Résidence du président. Lieu inconnu.
Jour après jour, il réfléchissait plus profondément à l’Holocauste. Non qu’il se vît lui-même comme une des victimes, car il ne cherchait pas à se comparer aux autres Juifs, mais il était président, issu du peuple, et il savait que son enlèvement avait porté un coup à ce peuple, à ceux qui avaient voté pour lui et à ceux qui avaient voté contre lui, Juifs, catholiques, protestants, ou rien du tout. Personne n’aurait pu prévoir l’attaque à Middlewick, et il n’en éprouvait aucune culpabilité. Il n’aurait rien pu faire. Mais, en même temps, en Europe, ils avaient été si nombreux à dire qu’Hitler les avait pris par surprise, et puis il y avait eu les lois de Nuremberg, la Nuit de cristal, etc., jusqu’aux chambres à gaz. Ils n’étaient nullement coupables. Mais un tel contexte lui fournissait un cadre pour ses comparaisons.
Et peut-être aurait-il dû voir venir cela, et pas seulement lui, mais également ses conseillers. Maintenant qu’il connaissait le but ultime de ses ravisseurs, il se disait qu’ils avaient été négligents.