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Citation de VALENTYNE


Je reçois le coup de plein flanc. Pas le temps de reprendre mon souffle qu’une autre attaque, frontale, cette fois, m’envoie au tapis. Je n’ai plus qu’à me mettre en boule, me rassembler au maximum, laisser pleuvoir, attendre que ça passe tout en sachant que ça ne passera pas. Et ça ne passe pas ; ça me tombe dessus de tous les côtés à la fois. L’image qui me vient alors est celle de ces marins américains dont le bateau s’est fait couler quelque part dans le Pacifique, vers la fin de la guerre. Les hommes à la mer s’étaient agglutinés, pour faire bloc, et flottaient en se tenant les coudes, comme une immense flaque humaine. Les requins avaient attaqué cette galette en commençant par les bords, grignotant, grignotant, jusqu’au cœur.

C’est exactement ce que Stojil est en train de me faire. Il a repoussé mes forces autour de mon roi et attaque de tous les côtés à la fois. Cette capacité qu’il a de jouer simultanément des diagonales et des perpendiculaires indique le Stojil des grands soirs. Tant mieux, d’ailleurs, car quand il ne voit pas, Stojil, il triche ! Le seul type au monde capable de tricher aux échecs. Toutes ses pièces chevauchent deux ou trois cases, la vue de l’adversaire se brouille, le monde chavire, le moral tomba zéro, car la vraie mort des valeurs, c’est un échiquier flou. Ce soir, pas besoin de ça. Il voit ! Il voit et j’admire. Toutes ses attaques se font à la découverte. Un cheval fait son bond de crabe et le fou jaillit par en-dessous, aussi net et inattendu qu’une lame. Le cheval, en retombant, plante aussi sa fourchette dans sa part de gâteau. Si je gare ma jambe, on me bouffe le bras, si je rentre la tête, je meurs étouffé. Pas à dire, c’est le Stojil des grandes nuits.
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