Cyrille Audebert

C'est alors que Martha prit connaissance du contenu de l'ordonnance qui lui avait été remise. Et dire que ce document témoignait du peu d'espoir de l'Institut quant aux chances de guérison de Vincent, n'aurait pas été un gros mensonge. En effet, concernant les soins à apporter à son frère, venait en tête : l'acquisition d'un fort stock de cierges de différents diamètres et calibres à ne brûler qu'après la tenue de quelques messes en la basilique voisine. Arrivait ensuite et dans un ordre mal défini l'achat de diverses amulettes : fers à cheval, pattes de lapin, grisgris africains et autres talismans destinés à entourer le malade et couvrir les murs de sa chambre. Pour parfaire ce chef-d'œuvre d'incohérence médicale, il lui était conseillé en dernier recours l'apposition des mains sur une bosse de distordu deux fois par semaine, en alternance avec la palpation d'un pompomn de béret vissé à la tête d'un mousse.