“Au tournant des XV et XVI siècles déjà, la question du temps de travail ne se situe pas exclusivement dans l’empyrée des idées. Les propriétaires de vignes d’Auxerre, dans un mémoire bien connu des médiévistes, accusent en 1493 leurs employés “d’apeticer l’heure” en repartant chez eux à “l’heure de none”, soit vers trois heures de l’après-midi, et non pas à “vêpres basses”, autrement dit aux environs de huit heures du soir. Les travailleurs rétorquent, par la plume d’un avocat et devant le Parlement de Paris, que “combien ilz soient povres gens toutes voies homines sunt et ne doit pas l’en exiger d’eulx telle paine ou tel travail comme l’on feroit d’un boeuf ou d’un cheval.”
La protestation révèle comment, à la fin du Moyen-Âge, les autorités sont sollicitées pour régler le conflit entre ceux qui vendent et ceux qui achètent du labeur, et plus largement, pour imposer des normes temporelles au travail.”