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Critiques de Dan G. Chichester (6)
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Daredevil - Epic Collection : Last Rites

Cet Epic collection de Daredevil contient des épisodes publiés entre 1990 et 1992, de la série principale et d’un Annual. Une période Marvel dont j’ignore tout, donc une vraie découverte.



J’ai eu un peu de mal au début. Le premier épisode est extrêmement politique. A l’époque George W. Bush est Président et les auteurs prennent le parti de l’opposition. L’on voit Daredevil et Captain America deviser sur ce qu’est devenu l’Amérique, impérialiste, absolument plus terre d’accueil. Captain, avec son recul, est dégoûté et se demande ce que représentent les couleurs qu’il porte.



Les quelques épisodes qui suivent manquent de contexte. Le héros à cornes est une épave. Apparemment il a eu maille à partir avec le vrai Diable. Il abandonne son costume qui est récupéré par un de ses pires ennemis. Ce dernier va tout faire pour détruire l’image du héros auprès du public en volant et violentant. J’ai eu du mal à apprécier. De plus on laisse complètement de côté le pendant Matt Murdock car le gars est amnésique ; c’est bien dommage.



Puis vient l’annual qui n’a pas un gros intérêt non plus. Un bout d’histoire qui se poursuit dans d’autres séries et dont on ne verra pas le bout. Un passage sur Ben Urich, le journaliste qui a deviné qui est Daredevil mais préfère garder le secret.



Le bon gros morceau vient après. On retombe dans l’esprit développé par Frank Miller. C’est grosso modo les grandeurs et décadences du Caïd (Kingpin) en temps que maître de la pègre de New York. Ce dernier souhaite se payer une image publique positive, et achète une station de télé pour ce faire. Evidemment, il continue à appliquer ses méthodes : extorsions, chantages, menaces.

Malheureusement pour lui, il entre en conflit avec Hydra. Et là ça se corse. Daredevil profite de la situation pour abaisser encore plus le gros Caïd. La scène de la poursuite du criminel apeuré (si, si ! je ne l’avais jamais vu comme ça) par le héros rouge est fantastique. Tout cet arc l’est et rattrape le reste.

Les dessinateurs successifs ont gardé l’esprit « sombre » de Miller. Le rendu est très appréciable.



En résumé, j’ai surtout apprécié la deuxième partie. Mais ce volume mérite d’être lu rien que pour ça.

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Captain America : Blood and Glory

Le scénariste peine à trouver un second souffle.

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Ce tome fait suite à Captain America Epic Collection: The Superia Stratagem (épisodes 387 à 397, et Adventures of Captain America 1 à 4) qu'il vaut mieux avoir lu avant. Celui-ci regroupe les épisodes 398 à 410, et la minisérie Punisher / Captain America - Blood & Glory, initialement parus en 1992. Les épisodes de la série mensuels ont été écrits par Mark Gruenwald, dessinés par Rick Levins, et encrés par Danny Bulanadi (sauf l'épisode 405 encré par Steve Alexandrov). Dans chaque épisode (à l'exception des 401, 409 et 410), se trouve une histoire courte en fin, dessinée par Larry Alexander et encrée par Dan Panosian (398 & 399), Kathryn Bolinger (400), Ariane Lenshoek (402, 403, 405 à 407), Ray Kryssing (404), Don Hudson (408). Blood & Glory a été écrit par Dan Chichester & Margaret Clark, dessiné et encré par Klaus Janson, mis en couleurs par John Wellington (1), Sam Otis (2) et Judy Johnson & Sherilyn van Valkenburgh (3).



Captain America 398 à 410. Captain America et Rick Jones se retrouvent entrainés dans la guerre entre les Krees et les Sh'iar, dans une opération militaire appelée Tempête Galactique. Pendant ce temps-là, Red Skull a recomposé une équipe de supercriminels autour de lui, dont Mother Night (Susan Scarbo). Crossbones (Brock Rumlow) a capturé Diamondback (Rachel Leighton) et a entrepris de la former de manière tyrannique. Après être revenu de l'espace, Steve Rogers réfléchit à ce qu'il souhaite faire. Il remercie chaleureusement USAgent (John Walker) et Falcon (Sam Wilson) d'avoir retrouvé, délivré et ramené Demolition-Man (Dennis Dunphy) au quartier général des Avengers. Puis, il prend conscience que John Jameson est porté disparu. Il décide d'aller demander l'aide d'un autre Avenger de réserve.



