leur permettant de donner sens à leur vie, dans le respect et la compréhension de l'autre. Mais à la condition pour lui de s'affirmer davantage comme une éthique, une spiritualité, de la liberté, de la connaissance et de la responsabilité propres à aider les humains à mieux distinguer et à vivre les valeurs essentielles communes à leurs différentes traditions culturelles et religieuses. in 4e de couverture, Claude Saliceti, Humanisme, Franc-maçonnerie et spiritualité.

L'HUMANISME,
ses valeurs éthiques, démocratiques, républicaines et laïques, et la Maçonnerie qui se veut libérale, n'auront d'avenir que si, au lieu de se recroqueviller sur des combats du passé, ils affrontent les réalités d'aujourd'hui: les menaces que font peser sur la nature, sur l'homme, sa liberté, ses cultures, sa vie spirituelle, un technologisme, un économisme, un affairisme sans frein qui n'ont plus pour finalité qu'eux-mêmes.in Humanisme...Claude Saliceti page 20