Damien Glez

[ Ali Baba, devant la caverne ]
- Sésame ouvre-toi !
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𝗟𝗲 𝗽𝗮𝗿𝗮𝗽𝗹𝘂𝗶𝗲
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Un joli parapluie
Surpris, je l’ai surpris
Un soir de trop de rêve
Enlisé sur la grève
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Un mignon parapluie
Charmé, je l’ai suivi
Un soir de trop de bruine
De rideau de pluie fine
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On peut y abriter
Plus que deux existences
Par gros vents s’envoler
Au gré de nos errances
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Par beau temps s’inventer
Un parasol à soi
Une canne improvisée
Suspendue à son bras
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S’engloutir comme Jonas
Au creux de ses baleines
Et danser dans la nasse
Le trottoir comme une scène
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Savourer le spectacle
Des éclats sur la Seine
Devenue cette flaque
Où se jettent les peines
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Cabotin je poursuis
Ce joli parapluie
Que le bitume reflète
Miroir aux alouettes
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En haut d’un escalier
Avant que je pavoise
La silhouette engouffrée
N’est plus qu’ombre chinoise
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Sous mon pauvre minois
Le chagrin me chagrine
Et si je ne pleure pas
C’est que je dégouline

- La femme sans visage -
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Le pire n’est pas le jet d’acide
Sulfurique sur la joue saisie
Par le bras zélé d’un séide
D’une séculaire misogynie
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Le pire n’est pas la peau qui fond
L’odeur d’épiderme brûlé
Le visage devenu graillon
Les rides soudainement regrettées
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Le pire n’est pas la clavicule
Dissoute sous le jet vitriol
La prise de conscience incrédule
Que finissent chants et farandoles
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Que le visage défiguré
N’autorisera plus jamais
L’insouciance et la légèreté
De suaves printemps bangladais
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Finis les traits de mascara
Le jour de Pohela Boushakh
Jamais Nusrat Imrose Tisha
Quand la frimousse est mise à sac
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Le pire ce n’est pas le miroir
Ce ne sont pas les cicatrices
Ce n’est pas l’avenir mouroir
L’indifférence de la police
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Le pire est la morgue de l’homme
Pour qui le geste fut mineur
Geôlier de ce Pandémonium
Qui croit qu’il fit un crime « d’honneur »

-- On commence par un petit baiser et on finit par croquer la pomme.

-- C'est mieux. Moi, j'ai fait l'inverse...

-- ... Et ça m'a filé une de ces migraines...

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𝗟𝗮 𝗱𝗮𝗺𝗲 à 𝗹𝗮 𝗹𝗮𝗺𝗲
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Awa n’a pas compris
Les mots du tribunal
De Matam, Sénégal
De cachot sans sursis
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Awa entend à peine
Six mois de cabanon
Aux ordres des matons
La purge de sa peine
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Awa ne comprend plus
Ce que les sages disaient
Les cultes talibés
Les sourates jamais lues
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Awa croyait pourtant
À la noblesse des âmes
Purifiées par sa lame
Mais ça, c’était avant
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Awa d’Ourossogui
Avant comme sa mère
Tranchait la tendre chair
Sans moindre anesthésie
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Elle apprend, incrédule
Que riment avec prison
Ancestrales traditions
De meurtris vestibules
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Awa ne compte plus
Depuis le couperet
À la maison d’arrêt
Les crépuscules échus
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Elle ne saurait que dire
À la fille de seize mois
Qu’une grand-mère amena
La priver de plaisir

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En 1999, le Sénégal interdit l’excision. 20 ans plus tard, les mutilations génitales touchent toujours près de 200 millions de femmes dans le monde.

[ une femme ]
- La presse écrite est indispensable en Afrique... Vous avez déjà emballé du poisson avec un site Web ?

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dessin de Glez, Burkina Faso