Captain America se rend d'abord dans le bureau de J. Jonah Jameson pour savoir s'il a des nouvelles de son fils. La réponse étant négative, il se rend ensuite chez Anthony Druid qui n'éprouve pas de difficulté à localiser la ville dans laquelle se trouve John Jameson : Starkesboro, dans la Massachussetts. Druid se propose pour accompagner Captain America. Arrivés sur place à bord d'une aéro-moto, Druid lui indique de se poser dans une clairière. Une fois à terre, ils sont attaqués par un loup garou. Non loin de là, Wolverine est à la recherche d'un autre loup garou. Après cette longue aventure, Captain America se rend dans les Rocheuses avec Falcon et Zach Moonhunter pour localiser le chalet de Red Skull et délivrer Rachel Leighton.



En 1992, cela fait maintenant 7 ans que Mark Gruenwald écrit les aventures du vengeur étoilé, et il a également continué à prendre de l'importance au sein de l'entreprise Marvel Comics, étant responsable de la continuité du fait de sa mémoire incroyable. Cela ne l'empêche pas de devoir subir les événements à l'échelle de la gamme comme les autres. C'est ainsi qu'en tant que vengeur, Captain America se retrouve embringué dans l'opération Tempête Galactique, une histoire fédérée dans la série Avengers, et compilée dans Avengers Epic Collection: Operation Galactic Storm, conçue par Bob Harras avec Gruenwald et Fabian Nicieza. Une opération qui s'étale sur 19 épisodes (+ 3 épilogues) répartis sur 7 séries différentes. Le lecteur qui ne suit que la présente série prend son mal en patience, tout en voyant émerger une forme d'antagonisme larvé entre Steve Rogers et Tony Stark, du fait de convictions morales un peu différentes, en particulier sur le degré d'agressivité en temps de guerre. Rick Levins réalise des dessins fonctionnels, fort heureusement peu influencés par les tendances graphiques de l'époque, mais dans un registre encore un peu platement descriptif, avec de temps à autre une proportion qui détonne. Il bénéficie d'un encreur soigneux qui renforce le relief des formes, et accentue les textures à bon escient. Pendant ce temps-là, le lecteur découvre ce qu'il est advenu de Dennis Dunphy qui était mystérieusement porté disparu. Il peut prendre plus de plaisir à voir ce qu'il arrive à Rachel Leighton, découvrir comment elle est liée à Brock Rumlow. Les dessins de Larry Alexander sont plus appliqués et plus laborieux, moins agréables que ceux de Levins, avec un encrage qui ne rattrape pas son manque de naturel et de consistance, mais la narration visuelle reste compréhensible et lisible.



Une fois sortie de cette opération dans l'espace, Captain America se souvient qu'il a perdu la trace d'un premier membre de son équipe : John Jameson, fils de J. Jonah Jameson, et affligé d'une malédiction qui le fait se transformer en loup garou. En découvrant ce fil rouge, enquêter sur une épidémie de loups garous dans une petite ville du Massachussetts, le lecteur se dit qu'il va découvrir une aventure typée début du vingtième siècle, comme le scénariste avait déjà pu faire avec The Bloodstone Hunt dans les épisodes 358 à 363. Ce récit est resté dans la mémoire parce que le scénariste va jusqu'à transformer Captain America en loup garou, et à le faire s'exprimer par des grondements, ne parvenant plus à articuler des mots. En fonction de sa sensibilité, l'enthousiasme du lecteur est plus ou moins élevé. Mark Gruenwald est un scénariste au style assez pesant, que ce soit pour les dialogues, les cartouches de texte ou la structure de de ses récits. Mais il éprouve un réel amour pour les personnages, et ce qu'ils représentent. Du coup, il se montre convaincant quand il met en scène les convictions de Steve Rogers, en tant qu'incarnation de l'esprit de l'Amérique. En revanche, ses grandes aventures ont tendance à vite devenir poussives. Il est vrai qu'il n'est pas aidé par l'obligation de consacrer quelques pages à l'événement Infinity War (par Jim Starlin & Ron Lim) qu'il parvient à circonscrire autour du personnage de Dennis Dynphy.



