Scène secrète
Les yeux troublés
par la solitude et le désespoir
(aux heures intruses de la nuit
qui déversent leur silence, leur froid clandestin
dans la maison déserte),
regardent, contournent quelques ombres floues,
dans le vide morne de toute une vie.
Personne n’est témoin de cette lutte sourde
de l’homme avec la peur,
du cœur avec la cendre,
d’un ardent désir avec son inutilité.
Dans cette détresse, qu’est son âme,
il cherche la compagnie d’un miroir
où, en sordide écume,
fixer sa face,
et absorbé, il regarde un visage identique
qui, transformé en monstre et en mort,
disparaît enfin.
// Francisco Brines (22/01/1932 -)
/ Traduit de l’espagnol par Claude de Freyssinet