Une chute de plus d'un kilomètre dure longtemps. Par chance – si c'est bien le mot – les victimes sont presque toujours mortes et en grande partie démembrées bien avant de terminer leur course.
Combien de fois n'ai-je entendu des alpinistes, aussi bien aux États-Unis qu'en Europe, décrire l'horrible épreuve que constituent les heures de descente après la chute d'un ou de plusieurs camarades ? Ce n'était pas beau à voir. Tous racontaient avoir suivi, sur la roche, la neige ou la glace, une piste jonchée de sang – tellement de sang –, de piolets fracassés, de lambeaux de vêtements et de bottes ensanglantés et, toujours, de morceaux de corps arrachés.