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4.17/5 (sur 3 notes)

Biographie :

Philosophe, chercheuse au CNRS, travaille dans l’équipe Genre, Travail, Mobilités au Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris.
Elle a notamment publié Féminismes en traduction. Théories voyageuses et traductions culturelles (Éditions des archives contemporaines, 2013) et, avec Marion Tillous, Avec, sans ou contre. Critiques queer/féministes de l’État.
Elle a également dirigé, avec Jennifer Ramme et Judit Takacs, l’ouvrage Paradoxical Right-Wing Sexual Politics in Europe (Palgrave Macmillan, 2021). Elle publie en 2022 Libérations sexuelles. Une histoire des pensées féministes et queers sur la sexualité aux Éditions La Découverte.

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Diane Sainsbury (1996) en conclut que la réorganisation politique néolibérale discrimine les femmes dans tous les régimes providentiels, parce qu’elle limite massivement leur liberté d’action et de décision – en particulier si elles sont mariées et/ou mères. Elles sont « renvoyées » à la dépendance inhérente à leurs conditions de travail précaires, ce qui accroît leur vulnérabilité. De nouvelles formes de contrôle dans la pensée sociopolitique et de nouveaux modes de désindividualisation des personnes familialisées se traduisent par une limitation de la citoyenneté sociale et le recul de l’autodétermination : mais au regard de la notion de violence discutée ici, ce disempowerment est une forme de recours à la violence.
p. 210 « La violence de genre dans l’État de droit et son institutionnalisation dans l’État-providence » de Birgit Sauer (traduction collective)
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En dehors de ces îlots, l’échelle locale est la plus difficile à affronter, surtout pour les queers mais aussi pour beaucoup de femmes. Car c’est précisément l’impersonnalité d’une loi ou d’une circulaire législative qui permet de changer les normes traditionnelles. Les structures hétéropatriarcales ressemblent en quelque sorte aux forces de l’ordre : elles se présentent à vous en bloc comme l’expression du rapport de force de l’État. Or si vous les confrontez en tant que telles, si vous essayez d’exprimer votre désaccord avec les politiques de cet État ou déjà avec ce rapport de force tout court et que – imaginons-le pour un moment – vous saisissez une pierre pour la lancer contre l’État qui se présente à vous sous cet(te) (uni)forme, une magie s’opère : le rapport de force impersonnel sur lequel vous avez jeté votre pierre se transforme miraculeusement et sous vos yeux en humain vulnérable. Soudainement, le policier que vous avez blessé ne représente plus que lui-même, alors qu’il y a une seconde encore il représentait l’État. De la même manière, le rapport hétéropatriarcal connaît des formes d’expression qui sont médiées par les individu⋅es et se jouent par conséquent aussi – entres autres – au niveau interpersonnel : ainsi au moment où vous pensez frapper le patriarcat en vous en prenant à votre amoureux qui refuse le partage des tâches domestiques, qui vous force dans une dépendance ou à consentir à des situations que vous rejetez, il se transforme en un individu qui se sert de ce pouvoir (qui est plus grand que lui), car il n’a peut-être pas beaucoup d’autres ressources. D’ailleurs il a sans doute eu une enfance difficile et il est peut-être discriminé dans d’autres rapports sociaux dans lesquels vous êtes privilégiée. C’est sur cet écart entre rapport de domination structurel et incarnation dans des individu⋅es que les masculinistes jouent lorsqu’ils coupent la moindre dénonciation féministe par le fameux « tous les hommes ne sont pas comme ça ». Il est vrai que tous les hommes ne sont pas pareils, néanmoins des inégalités et injustices structurelles existent, ce que les masculinistes cherchent à occulter lorsqu’ils brandissent cet argument.
p. 79 « Les critiques queers/féministes de l’État » de Cordelia Möser et Marion Tillous
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Comment expliquer la soumissions volontaire de la plus grande partie de la société à un régime qui l’exploite ? La même question se pose pour l’ordre capitaliste, hétérosexiste et raciste. Et l’une des réponses à cette question, c’est le nationalisme. L’idéologie de la nation permet de construire cette glue, cette cohésion qui laisse toustes les citoyen⋅nes d’un pays accéder un peu au sentiment de supériorité de par l’appartenance à la nation, supériorité à l’égard des personnes non citoyen⋅nes au sein du pays, et supériorité culturelle dans la compétition des nations les unes contre les autres. L’idéologie nationaliste a en commun avec l’ordre hétéropatriarcal de la famille bourgeoise qu’ils se donnent tous les deux un air ancien et traditionnel bien qu’il s’agisse en réalité d’idéologies modernes et donc plutôt récentes (Anderson, 1983). La place de la femme dans l’idéologie nationaliste est complexe car en même temps que « la » femme est vénérée comme ressource procréatrice des nouveaux⋅elles citoyen⋅nes et passeuse de la culture nationale, « les » femmes représentent, du fait même de ces « qualités », la vulnérabilité d’une nation. C’est ainsi qu’elles deviennent la première cible des violences de guerre.
p. 47 « Les critiques queers/féministes de l’État » de Cordelia Möser et Marion Tillous
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Les femmes qui critiquent les hommes racialisés sont donc plus facilement entendues quand elles « dénoncent » l’obscurantisme du sous-développement, de l’islam, ou de l’Afrique, dans une vision plus mainstream. On peut dire que ce constant vaut en particulier pour la situation française exaspérée et peu propice à entendre la parole des réfugié⋅es, des « racialisé⋅es », des subalternisé⋅es, sauf dans un contexte de soutien aux idées déjà prévalentes, de sorte que le genre peut apparaître comme un opérateur politique utilisé selon les besoins. Le discours public dans ce pays fonctionne beaucoup par opposition de points de vue, par des conflits idéologiques sans véritable négociation d’idées, qui ne sont donc pas résolus, au contraire de ce qui se passe par exemple en Allemagne (au moins pour les négociations syndicales, qu’elle qu’en soit l’issue) et, plus encore, en Suède. C’est, en France, l’héritage révolutionnaire que de camper sur ses positions sans compromis. On manifeste dans la rue avant même de négocier. Dans ces circonstances, les raisons des autres ne sont pas facilement entendues, ce que [Houria Bouteldja] remarque à propos d’un problème indéniable de la société française, l’islamophobie.