Le scénariste développe son récit de manière linéaire et appliquée : les superhéros découvrent l'étendue des dégâts pendant que les criminels continuent leurs manigances. Les premiers se font capturer et utiliser par les seconds, puis ils reprennent le dessus. En connaisseur expert de la continuité, le scénariste intègre plusieurs loups garous remarquables de l'univers partagé Marvel : John Jameson bien sûr, et Rahne Sinclair (Wolfsbane), sans oublier Jack Russel qui passe en coup de vent. Il fait participer d'autres superhéros, à commencer par Wolverine, mais aussi de manière plus anecdotique Cable (Nathan Summers), sans oublier Docteur Druid. Il ramène également quelques vieux personnages très secondaires, et en introduit un nouveau. Le dessinateur continue de réaliser des planches faciles à lire, mais sans grand attrait, mettant en œuvre les conventions graphiques propres aux superhéros, sans beaucoup de personnalité ou de parti pris un peu différent. Les personnages ne sont pas séduisants, ni particulièrement puissants. L'encreur est toujours aussi impliqué, donnant de la consistance, de la texture et du relief aux dessins. Cela ne suffit pas pour rendre cette version lupine de Captain America, ni effrayante, ni même ridicule. Les endroits sont détaillés en ouverture de chaque séquence : la petite ville, les bois alentours, l'étrange pièce aménagée pour le sacrifice, la geôle aux dimensions improbables. De temps à autre, le lecteur observe qu'un détail dépasse le niveau de suspension d'incrédulité consentie : une mise en couleurs qui noie un détail essentiel, Docteur Druid se vidant de son sang après avoir été égorgé, mais qui finalement se soigne tout seul sans plus de difficulté que ça. À la fin de ces 7 épisodes, le lecteur est content que ça se termine, et la narration a transformé une idée qui avait un petit potentiel de divertissement, en récit appliqué et poussif.



Tout comme pour les premiers épisodes, le lecteur a reporté son intérêt sur les histoires courtes en fin d'épisode, consacrées à Rachel Leighton et Brock Rumlow. Les dessins restent un peu insipides, mais les éléments représentés sont moins grotesques que dans la partie principale consacrée à Captain America, ce qui compense un peu, sauf pour la longueur des talons hauts de Diamondback qui rendent tout effort physique de type course, impossible. Le lecteur retrouve le manque de souffle et de rythme de la narration de Mark Gruenwald, mais il sent que l'idée derrière est plus consistante que celle du loup garou. Il s'installe une relation particulièrement toxique entre Rachel et Brock, qu'un autre auteur serait parvenu à rendre étouffante. Ces récits courts aboutissent aux deux derniers épisodes au cours desquels Rachel reprend l'initiative et parvient à marquer des points contre Red Skull et sa clique, refusant de rester cantonné au rôle de victime. Le lecteur en vient presque à laisser passer l'artifice par lequel le scénariste augmente le niveau de pouvoir de l'héroïne.



Mark Gruenwald continue sur sa lancée pour une série d'épisodes privilégiant l'action, entre les crossovers imposés, et une transformation en loup garou, lors d'une enquête avec docteur Druid. La narration visuelle n'est guère mémorable, même si elle accomplit son travail et s'avère lisible. Le lecteur finit presque par plus s'attacher aux histoires courtes de fin d'épisode, pas plus savoureuses sur le plan visuel, mais centrée sur Rachel Leighton, ce qui s'avère plus intéressant.



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Blood and Glory : a priori, le lecteur craint une production industrielle de plus, vite faite, avec la certitude qu'associer ces deux héros suffira à faire vendre n'importe quoi. Il découvre avec plaisir que Klaus Janson a dû passer du temps sur chaque planche et que sa narration visuelle est très bonne, malgré une faiblesse anatomique de temps à autre, adulte et en phase avec la tonalité du récit. Il prend progressivement conscience que, malgré une lourdeur de ci de là, l'intrigue ne se limite pas à une dénonciation facile des magouilles militaro-politiques, mais que les auteurs ont un vrai point de vue sur leurs héros et leurs motivations.
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Punisher and Captain America : Blood & Glory

Le prix de la liberté est la vigilance éternelle.

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Ce tome contient une histoire complète qui ne nécessite qu'une connaissance superficielle des personnages. Il regroupe les 3 épisodes doubles de la minisérie, initialement parus en 1992, coécrits par Dan Chichester & Margaret Clark, dessinés et encrés par Klaus Janson, mis en couleurs par John Wellington (1), Sam Otis (2) et Judy Johnson & Sherilyn van Valkenburgh (3). Cette histoire a été rééditée dans Captain America Epic Collection: Blood and Glory qui contient également les épisodes 398 à 410 de la série mensuelle écrite par Mark Gruenwald.



