Le commissaire Furnon monta dans son véhicule de service, enclencha son gyrophare et prit la voie réservée aux bus à plus de 110 km/h. Heureusement, à cette heure matinale, la circulation était quasiment inexistante.
La bombe explosa au moment où il présentait son insigne à l'agent qui bloquait l'accès, côté quai du Rhône. Il sortit son portable et appela Etchevarry qui décrocha à la première sonnerie.
- Pascal, tu es sur place ?
- Je suis arrivé il y a trois minutes ; je suis avec Béraud. A priori, c 'était une petite charge et il n'y a que des dégâts matériels. On a pu faire évacuer le parking à temps.
- Bonne nouvelle ! On a des indices ?
- Non. L'appel était masqué et la voix trafiquée. Par contre on est sûr d'une chose : il voulait qu'elle saute. Il a appelé trop tard pour que l'on puisse intervenir. Béraud penche pour un avertissement.
Patrick Furnon décrocha donc, à la fois anxieux de découvrir ce que son second allait lui apprendre mais également excité à l'idée de replonger au coeur de l'action.
- Bonjour Pascal. Je te manquais tant que tu n'as pas pu attendre lundi ? s'amusa t'il.
- Bonjour Patrick. Ecoute, je suis vraiment désolé. Je sais que vous êtes rentrés hier et que vous devez être crevés mais je ne voulais pas que tu apprennes la nouvelle aux infos s'il venait à y avoir des fuites. Mais, avant tout, comment s'est passé votre voyage ?
- Quelle nouvelle ? reprit le commissaire en occultant totalement la question d'Etchevarry.
Il déboula quelques instants plus tard dans l’open-space pour faire un point avec son équipe… Il n’eut pas besoin de sonner le rappel: toute son équipe l’avait vu arriver et chacun s’était levé pour venir former un demi-cercle autour de lui. Il constata sur leurs visages une expression de lassitude mêlée d’espoir. L’espoir qu’il les guide vers une piste ; l’espoir qu’il leur donne une raison d’espérer un dénouement heureux à cette situation à laquelle aucun n’avait jamais été confronté.
…Patrick Furnon hurla un « NON » tonitruant et fracassa la cloison séparant le couloir de la cuisine à coups de pieds. Puis il s’écroula et sanglota, la tête entre les mains. La rage et la tristesse se mélangeaient dans sa tête.
La presse à scandale allait s’emparer de l’affaire, véhiculer de fausses informations, découvrir des témoins improbables, interviewer des proches qui risquaient de fustiger la police pour son manque d’efficacité…
…il a certainement vécu une enfance et une adolescence difficiles qui font que les notions de bien et de mal ne sont pas correctement ancrées chez lui – belle périphrase pour dire que c’est un taré de première…
Nous voilà avec un tueur en série sur les bras. Les medias vont se déchaîner… Maintenant, il va falloir vous ressaisir car la presse ne va pas tarder à fouiner…
Parfois, il vaut mieux laisser certaines choses enterrées car on ne sait jamais quel monstre peut surgir quand elles refont surface
L’école Camille Claudel se trouvait au cœur du quartier de Montchat, un secteur plutôt réputé pour son calme et sa qualité de vie.
A leur arrivée, les abords de la préfecture étaient encombrés par une horde de journalistes de la presse écrite, radio et télé.