Série TV - The Terror (2018)
La première saison est ladaptation du roman "Terreur" de Dan Simmons.
Mr Thorne m'aurait apporté le journal du matin sur le plateau, mais j'avais appris depuis longtemps que la lecture des folies et des scandales de ce monde ne sert qu'à profaner le lever du jour.
Au commencement était le verbe. Puis arriva le traitement de texte, et leur foutu processeur de pensée. La mort de la littérature s’ensuivit.
Les mots sont les objets suprêmes. Ce sont des choses dotées d'esprit.
Si notre société devait un jour opter pour une dictature à la George Orwell, le meilleur instrument d'oppression serait sans doute le sillage laissé par la carte bancaire. Dans une économie sans espèces, avec un marché noir de troc réduit à l'état de curiosité historique, les activités d'un individu pourraient être pistées en temps réel par la simple étude du sillage monétaire tracé par sa carte universelle. Il y a des lois très strictes sur la protection des libertés individuelles, mais les lois ont la mauvaise habitude de s'effacer ou de se faire abroger chaque fois que la pression sociale se transforme en poussée totalitaire.
Tous, nous représentons aussi bien des îlots de temps que des océans distincts de perspective.
Crépuscules fragiles passant du violet au fuchsia puis au pourpre au-dessus des silhouettes de papier crépon des arbres qui prolongent la perspective de la pelouse au sud-ouest. Le ciel, que ne trouble aucun nuage ni aucune trainée de condensation, a la transparence délicate de la porcelaine de Chine. Silence présymphonique de la première lueur de l'aube, suivi du coup de cymbale du lever de soleil dont l'orange et le roux s'illuminent d'or. Puis c'est la longue et froide descente vers le vert : ombres des frondaisons de cyprès et de saules pleureurs, feutre vert des clairières.
Sur l'ancienne terre, au XXe siècle, une chaîne de restauration rapide a fait fortune rien qu'en vendant à ses clients de la vache morte frite dans de la graisse, assaisonnée de produits cancérigènes et emballée dans de la mousse à base d'hydrocarbure.
A perte de vue, il n'y avait que l'herbe qui ondoyait sensuellement sous la brise légère et qui semblait venir lécher la base de l'escarpement. Cet océan végétal paraissait infini et ininterrompu. De hauteur apparemment uniforme, il se prolongeait jusqu'aux quatre horizons. L'illusion de contempler une vaste mer émeraude était presque parfaite, jusqu'au frémissement des tiges agitées par le vent, qui ressemblaient à des moutons au large.
Ce soir, les brumes montent de l'eau comme si c'étaient les esprits de tous les morts qui reposent sous la surface trouble du fleuve. Les derniers haillons effilochés des nuages de l'après-midi se dissipent à travers la cime des arbres, et les couleurs reviennent. Je vois passer la forêt du jaune de chrome à un safran translucide qui, lentement, cède la place à des ocres et au terre de Sienne qui précède le crépuscule.
Il en a chié du crottin carré, murmure le capitaine à l'haleine avinée.