La diplomatie est l'art de dire Gentil chien, tant qu'on n'a pas trouvé de caillou. Will Rogers (1879-1935). À Washington, dans l'ombre du Capitole, les sans domicile fixe fouillent les poubelles pour trouver de la nourriture. Dans un autre quartier, un commando d'une branche spéciale de l'armée s'apprête à intervenir dans une transaction illicite de trafic d'armes, sous les ordres du colonel Max Kalee. Mais ils sont devancés par Captain America qui fait irruption dans l'entrepôt avant qu'ils ne l'aient atteint, et qui se lance dans la bataille, essuyant une pluie de balles. L'un des trafiquants décide de piocher dans une caisse pour tirer avec un plus gros calibre. Le colonel donne l'ordre à ses hommes d'intervenir malgré la présence du superhéros étoilé, car ils ont un scénario à respecter. L'un des criminels a récupéré un bazooka et tire une première fois sur Captain America, qui se protège derrière son bouclier, tout en accusant quand même le choc. Il recharge et tire une deuxième fois. La troisième fois, l'arme lui explose au visage. Le commando entre en scène et s'occupe des prisonniers le colonel indiquant à Captain America, qu'il prend en charge la preuve que sont les armes pour les mettre en sécurité. Pendant tout ce temps, Steve Rogers pense à son bouclier, au besoin d'avoir des alliés, à la nécessité de la guerre, à sa forme moderne, à la trahison.



Au Medisuelan, un pays d'Aérique Centrale, le dictateur Miguel Alfredo Navatilas intervient pour un discours, devant une large foule. Sur une chaîne d'infos américaine, la présentatrice fait état des liens supposés du général avec un réseau de trafiquants de drogue, et diffuse une intervention du porte-parole du gouvernement du président des États-Unis qui condamne publiquement le dictateur. Après son intervention, les journalistes vont interviewer l'attorney général Roger Mollech, accompagnée de son assistante Angela Stone, sur le sujet. Il leur répond que sa mission est de condamner des escrocs, pas de mener une politique internationale. Dans un appartement d'un immeuble désaffecté à New York, de l'argent est en train de changer de main, contre une valise contenant des petits paquets de drogue. Les uns et les autres vérifient que le compte y est. Leur trafic est interrompu par l'irruption de Punisher qui déclenche l'explosif qu'il avait placé, puis qui entre dans la pièce pour finir le nettoyage. L'affrontement est brutal et sans pitié et il doit se lancer à la poursuite d'un fuyard avec une mallette.



Au moment de la parution de cette histoire, Mark Gruenwald écrit toujours la série mensuelle de Captain America, avec une tonalité de superhéros combattant des ennemis colorés. En fait, il se retrouve transformé en loup garou dans une petite ville du Massachussetts, pour une aventure pas très inspirée. Le contraste est donc fort avec ce récit dont la narration visuelle a une apparence résolument plus adulte, et qui oppose les deux héros aux agissements occultes du gouvernement des États-Unis en Amérique Centrale, ce qui fait écho avec des affaires judiciaires retentissantes bien réelles. Les coscénaristes avaient déjà travaillé ensemble pour un titre de la branche Shadowline de Marvel Comics. Ils mettent en place un triangle de trafics : le trafic de drogue permet de mettre en place un trafic de financement qui lui vient alimenter un trafic d'armes. Ils citent avec malice le comique Will Rogers sur la diplomatie, puis le célèbre aphorisme de Jean Rostand (1894-1977) : On tue un homme, on est un assassin. On tue des milliers d'hommes, on est un conquérant. On les tue tous, on est Dieu. Et pour le troisième épisode, ils citent George Bernard Shaw (1854-1950) : Liberté implique responsabilité. C'est là pourquoi la plupart des hommes la redoutent. Enfin, ils mettent en scène les deux superhéros comme des vétérans, combattant la corruption, opposant leurs méthodes pour donner une vision différente de ce qu'ils considèrent chacun être une forme de guerre, mais avec une façon de l'appréhender différente.



