Jusqu'où peut-on aller pour obtenir un 'vrai' poste, surtout après des mois de galère entre chômage et boulots précaires et/ou un gros investissement (études longues, emprunts, stages non rémunérés, coaching payant) ?
Cette jeune femme "pimpante, pulpeuse et colorée" se présente pour un poste de directrice de communication. Elle VEUT vendre de la Javel, c'est le job annoncé. Elle doit du moins en convaincre son interlocutrice. Elle est bardée de diplômes, s'est préparée à l'entretien, a la pêche - ça devrait aller.
Mais la dame en face s'annonce peu avenante : "costume noir étriqué, corps frêle, lunettes noires et canne blanche".
Il ne faut pas se fier aux apparences, certes, mais dès qu'on voit la recruteuse, y a comme un malaise. Il promet, cet entretien !
Impression vite confirmée. La femme est odieuse, demande beaucoup, pousse la candidate dans ses retranchements, la ridiculise, se radoucit parfois, semble alors sincère, puis repart dans des exigences extravagantes, l'humilie de plus belle.
Ça va trop loin, là, quel est le problème ? Que veut-elle ? Est-elle perverse ? Sadique ? Elle ne sort pas du cadre professionnel en malmenant ainsi la candidate qui devient sa victime ?
Je ne sais pas quelle impression donne le texte brut.
Je l'ai vu joué sur scène en mars 2017 avant de le relire 3 ans 1/2 plus tard, hier.
Malgré ma mémoire souvent défaillante, je gardais parfaitement en tête ce sentiment de malaise croissant - très peu de répit, on s'émeut parfois (la jeune femme est touchante), on rit rarement.
Cet entretien est une séance de torture, de prédation, un chat qui joue cruellement avec une souris. Serrer la vis, relâcher, re-serrer, vampiriser, dénuder, vider l'autre de sa substance, de sa confiance, encourager, remettre à terre, etc.
De quoi bien préparer à certains milieux professionnels, cela dit.
« Vous n'êtes obligée à rien. Vous pouvez rester là, immobile, figée dans votre espace et votre temps, engluée dans votre ignorance poisseuse. Je trouverai à vous remplacer, ne vous inquiétez pas pour moi ! le monde regorge de gens qui veulent avancer et qui n'ont pas peur d'affronter ce qu'ils sont ! »
J'étais allée voir la pièce seule, placée au 2e rang dans une petite salle - j'en suis ressortie secouée, essorée, glacée. Je n'ai pas pris le temps de demander à d'autres spectateurs leurs sentiments à la "vue" de ce jeu malsain - je ne sais même plus si j'en ai eu envie.
On fait plus que "voir", d'ailleurs, on est dedans. La jeune femme glisse à un moment, pour éviter une énième épreuve humiliante : « Je vois des gens. (...) Je vous assure. (...) Je sens des respirations »...
Ciel ! elle sait donc qu'on est là et qu'on laisse faire ? Est-ce que d'autres ont eu envie de sauter sur scène pour attraper la sorcière, la retenir, lui crier : "Mais arrête, sal*pe ! Lâche la, c*nnasse ! C'est quoi ton kif, vicelarde sadique ?"
A éviter avant des entretiens d'embauche, des oraux de concours. Ou si l'un(e) de vos proches doit bientôt passer sur le gril.
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C'est grâce à un article élogieux du Canard enchaîné que j'ai découvert cette pièce percutante, inoubliable, et brillamment interprétée par Eléonore Joncquez et Fannie Outeiro. Bisous sur le bec ! 🐥
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>> https://www.youtube.com/watch?v=vR6iJOSC2lo
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Étrange pièce de théâtre qui met en scène deux personnages lors d'un entretien d'embauche. le jeune femme est bien décidée à obtenir le poste mais la directrice a une façon particulière pour pousser la postulante dans ses retranchements. Vendre de la javel cela ne semble pas pourtant demander des compétences extraordinaires et la jeune femme déstabilisée, tente tant bien que mal de répondre au flot de questions et de demandes de la femme qui la harcèle presque. Au départ on se dit que ce n'est pas bien méchant, mais peu à peu la femme, presque hystérique, oscille entre méchanceté et encouragement. On lit ce texte dans un souffle, surpris par la force des mots. La directrice, aveugle, est une femme odieuse qui ne supporte ni compassion, ni humiliation. J'ai eu pitié d'elle à un moment mais cela n'a pas duré.
Je n'ai pas vu la pièce, juste un extrait en vidéo. Ce qui m'a aidé sans doute à mieux comprendre les personnages pendant ma lecture. La directrice, maigre silhouette noire avec ses grosses lunettes, m' a faite penser à une mouche qui agace sans aucun répit. La demandeuse d'emploi étant une proie facile.
Une pièce très forte qui se termine en apothéose. C'est cynique.
Tout au long de ses 60 pages folie et humiliation se mêlent dans un étrange dialogue, on referme le livre un peu sidéré.
Merci Ziliz de partager ton enthousiasme ce qui m'a permis de découvrir cet auteur.
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Dans un bureau, deux femmes parlent : l'une est belle et postule pour un emploi, l'autre est handicapée et cherche le candidat idéal pour le service communication de son entreprise (commercialisant de la Javel).
Le lecteur assiste donc à un entretien d'embauche.
Rapidement, la recruteuse pose des questions personnelles, sans lien direct avec les compétences professionnelles attendues. La jeune candidate se prête au jeu, formée à cet exercice, et n'ayant guère le choix si elle veut décrocher le job. L'entretien de recrutement devient vite intrusif, semblant virer à la séance d'analyse…
Les dialogues nous font sourire, parfois rire jaune, et réfléchir aux limites entre sphères professionnelle et privée.
Ici, ça dérape, ça décape, ça désape…
Heureusement, dans la vraie vie, le législateur a posé un cadre. Mais les dérives restent possibles, comme en témoigne l'affaire (en cours d'instruction) d'un ancien haut fonctionnaire du Ministère de la Culture 'urinophile' (?) qui glissait des diurétiques dans les boissons proposées aux candidates pour assouvir ses fantasmes. *
Texte très fort, malgré la caricature. Mais les situations extrêmes de cette pièce peuvent correspondre à ce que ressent un candidat pendant un entretien, et après-coup.
Merci Ziliz !
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* https://www.liberation.fr/france/2019/11/07/au-ministere-de-la-culture-les-entretiens-pervers-d-un-haut-fonctionnaire_1762196
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Pour travailler dans la communication, on se doit de donner une belle image de l'entreprise. Imaginez que je travaille dans la communication avec des dents de cheval, une truffe de teckel et des seins en forme de figue ! Est-ce qu'on peut me prendre au sérieux ? La direction de la communication, cela suppose des sacrifices [chirurgie esthétique]... Au service informatique, je ne dis pas ; ils peuvent être moches, ils n'incommodent que leurs écrans d'ordinateur. Mais, à la communication, je me dois de représenter l'entreprise, des centaines d'emplois qui attendent de moi que je sois performante, gracieuse, attirante, rayonnante...
- On commence l'entretien ?
- Je suis prête !
- Vous le voulez, ce poste ?
- OUI ! JE LE VEUX !
- Montrez-moi les crocs. Je ne veux pas de la pisse de navet dans mon moteur, je veux du super !
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• bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=vR6iJOSC2lo
Côme de Bellescize présente sa pièce 'Eugénie'.