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Citation de coco4649


LES LARMES DES AUTRES

XIV - HEGESIPPE


Oh ! pour qu’un doux rayon flotte sous sa paupière ;
Pour que la mort le berce en son dur lit de pierre
Dans un rêve meilleur ;
Pour que la brume autour de son front se dissipe,
Je veux à mon tour faire à ce pauvre Hégésippe
L’aumône d’une fleur.

Hélas ! il a souffert la souffrance infinie !
Le malheur ici-bas est l'âme du génie
Incliné sous l’affront ;
Et plus les cœurs sont hauts, plus les têtes divines,
Plus on voit s’effiler la pointe des épines
Qui les déchireront.

Le monde, hostile à ceux qui tonnent en prophètes,
N’a donné trop souvent qu’un grabat aux poètes
Prompts à se résigner :
Nourrir dans sa pensée un idéal suprême,
C'est du bonheur commun se proscrire soi-même,
C’est rêver pour saigner ;

C’est préférer la nuit au ciel où l’aube brille ;
C’est dire aux seuils bénis ouverts sur la famille :
« Je ne m’arrête pas ! »
C’est se construire un nid isolé sur les cimes
Pour y faire porter par le vent des abîmes
Toute l'ombre d’en bas !

N’avait-il pas assez de son propre Calvaire,
Ce poète, forçat de l’idéal sévère,
Qui trouvant les jours longs,
Torturé par son cœur, par lui mis à la chaîne,
Traînait son rêve, hélas ! comme un criminel traîne
Le crime à ses talons ?

N’avait-il pas assez de la plaie incurable
Qu’élargissait en lui la Muse impitoyable ?
N'avait-il pas assez
De son sang lui livrant une sourde bataille,
Sans que notre égoïsme, implacable tenaille,
Tordît ses reins brisés ?

p.94-95
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