La structure de l'intrigue s'avère simple et solide. Captain America se retrouve impliqué en faisant irruption dans une vente d'armes illégale, et Punisher en interrompant un trafic de drogue. Après un premier affrontement justifié entre les deux, ils font équipe et remontent la source de ces trafics, d'abord au sein du Capitol, puis directement au Medisuelan, le pays producteur de drogue. Ils n'hésitent pas à se montrer facétieux en faisant intervenir Terror, un personnage qu'ils avaient créé en 1988, déjà avec Klaus Janson, et en lui faisant dire qu'il est quasiment un deux ex machina. Le lecteur remarque que les dessins ont une apparence bien différente de ceux des séries mensuelles de la même époque, avec une influence assumée de Frank Miller. Klaus Janson avait encré cet artiste sur la série Daredevil, puis sur Dark Knight returns. Il avait déjà eu l'occasion de dessiner les aventures en solo de Punisher dans les épisodes 1 à 5 de sa première série mensuelle en 1987, réédités dans Punisher Epic Collection: Circle Of Blood . Ces pages se démarquent également de la production mensuelle de ces années-là par sa mise en couleurs plus sombres, inspirée par celle de Janson sur les épisodes de la série Punisher. Certes Captain America porte son costume de superhéros avec les petites ailes sur le masque et son bouclier étoilé, et Punisher porte ses gants et ses bottes blanches, mais systématiquement colorés en grisé. Ce sont les seuls éléments superhéroïques avec l'apparition de Terror.



L'esthétique de cette histoire se distingue tout d'abord par les traits de contours : d'épaisseur irrégulière, devenant parfois cassants, sans arrondi systématique ce qui donne des formes un peu rêches, pas adoucies. Ensuite, l'artiste ne montre pas une réalité propre sur elle, ou assainie pour ne pas présenter d'éléments visuels dangereux pour des enfants. Janson ne cherche pas à faire joli ou inoffensif. Mis à part pour les deux costumes de superhéros, il représente une réalité plausible et adulte. Les différents lieux sont montrés de manière réaliste : un entrepôt gigantesque, un appartement squatté en mauvais état, un toit-terrasse fonctionnel et dénudé, un motel impersonnel avec une piscine au milieu qui ne fait pas envie, un hôpital stérile à la lumière blafarde, une jungle sauvage pas faite pour le tourisme. Ces environnements ne sont pas représentés avec force détails, mais le dessinateur sait en saisir les composantes structurantes pour leur donner assez de consistance. De temps à autre, une proportion humaine semble un peu décalée, comme pour la première apparition de Captain America dans une case de la hauteur de la page où il semble de petite taille. À part cette sensation à une reprise dans chaque épisode, les civils sont réalistes, là encore avec le niveau de détails suffisant, et des visages assez expressifs. S'il s'y arrête un peu, le lecteur se dit qu'aucun protagoniste ou antagoniste n'est rendu plus beau dans les dessins : ils sont tous imparfaits comme de vrais êtres humains, même les deux héros.



Dans la mesure où il s'agit d'un récit de superhéros, il y a plusieurs scènes d'action par épisode, et le dessinateur sait leur conférer une réelle énergie et originalité : le déplacement des trafiquants dans l'entrepôt pour s'enfuir ou tirer sur Captain America, le carnage de Punisher contre les trafiquants de drogue, les acrobaties en hélicoptère, le dessin en pleine page pour l'entrée aux urgences de Captain America sur un brancard, la course-poursuite à moto, etc. Au fur et à mesure, le lecteur se dit que Janson tient une excellente forme tout du long des 3 épisodes. Il prend plaisir à suivre l'enquête musclée des deux superhéros qui collaborent dès le deuxième épisode, ainsi que la critique des pratiques interventionnistes et des opérations clandestines et vraiment sales des États-Unis en Amérique Centrale. Il apprécie également que les coscénaristes se donnent la peine d'étoffer la personnalité de Captain America et de Punisher, chacun avec leur monologue intérieur. Dans un premier temps, il sourit un peu car ces monologues sont un peu trop écrits, pas très naturels. Mais cette sensation s'amenuise au fur et à mesure, car ils jouent sur le contraste de leur expérience de vétéran. Ils opposent l'expérience de la guerre de Steve Rogers pendant la seconde guerre mondiale, avec celle beaucoup plus critiquée de Frank Castle pendant la guerre du Vietnam, que ce soit dans la forme des batailles, ou dans l'accueil réservé aux soldats au retour aux États-Unis. Dans les deux cas, il n'y a pas de glorification de la guerre, mais des constats inconfortables, doublés d'amertume pour Castle. Ils savent également contraster la motivation de l'un et de l’autre pour mener leur guerre contre le crime, sans les opposer, mais en faisant apparaître comment deux époques différentes ont généré des motivations différentes.



