Cyril Lemieux et
Gaëlle Pontarotti présentent "L'identité : dictionnaire encyclopédique" aux éditions Gallimard dans la collection Folio Essais.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2463211/l-identite-dictionnaire-encyclopedique
Note de musique : YouTube Audio Library
Visitez le site : http://www.mollat.com/
Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux :
Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts
Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat
Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/
Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1
Vimeo : https://vimeo.com/mollat
Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/
Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/
Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat
Blogs : http://blogs.mollat.com/
+ Lire la suite
La rationalisation [de l'activité politique par les sondages] entraîne mécaniquement que les autres types d'agir repérés par Weber, sans disparaître complètement, prennent une place mois centrale : le comportement traditionnel (la routine), le comportement affectuel (les réactions spontanées à des "excitations") et même l'action rationnelle par rapport à une valeur (agir "sans tenir compte des conséquences prévisibles de ses actes", au service absolu d'une conviction) sont de plus en plus jugées [....] comme des fautes de débutants [...]
Si les sciences sociales méritent l'effort qu'on leur consacre, c'est qu'elles augmentent notre capacité collective à porter, sur notre société et ses institutions, un regard qui les dénaturalise. Le mouvement par lequel elles explorent inlassablement, à l'aide de méthodes et de savoir-faire élaborés, la variété infinie des pratiques humaines n'est pas indépendant, en réalité, de celui par lequel elles parviennent à défaire l'évidence de nos comportements et à montrer qu'une forme de nécessité, mais également d'arbitraire, pèse sur l'organisation de nos collectifs. C'est là l'effet émancipateur des sciences sociales, un effet dont ces sciences ne sauraient se départir, même si elles le voulaient: étudiant la vie humaine dans toute la diversité de ses manifestations, elles s'emploient à faire apparaître que les fondements de cette vie, certes déterminés biologiquement, le sont peut-être surtout sociohistoriquement.
Ainsi, celui qui a été élevé dans un milieu marqué à gauche (par exemple), et vie et travaille dans un milieu marqué à gauche, est doublement limité dans sa capacité à choisir la lessive "Philippe de Villiers" (par exemple) plutôt qu'une lessive estampillée à gauche.
Lire un certain journal fait-il voter pour un certain candidat? [...] ... l'analyse du sondage "exclusif" nous apprend notamment que les médias dont les consommateurs sont les plus nombreux à voter pour Nicolas Sarkozy sont Le Figaro, Le Point, TF1 (et sa filiale LCI) et Europe 1, ceux dont les consommateurs sont les plus enclins à voter pour Ségolène Royal, étant Libération, Marianne, France 2 et France Inter. Que ces données ne soient pas (c'est le moins qu'on puisse dire) absolument contre-intuitives ne signifie pas qu'elles sont sans valeur [...] Ceux qui ne votent pas [...] mais encore ceux qui ne s'informent pas [...] ont été ici systématiquement évincés.
Ce que suggère la sociologie (et c'est pourquoi on aie à l'oublier ou à vouloir qu'elle n'existe pas), c'est en somme que le principe de nos votes individuels est toujours plus collectif que nous ne sommes spontanément portés à le croire.
[...] le premier effet politique des médias, c'est de nous synchroniser, c'est-à-dire de susciter au même moment entre une masse d'individus qui ne se connaissent pas et ne se rencontreront jamais, un intérêt commun pour quelque chose et, ajoute Tarde, la certitude pour chacun que cet intérêt est partagé par d'autres. Une idée que reprirent dans les années 1970 les sociologues américains Mc Combs et Shaw quand ils affirmèrent que "les médias ne nous disent pas ce qu'il faut penser mais ce à quoi il faut penser".
Dimanche soir, victoire annoncée...
... des sondages. Non pas nécessairement parce qu'on découvrira au soit de cette journée électorale que leurs prédictions étaient justes ! Mais plutôt parce que tout ce qui s'est passé au cours de cette campagne présidentielle depuis des semaines et des mois, s'est organisé autour d'eux.
Cette tendance à extrapoler sur la société dans son ensemble depuis l'emplacement social où l'on se trouve, est sans doute la chose du monde la mieux partagée : c'est aussi pour cela qu'elle est le principale obstacle contre lequel la sociologie, depuis au moins Le suicide de Durkheim, a eu à se constituer.
Au fond, l'élection de 1913 suggère que si les médias modernes n'avaient pas d'intérêt commercial à nous parler des élections (mais seulement, pour le faire, une motivation civique), ils n'en parleraient pas ou du moins, pas autant.
Le problème des sondages, c'est qu'ils posent aux gens des questions que les gens ne se posaient pas forcément jusque là, mais auxquelles ils répondent tout de même [...]