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Point de vue d’Asa

Elle est trop belle, avec ces longs cheveux noirs, ces cils épais, cette bouche. Franchement, je n’ai jamais rencontré de plus jolie fille dans le vie réelle. Dès l’instant où je l’ai vue, j’ai su qu’elle m’appartiendrait. Pas question de laisser un être aussi parfait à un autre mec.

Cependant, je me suis interdit de la draguer tout de suite, car j’aimais trop sa façon de me regarder avec son air innocent pendant les cours. Je l’intéressais. Et, même si je faisais semblant de ne pas le remarquer, elle m’intriguait. Elle était différente de toutes les filles avec lesquelles j’étais sorti.

Pas grand chose ne m’impressionne depuis que je suis tout petit. Pourtant, elle m’obsédait tellement que ça commençait à me faire peur. L’idée de pouvoir corrompre un être aussi exquis en devenait complètement obsédante.

Avant Sloan, je me fichais un peu des filles. Je les utilisais pour ce qu’elles valaient : une rapide nuit de baise, quelquefois un autre petit tour avant le petit déjeuner, et basta ; plus rien entre huit heures du matin et vingt heures. Les types qui laissent les filles occuper leur vie dans cet intervalle n’ont que de la merde dans la cervelle.

Dixit mon père.

J’aimais bien me souvenir de cette période avant qu’elle ne soit à moi, chaque fois que je la regardais. De chaque moment où je captais son regard pendant les cours, où ma queue se raidissait dans mon pantalon quand je pensais à elle.

De la merde dans la cervelle.

Plus je la contemplais, plus je m’interrogeais sur mon père et me demandait s’il savait seulement de quoi il parlait. Il n’avait jamais dû connaître une fille comme Sloan. Une fille pas encore corrompue par un homme. Une fille trop timide pour savoir flirter avec un garçon. Une fille qui n’était pas encore devenue une traînée.

Ca m’a donné envie de la mettre à l’épreuve. De voir si c’était l’exception qui confirmait la règle. Un jour, à la sortie d’un cours je lui ai proposé de déjeuner avec moi. C’était la première fois que je donnais un rendez-vous à une fille. Je m’attendais à un sourire, à un oui timide ; au lieu de ça, elle m’a toisé de la tête aux pieds avant de reprendre son chemin sans répondre.

Là j’ai compris que je me trompais complètement. Elle n’était pas timide. Elle connaissait la cruauté humaine. Elle savait exactement ce qu’il en était et voilà pourquoi elle gardait ses distances avec les autres.

Ce qu’elle ignorait c’était que son faux détachement ne la rendait que plus attrayante pour moi. J’avais envie de la poursuivre de la poursuivre jusqu’à ce qu’elle me désire et accepte tout de moi… y compris ma cruauté. Jusqu’à ce qu’elle m’en supplie.
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