A priori, le lecteur craint une production industrielle de plus, vite faite, avec la certitude qu'associer ces deux héros suffira à faire vendre n'importe quoi. Il découvre avec plaisir que Klaus Janson a dû passer du temps sur chaque planche et que sa narration visuelle est très bonne, malgré une faiblesse anatomique de temps à autre, adulte et en phase avec la tonalité du récit. Il prend progressivement conscience que, malgré une lourdeur de ci de là, l'intrigue ne se limite pas à une dénonciation facile des magouilles militaro-politiques, mais que les auteurs ont un vrai point de vue sur leurs héros et leurs motivations.
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Wolverine : Inner Fury

Il s'agit d'une histoire complète en 1 tome, qui ne nécessite pas de connaissance préalable du personnage. Ce récit est initialement paru en 1992, sans sérialisation, écrit par D.G. Chichester, dessiné et encré par Bill Sienkiewicz, et mis en couleurs par Sherilyn Valkenburgh. Il a été réédité dans Wolverine Epic Collection: Inner Fury.



Dans un laboratoire clandestin de très haute technologie, un individu passe un appel radio pour dire qu'ils sont en route avec la marchandise. Le scientifique responsable sait très bien que dans son dos ils l'appellent Whale, la baleine. Mais lui sait qu'il est un requin : il faut qu'il en soit un pour survivre au milieu de ces prédateurs. Il est spécialisé dans la recherche en nanotechnologie. Il est parvenu à développer des machines minuscules qui transforment les cellules du corps humains en autre chose. Il doit livrer le produit de ses recherches au Baron Strucker qui a une idée bien précise de l'usage qu'il peut en faire. Un des laborantins fait observer qu'il manque un lot de nanites dans l'inventaire. Whale fait l'innocent en se demandant ce qu'il a bien pu en advenir. Dans le même temps, il active ces nanites qui se mettent à grignoter un pneu, et à le dissoudre. Celui-ci éclate, et le poids lourd fait un tête-à-queue, terminant dans une congère. Quelque temps plus tard des individus à la silhouette anormalement allongée arrive sur le lieu de l'accident, et trouve le poids-lourd à moitié enfoncé dans la neige. Ils en déduisent que Whale a pris la poudre d'escampette. Le responsable du convoi abat l'un des nervis qui était prêt à le dénoncer au baron, et s'assure que les deux autres ne bronchent pas. Il est bien décidé à retrouver les traces de Whale, à le poursuivre et lui faire rendre ce qu'il a volé. À bord d'un train circulant sous la neige à destination de Chicago, un individu scrute les alentours à la jumelle, certain qu'il va être intercepté par un mutant qui va le tuer.



Dans l'Helicarrier du SHIELD, Nick Fury est en train de conseiller Logan de ne pas intervenir contre un agent de Hydra. Bien évidemment, Logan lui répond qu'il est un grand mutant et qu'il est capable de s'occuper de lui-même. Wolverine intervient et se retrouve à bord du train, dans le wagon avec un de ces individus très grands. Le combat s'engage et l'agent d'Hydra parvient à le toucher d'un coup d'épée, lui entaillant l'épaule, avant de se faire brutalement éjecter du wagon, dans la neige. Logan n'est pas trop inquiet de sa blessure, son système auto-guérisseur se déclenchant automatiquement. Les autres agents attaquent également à l'épée, Wolverine se rendant compte qu'il ne se remet pas aussi vite que d'habitude de sa blessure. Il sent sa rage animale prendre le dessus, mais il se retrouve quand même à terre, avec un agent prêt à abattre son épée sur lui pour le décapiter. Il n'a pas le temps d'accomplir son geste car une balle lui traverse la tête. Un individu de petite taille se tient devant Wolverine, un pistolet encore fumant dans la main, soulevant son minuscule chapeau melon pour se présenter. Il s'appelle Big.



