Mais je me trouvais ici à cause de l'Amour, qui coule à cent dix kilomètres au sud de la ville, avec la Chine derrière. Un mince ruban de route sur ma carte s'arrêtait à un endroit mentionné en lettres décolorées : Albazine, le site des anciennes batailles entre Chinois et Cosaques, qui avait dû progressivement s'étioler pour n'être plus qu'un village au bord d'un grand fleuve. L'Amour ! C'est un de ces cours d'eau, tels l'Oxus ou le Nil, qui semblent s'émanciper de la géographie des lieux pour baigner des rivages oniriques.