Marion.- Et les jours de Pardon, il faudra aller à Sainte-Barbe ou à Saint-Urlou avec les vieux qui sentent mauvais, les idiots qui bavent, les malheureux qui tombent du haut-mal et qui se roulent dans la poussière en hurlant ...
Oh ! Je me vois au milieu de tout ça, avec ta fille sur le bras, Henri ... Je me vois en train de tendre la main aux riches ! ...
Comment peut-on être bretonne ? Comment peut-on être doublement méprisée, doublement opprimée ?
Méprisée en tant que sexe, opprimée en tant que peuple ...
"Ce n'est pas la place d'une femme" a-t-on toujours répondu à celles qui tentaient de se révolter contre leur condition !
Mais où est la place de la femme bretonne ?
Sur la falaise balayée par la mer, attendant le retour du marin ?
Prostrée dans les plis de sa jupe de granite devant le monument "aux morts pour la France" ?
A genou au pied d'un calvaire sur fond de bruyères et de clocher à jour ?
Derrière un éventaire de napperons en dentelle sur un marché ?
Sous la coiffe de Bécassine battant les tapis de madame de Grand-Air ?
A Paris, dans une chambre de bonne, sous les toits ?
Sur un trottoir de Montparnasse ? ...
Marion du Faouët a réellement existé. Mais cette pièce n'a aucune prétention historique : ce n'est qu'une interprétation des faits, cela ne veut être que l'histoire d'une femme ...