En découvrant, ce récit, le lecteur espère une pépite. En 1992, Bill Sienkiewicz a déjà laissé une empreinte indélébile dans le monde des comics, d'abord avec Moon Knight en 1981/1982 (scénario de Doug Moench), puis avec New Mutants en 1984/1985 avec Chris Claremont, puis avec Elektra: Assassin en 1986/1987 (scénario de Frank Miller), ou encore en auteur complet avec Stray Toasters en 1988. En revanche, c'est l'un des premiers travaux de DG Chichester qui n'a pas encore écrit ses épisodes de Daredevil (1991-1995) ou ceux de la série Nick Fury 1990-1992). Au vu de la magnifique couverture peinte, le lecteur s'attend à découvrir un récit ambitieux de nature adulte, vraisemblablement axé sur la dimension animale du personnage, la fureur qui reprend le dessus quand il perd le contrôle. Il faut quelques pages pour rentrer dans le récit, car les propos des personnages s'avèrent parfois elliptiques, et les dessins s'écartent d'une simple représentation descriptive, ce qui ne facilite pas la compréhension. Une fois qu'il a adapté son mode de lecture à la narration, le lecteur se rend compte que la trame est très simple et linéaire. Whale a souhaité prendre son indépendance en emportant avec lui ses nanites. Hydra compte bien lui remettre la main dessus et lui faire passer ses velléités d'indépendance. Wolverine a été infecté par les nanites qui dissocient progressivement l'adamantium de son squelette, pour rejeter ce métal hors de son corps. Son pouvoir guérisseur est tout entier accaparé par la lutte contre ces nanites, n'ayant pas la capacité de soigner ses blessures en plus. Un étrange gugusse intervient pour aider Wolverine à retrouver Whale, animé par des motivations inconnues.



Le récit se déroule en quelques heures, se dirigeant vers une confrontation physique inéluctable. Les dialogues manquent de verve, et les cartouches de texte tentent en vain de capturer un ton cynique. Qu'importe, c'est du Bill Sienkiewicz, et la puissance graphique de cet artiste peut très bien emporter le morceau et tellement apporter au scénario qu'il s'en trouve transfiguré. Ça commence d'ailleurs très bien avec une illustration en pleine page : un cœur avec ses veines et ses artères, une sorte de petit mécanisme à l'intérieur, sur fond noir, avec des quelques traits parallèles pour l'abstraction, et un titre disposant d'une belle graphie. Par la suite, le lecteur prend plaisir à quelques onomatopées de bruitage, mais finalement le lettreur Michael Heisler reste dans une police très sage, et le lecteur en vient à soupçonner que ces bruitages ont été directement dessinés par Sienkiewicz. Dès les pages suivantes, il repère également que l'artiste n'a pas peint ses planches : elles ont été confiées à une coloriste. Le travail de Sherilyn Valkenburgh tranche par rapport à l'ordinaire des comics de la décennie précédente, car elle utilise une palette moins vive, parfois un peu boueuse, avec des arrière-plans qui semblent peints. Toutefois, elle ne parvient pas à trouver les bonnes nuances pour ne pas dégrader la lisibilité des planches qui sont très chargées en encrage. Elle ne sait pas passer en mode impressionniste pour combler les fonds de case quand ils sont vides.



Après cette première illustration en pleine page, le lecteur découvre les personnages et il retrouve tout de suite la patte inimitable de Bill Sienkiewicz pour l'exagération impossible, entre grotesque et macabre. Whale est affecté de nanisme, avec un nez tellement pointu qu'il évoque parfois celui de Penguin, et parfois le museau d'un requin. Ça ne devrait pas fonctionner en termes de dessin, mais en fait le lecteur ressent que cette tête se situe entre le descriptif et l'expressionnisme et ça fonctionne très bien, mais si c'est anatomiquement impossible. Il en va de même pour les agents spéciaux de Hydra, êtres semi-mécaniques, dégingandés, enveloppés pour partie de chiffon faisant penser à des bandelettes, maniant des épées impossiblement longues. L'artiste s'amuse un peu moins avec Big dont la silhouette reste déconcertante. Il s'amuse beaucoup plus avec Wolverine, à commencer par des griffes beaucoup trop longues pour pouvoir se loger dans son avant-bras, et son corps hérissé de piquants effilés alors que les nanites sont proches d'expulser l'adamantium de son corps. Le temps de 5 pages, à l'occasion d'un cauchemar de Logan, le dessinateur se lâche pour une farce macabre jouant sur les visuels du roman Moby Dick d'Herman Melville, dont il avait réalisé une adaptation peinte pour la série des Classic Illustrated.



L'artiste charge donc ses cases d'aplats de noir aux formes déchiquetées ou acérées, des projections d'encre en petits points, de traits noirs comme des rayures, pour une esthétique râpeuse, piquante, transperçante. Il peuple le récit d'individus à la morphologie monstrueuse. Il interprète les décors au travers d'un prisme steampunk peu orthodoxe. Il met en scène de combats sauvages, avec des ennemis habités par l'instinct plus que par la technique. Il ne ménage pas sa peine, mais dans le même temps le lecteur éprouve des difficultés à se laisser emporter dans cet univers visuel. Il se rend compte que la coloriste ne parvient pas à pallier le manque de décors dans plusieurs séquences, que le dessinateur surcharge ses planches en s'en tenant à 4 à 5 cases par page, ce qui leur donne un air fouillis, alors que celles comprenant moins de cases respirent mieux. En fait, Sienkiewicz ne parvient pas à s'approprier assez le scénario pour revoir la narration visuelle, et à prendre possession du récit. Du coup, celui-ci reste une histoire assez basique ne tenant pas sa promesse de révéler le conflit psychique opposant la part animale de Logan à son éducation, ni même à transcrire la souffrance qu'il ressent à devoir supporter une douleur constante, son corps étant en lutte contre lui-même.



