Les rues de Rome sont incroyablement désertes, comme le deviennent celles de Paris et de New York. Elles rappellent les photos de Gabriele Basilico, qui a
saisi toutes les métropoles du monde dépeuplées, vidées. Pourquoi l’a- t-il fait ? Et pourquoi ses images nous semblent-elles aussi poétiques et vivantes ? Il n’y a
rien de tel que les villes pour montrer l’oeuvre des êtres humains : symétries, espaces, hauteurs, pleins et vides. Mais on ne peut pleinement comprendre
la beauté de ce que nous avons construit que si on le vide de nous. Ces villes deviennent alors des traces de notre vie, de notre travail. Et, tout à coup, on en
prend conscience, on en sent la merveille.
(Le Monde supplément livres du 20 mars 2020)