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Citation de HenryWar


Fowler avait cru que l’étrangeté de Jupiter le terrifierait, qu’il se recroquevillerait face à l’inconnu, et s’était cuirassé contre le dégoût que lui inspirerait une situation si éloignée de la norme terrienne.
Il possédait davantage que l’homme avait jamais possédé. Un corps plus rapide, plus sûr. Un sentiment d’exaltation. Une appréciation profonde de l’existence. Un esprit acéré. Un monde de beauté que les plus grands rêveurs terriens n’avaient jamais imaginé.
« Allons-y ! le pressa Sultan.
— Où donc ?
— N’importe où. Partons d’ici et voyons où on arrivera. J’ai l’impression… l’impression que…
— Oui, je sais », convint Fowler.
Il éprouvait aussi cette sensation. Un destin exemplaire, voire une certaine grandeur, se profilait. Quelque part au-delà de l’horizon, il le savait, les attendaient des aventures et plus encore.
Les cinq autres l’avaient également ressenti. Ils avaient éprouvé l’envie d’explorer ce monde, d’y trouver une vie de plénitude et de savoir.
C’est pour ce motif qu’ils n’avaient pas regagné le dôme.
« Je ne reviendrai pas, dit Sultan.
— On ne peut pas laisser tomber tout le monde. »
Fowler avança de deux pas vers le dôme, puis s’arrêta.
Revenir au dôme. Revenir au corps perclus de douleurs et imprégné de poisons qu’il avait abandonné. Il ne sentait pas ces douleurs, jadis, mais il savait désormais ce qu’il en était.
Retrouver cet esprit cotonneux. Ces idées confuses. Ces bouches caquetantes qui formaient des signaux intelligibles aux autres. Ces yeux voyaient si mal qu’il vaudrait mieux ne rien voir du tout. Retrouver ces conditions sordides, ce pas trop lent, cette ignorance.
« Un jour, peut-être, souffla-t-il.
— On a beaucoup à faire et à voir, dit Sultan. Beaucoup à apprendre. On trouvera des tas de choses… »
Oui, des tas de choses. Peut-être des civilisations entières. Des civilisations joviennes auprès desquelles les œuvres humaines pâliraient. La beauté et, plus important encore, la compréhension de cette beauté. Et une camaraderie comme nul n’en avait jamais connue – ni homme, ni chien.
Et la vie. La vivacité de la vie après ce qui paraissait un cauchemar de drogué.
« Je ne peux pas y retourner, dit Sultan.
— Moi non plus, dit Fowler.
— Ils me rechangeraient en chien.
— Et moi en homme.
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