La couverture promet une aventure graphique peu commune, et une plongée dans l'esprit en guerre de Logan. La lecture ramène le lecteur à une course-poursuite un peu poussive, malgré des dessins prenant des libertés, mais pas assez pour sublimer cette intrigue convenue.
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Captain America : Blood and Glory

Mark Gruenwald continue son très long run sur Captain America avec les épisodes 398 à 410, rassemblés dans un nouveau épais volume des « Epic collection ». Les premiers épisodes proposés ici sont assez déstabilisants, ils participent au vaste crossover Marvel du début des années ’90, OPERATION GALACTIC STORM. Le lecteur ressent donc clairement les manques puisque les épisodes proposés sautent bien des éléments de l’histoire. En dépit de ce côté fragmenté, l’ensemble donne envie de se plonger davantage dans ce crossover (disponible en Epic, ça tombe bien !).

Comme le Captain est dans l’espace, les « remplaçants » gèrent les problèmes terrestres et US Agent et le Faucon partent délivrer Demolition Man. Pendant ce temps, Crossbones capture la petite amie du Cap’, Diamondback et tente de la retourner, au propre comme au figuré. Crâne Rouge, lui, rassemble toujours sa petite armée de super méchants. Les différentes lignes narratives sont assez éclatées et ne trouvent un aboutissement que dans les derniers chapitres.

Cependant, le gros du volume se consacre à la fameuse intrigue du « Cap Wolf ». En effet, parti à la recherche de John Jameson, la Sentinelle de la Liberté, aidé de Docteur Druid, tombe sur une ville peuplée de lycanthropes. Wolverine, Wolfsbane, Werewolf by Night et quelques autres se retrouvent embarqués dans ce récit qui culmine lorsque Cap’ lui-même devient un loup-garou ne s’exprimant plus que par des grognements bestiaux. Tout ça peut sembler ridicule (ça l’est un peu), quelque peu tiré en longueur (peu aidé par l’habitude de cette époque de répéter, par le texte, ce qu’on voit à l’image) mais l’ensemble reste divertissant et finalement mémorable… bien que pas toujours pour les bonnes raisons. Les intrigues de complément, plus courtes, autour de la relation qui se noue entre Crossbone et Diamondback fonctionnent elles aussi de manière efficace et se montrent plus mâtures et sérieuses. Le tout aurait mérité d’aller plus loin dans le côté violent / syndrome de Stockholm / malsain mais dans le cadre d’une production grand public cela reste crédible et bien mené.

La fin du volume se consacre à un crossover d’environ 160 pages entre Cap et le Punisher, forcément opposés sur la manière de rendre la justice. L’intrigue, assez classique, donne davantage dans le thriller d’espionnage que l’action super héroïque. Au fil du récit, le manichéisme initial s’efface et nous plongeons dans la zone grise de la politique fiction avec ses magouilles et autres combines gouvernementales. En parallèle les deux héros finissent par s’apprécier jusqu’à un final très convaincant dans sa simplicité. Les dessins, également plus sombres et adultes, sont adaptés à cette intrigue de bonne tenue.

BLOOD AND GLORY est donc un Epic en demi-teinte, alourdit par des « morceaux de crossovers » et une narration parfois bien lourde (toutes ces redondances fatiguent !) mais globalement plaisant. La saga du « Cap Wolf » reste fun, les sous-intrigues liées à Crossbones se montrent intéressantes et le crossover final avec Punisher confère au personnage une tonalité plus adulte et violente bienvenue.


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Les racines du mal (Elektra.)

Sans doute pas la meilleure histoire avec Elektra. Scénario à la fois simple (la Mandragore veut retrouver son statut de grande organisation criminelle) et un peu confus. Du même dessinateur, je conseille Daredevil renaissance, en deux volumes pour l'édition française. Ou bien évidemment les histoires de Franck Miller.
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