J'allais à l'école, au bourg du Faouët : au-delà de l'obligation à l'assiduité scolaire, mon grand-père y tenait farouchement :
« Tu écouteras bien, il faut apprendre le français », ma serinait-il chaque matin au moment de partir. « C'est l'avenir et le progrès... »
Ce discours de beaux principes m'était baragouiné dans un français cocasse et lamentable, appris sur le tard : en ce début de siècle, le breton régnait encore en maître dans les campagnes armoricaines, malgré les efforts pugnaces de l'Etat français relayé par son école publique pour éradiquer la langue régionale. Traîtrise suprême, le maître était souvent lui-même breton, renégat à nos yeux de sa propre culture.