Excédé par la tromperie que constituait selon lui la peinture moderne, l'écrivain Roland Dorgelès résolut de jouer un bon tour à ses thuriféraires. Ayant fait barbouiller (devant huissier) une toile par la queue de l'âne du Père Frédé, Lolo, il la fit présenter au Salon des indépendants de 1910, non sans lui avoir trouvé un titre et un auteur : Et le soleil s'endormit sur l'Adriatique, par Joachim-Raphaël Boronali (anagramme d'Aliboron, l'âne des Fables de la Fontaine). Le poisson n'allait pas tarder à mordre à l'hameçon, nombre de critiques se pâmant devant le tableau, à commencer par André Salmon, grand rival de Dorgelès, lequel se fit alors un plaisir de révéler la supercherie.