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Critiques de Côme de Bellescize (6)
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Soyez vous-même

Jusqu'où peut-on aller pour obtenir un 'vrai' poste, surtout après des mois de galère entre chômage et boulots précaires et/ou un gros investissement (études longues, emprunts, stages non rémunérés, coaching payant) ?



Cette jeune femme "pimpante, pulpeuse et colorée" se présente pour un poste de directrice de communication. Elle VEUT vendre de la Javel, c'est le job annoncé. Elle doit du moins en convaincre son interlocutrice. Elle est bardée de diplômes, s'est préparée à l'entretien, a la pêche - ça devrait aller.

Mais la dame en face s'annonce peu avenante : "costume noir étriqué, corps frêle, lunettes noires et canne blanche".



Il ne faut pas se fier aux apparences, certes, mais dès qu'on voit la recruteuse, y a comme un malaise. Il promet, cet entretien !

Impression vite confirmée. La femme est odieuse, demande beaucoup, pousse la candidate dans ses retranchements, la ridiculise, se radoucit parfois, semble alors sincère, puis repart dans des exigences extravagantes, l'humilie de plus belle.

Ça va trop loin, là, quel est le problème ? Que veut-elle ? Est-elle perverse ? Sadique ? Elle ne sort pas du cadre professionnel en malmenant ainsi la candidate qui devient sa victime ?



Je ne sais pas quelle impression donne le texte brut.

Je l'ai vu joué sur scène en mars 2017 avant de le relire 3 ans 1/2 plus tard, hier.

Malgré ma mémoire souvent défaillante, je gardais parfaitement en tête ce sentiment de malaise croissant - très peu de répit, on s'émeut parfois (la jeune femme est touchante), on rit rarement.

Cet entretien est une séance de torture, de prédation, un chat qui joue cruellement avec une souris. Serrer la vis, relâcher, re-serrer, vampiriser, dénuder, vider l'autre de sa substance, de sa confiance, encourager, remettre à terre, etc.

De quoi bien préparer à certains milieux professionnels, cela dit.

« Vous n'êtes obligée à rien. Vous pouvez rester là, immobile, figée dans votre espace et votre temps, engluée dans votre ignorance poisseuse. Je trouverai à vous remplacer, ne vous inquiétez pas pour moi ! le monde regorge de gens qui veulent avancer et qui n'ont pas peur d'affronter ce qu'ils sont ! »



J'étais allée voir la pièce seule, placée au 2e rang dans une petite salle - j'en suis ressortie secouée, essorée, glacée. Je n'ai pas pris le temps de demander à d'autres spectateurs leurs sentiments à la "vue" de ce jeu malsain - je ne sais même plus si j'en ai eu envie.

On fait plus que "voir", d'ailleurs, on est dedans. La jeune femme glisse à un moment, pour éviter une énième épreuve humiliante : « Je vois des gens. (...) Je vous assure. (...) Je sens des respirations »...

Ciel ! elle sait donc qu'on est là et qu'on laisse faire ? Est-ce que d'autres ont eu envie de sauter sur scène pour attraper la sorcière, la retenir, lui crier : "Mais arrête, sal*pe ! Lâche la, c*nnasse ! C'est quoi ton kif, vicelarde sadique ?"



A éviter avant des entretiens d'embauche, des oraux de concours. Ou si l'un(e) de vos proches doit bientôt passer sur le gril.



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C'est grâce à un article élogieux du Canard enchaîné que j'ai découvert cette pièce percutante, inoubliable, et brillamment interprétée par Eléonore Joncquez et Fannie Outeiro. Bisous sur le bec ! 🐥



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>> https://www.youtube.com/watch?v=vR6iJOSC2lo
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Eugénie

Ils voulaient un enfant, ils n'y arrivaient pas. Ou plutôt si, mais l'enfant ne « s'accrochait pas », comme on dit lorsqu'on voit tristement le sang couler alors que le test de grossesse était bon, quelques jours ou quelques semaines plus tôt...

C'est devenu une obsession pour Sarah et Sam, un défi, une course contre la montre, au point de faire l'amour sur le lieu de travail du futur papa au moment de la ponte ovulaire. Au point de s'en remettre aux médecins, et monsieur devra se palucher à la va-vite dans un lieu 'public', une pièce sinistre d'hôpital, devant des DVD et revues, pour recueillir les précieuses gouttes séminales dans un flacon en plastique.

Ça a l'air bon, cette fois, le bébé tient, c'est une petite fille. Comment l'appellera-t-on ? Débat passionné entre papa et maman. Ah oui mais tiens, à l'échographie, à l'amniocentèse, on voit que... peut-être... il se pourrait bien que...



Une pièce surréaliste, grinçante, dérangeante. On y retrouve ses propres inquiétudes ou celles de proches lorsque l'enfant tarde à paraître, et toutes les angoisses qui jalonnent la grossesse.

La voix de la future grand-mère est bien vue, se faisant l'avocat du diable (féministe, entre autres). J'ai reconnu également la froideur médicale.

L'auteur est très doué aussi pour rendre compte du hiatus mère-père lorsqu'il s'avère que l'enfant ne sera peut-être pas aussi parfait qu'on le voudrait, et que la question de l'avortement thérapeutique se pose - d'emblée des différences : la femme, déjà une maman attachée à son tout-petit, l'homme plus pragmatique, plus froid...



Idée de lecture suscitée par la pièce 'Soyez vous-même' (du même auteur), vue sur scène récemment - aussi cruelle, mais cette fois sur les rapports de force entre une recruteuse sadique et une jeune postulante lors d'un entretien d'embauche.



♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=--bvxbOwRuQ

(une histoire un peu différente, mais pas tant que ça, finalement...)
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Soyez vous-même

Après les beaux billets de Zilliz et Apikrus, je vais à mon tour  écrire quelques lignes sur "soyez vous-même" la pièce de théâtre que je n'ai pas vue mais lue sur les conseils avisés de Zilliz. Cette pièce est terriblement oppressante la directrice est machiavélique et on a qu'une envie c'est de la faire taire par n'importe quel moyen et peut-être même surtout par la violence tellement elle est horripilante. On souffre avec la candidate qui est en pleine détresse.

Certes, c'est une pièce et on se refugie derrière ce point pour pouvoir poursuivre notre lecture sans hurler STOPPPPPP !!!!! Mais le plus grand drame dans cette lecture c'est qu'elle montre l'état d'urgence dans lequel certaines personnes se trouvent.  La détresse de certains devant leur fin de droit arrivé est bien réelle et non pas une fiction. Oui j'en rencontre dans mon travail et si, je l'espère, ils n'iraient pas jusqu'à la situation de cette jeune femme, ils sont prêts à beaucoup !

En tout cas moi , je vais réduire mon utilisation de l'eau de javel !.;-)
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Soyez vous-même

Étrange pièce de théâtre qui met en scène deux personnages lors d'un entretien d'embauche. Le jeune femme est bien décidée à obtenir le poste mais la directrice a une façon particulière pour pousser la postulante dans ses retranchements. Vendre de la javel cela ne semble pas pourtant demander des compétences extraordinaires et la jeune femme déstabilisée, tente tant bien que mal de répondre au flot de questions et de demandes de la femme qui la harcèle presque. Au départ on se dit que ce n'est pas bien méchant, mais peu à peu la femme, presque hystérique, oscille entre méchanceté et encouragement. On lit ce texte dans un souffle, surpris par la force des mots. La directrice, aveugle, est une femme odieuse qui ne supporte ni compassion, ni humiliation. J'ai eu pitié d'elle à un moment mais cela n'a pas duré.

Je n'ai pas vu la pièce, juste un extrait en vidéo. Ce qui m'a aidé sans doute à mieux comprendre les personnages pendant ma lecture. La directrice, maigre silhouette noire avec ses grosses lunettes, m' a faite penser à une mouche qui agace sans aucun répit. La demandeuse d'emploi étant une proie facile.

Une pièce très forte qui se termine en apothéose. C'est cynique.

Tout au long de ses 60 pages folie et humiliation se mêlent dans un étrange dialogue, on referme le livre un peu sidéré.



Merci Ziliz de partager ton enthousiasme ce qui m'a permis de découvrir cet auteur.

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Eugénie

Sam, vendeur de photocopieurs, est un spécialiste de la reproduction d'images sur papier. Côté reproduction humaine, cela marche moins fort pour lui et sa conjointe Sarah, puisque leurs tentatives d'enfanter se sont terminées par des fausses couches. L'assistance du corps médical s'avère nécessaire, et semble même efficace. L'annonce d'une possible malformation du bébé en gestation remet cependant en cause le bonheur enfin entrevu…



A travers l'histoire de Sam et de Sarah, l'auteur nous amène à réfléchir sur la place de la femme dans la société. Il interpelle également sur la décision de donner la vie : s'agit-il d'un geste égoïste dicté par le souhait de devenir parent, ou bien d'un acte de transmission du bonheur de vivre ? Quand les futurs parents savent que l'enfant à venir sera handicapé, la question ne se pose plus exactement en ces termes.



L'auteur use de nombreux artifices narratifs qui confèrent à sa pièce un caractère artificiel qui m'a gêné (flashbacks, parole donnée à un embryon…). C'est dommage car certaines idées et scènes sont plutôt bien vues : le parallèle entre les photocopieurs et la reproduction humaine, la séance de prélèvement de sperme...

Je doute que la mise en scène de la pièce permette de lever mes réticences à son sujet. En effet, la découvrir en la lisant permet de s'attarder sur ses réflexions les plus intéressantes et de parcourir les passages les plus lourds, ce que ne permet pas la version jouée.
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Soyez vous-même

Dans un bureau, deux femmes parlent : l'une est belle et postule pour un emploi, l'autre est handicapée et cherche le candidat idéal pour le service communication de son entreprise (commercialisant de la Javel).

Le lecteur assiste donc à un entretien d'embauche.

Rapidement, la recruteuse pose des questions personnelles, sans lien direct avec les compétences professionnelles attendues. La jeune candidate se prête au jeu, formée à cet exercice, et n'ayant guère le choix si elle veut décrocher le job. L'entretien de recrutement devient vite intrusif, semblant virer à la séance d'analyse…



Les dialogues nous font sourire, parfois rire jaune, et réfléchir aux limites entre sphères professionnelle et privée.



Ici, ça dérape, ça décape, ça désape…



Heureusement, dans la vraie vie, le législateur a posé un cadre. Mais les dérives restent possibles, comme en témoigne l'affaire (en cours d'instruction) d'un ancien haut fonctionnaire du Ministère de la Culture 'urinophile' (?) qui glissait des diurétiques dans les boissons proposées aux candidates pour assouvir ses fantasmes. *



Texte très fort, malgré la caricature. Mais les situations extrêmes de cette pièce peuvent correspondre à ce que ressent un candidat pendant un entretien, et après-coup.



Merci Ziliz !



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* https://www.liberation.fr/france/2019/11/07/au-ministere-de-la-culture-les-entretiens-pervers-d-un-haut-fonctionnaire_1762196

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