p. 135 « Les femmes, les migrant⋅es et l’Europe » de Rada Iveković
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L’extension du contrat de mariage aux couples de même sexe a été violemment dénoncée non seulement par l’extrême droite et les fondamentalistes religieux⋅ses, mais aussi sur la base de valeurs politiques opposées, au sein de la pensée queer, comme en témoignent par exemple les textes du collectif explicitement intitulé Against Equality (Conrad et al., 2014). D’abord pour avoir laissé de côté les personnes qui ne se conforment pas au modèle de l’amour conjugal et de la famille hétéro-patriarcale : les familles aux parents et enfants multiples, les hors-familles, les personnes souhaitant s’unir à plusieurs autres, et celles qui ne veulent pas d’une obligation à procréer ou à habiter sous le même toit avec leurs amours ou partenaires sexuels. Mais également contre le principe du mariage en tant que condition d’accès à un certain nombre de droits : droit d’héritage, droit à un titre de séjour, droit à la protection sociale, droit d’intervenir dans les décisions relatives à la santé ou au décès d’un proche, droits concernant la garde d’un enfant, etc.
p. 29 « Les critiques queers/féministes de l’État » de Cordelia Möser et Marion Tillous
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Et c’est bien à partir du moment où le débat sur le harcèlement sexuel se vide de tout contenu politique et se focalise sur les questions de déviance sociale et de sécurité publique que l’État égyptien se rallie officiellement à la cause : en 2010, la ministre de la Famille participe à une marche « pour un Caire sans violence et sans harcèlement » sur le campus de l’université du Caire, et le National Council for Women fait rapidement ses premières déclarations publiques en ce sens. Organisée autour de la figure du « voyou », la lutte contre le harcèlement sexuel semble offrir au régime de Moubarak un alibi de taille pour poursuivre les arrestations massives, les intimidations et l’éviction des classes populaires du centre-ville du Caire. L’adhésion progressive de l’État égyptien à la lutte contre le harcèlement sexuel doit ainsi se penser, non pas en termes de victoire féministe, mais bien d’opportunisme sécuritaire.
pp. 167-168 « Les politiques du genre de l’État égyptien » de Perrine Lachenal
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D’autre part, la nature sexuelle de pratiques d’État coercitives et violentes rend ces dernières bien plus dures à remettre en cause. Comment des forces sexuelles progressistes peuvent-elles affronter les pratiques coercitives d’un⋅e soldat⋅e, d’un⋅e gardien⋅ne de prison ou d’un⋅e enseignant⋅e quand ces pratiques sont également érotisées ? Cela donne à la violence et à la coercition une intensité d’autant plus importante que cette érotisation est déplacée. En reconnaissant et en exploitant la nature sexuelle de la coercition, l’État non seulement améliore la qualité de ses actes violents, mais les protège également de toute remise en cause.
p. 119 « Des identités multiples : la sexualité et l’État en lutte » de Davina Cooper, traduit par Marion Tillous
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Plus généralement, le compromis de l’État social a escamoté du débat public tous les intérêts des femmes, qu’elles soient salariées de l’industrie, employées de maison ou travailleuses à domicile non rémunérées. Les politiques sociales à caractère explicitement genré – telles que les lois visant à protéger les femmes – ont non seulement fait l’objet de débats virulents lors de leur adoption, mais ont également pu servir d’instruments d’exclusion et de marginalisation des femmes, parce que la « maternité » y était traitée comme un « risque » – au même titre que l’incapacité du travail – et non comme une activité nécessaire à la société.
p. 203 « La violence de genre dans l’État de droit et son institutionnalisation dans l’État-providence » de Birgit Sauer (traduction collective)
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Comme le décrit Femi Otitoju (1988) à propos du débat « Faut-il ? Ne faut-il pas ? », beaucoup de groupes londoniens lesbiens et gays du début des années 1980 étaient dérangés par ce qu’impliquait de recevoir des financements de la collectivité locale. Leur préoccupation reflétait la tension entre l’envie d’utiliser ou de bénéficier du pouvoir d’État et la peur de se trouver piégés dans le dédale de la pratique d’État. De plus en plus, le fait d’entrer sur le terrain de l’État a été assimilé par les groupes progressistes comme nécessairement coûteux en termes de cooptation, de déradicalisation, de bureaucratisation et de détournement politique.
p. 102 « Des identités multiples : la sexualité et l’État en lutte » de Davina Cooper, traduit par Marion Tillous
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D’autres textes qui nous sont chers n’ont pas pu être inclus dans ce volume faute de moyens pour la plupart (trois demandes de subventions ont été refusées avec des arguments parfois décourageants), mais aussi pour des raisons de harcèlement sexiste au travail (dans un laboratoire de recherche en France) : pour cette raison, un autre texte n’a jamais pu être écrit. Comme ces absences nous peinent, nous avons choisi de partager ces expériences qui sont habituellement tues dans notre profession.
p. 18 « Introduction »
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