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Citation de Skoubidoo


"Les auteurs français et anglais n'écrivent et ne pensent pas de la même façon. C'est ce que m'a appris Racine. Par exemple, un écrivain anglais ne dirait jamais, comme le fait Racine, "à l'ombre des forêts"; mais "in the shadow of a cedar" ou "in the shadow of an oak tree", "à l'ombre d'un cèdre" ou "à l'ombre d'un chêne".
- Intéressant. Les deux langues façonnent donc la réalité de manière différente. Pourriez-vous m'en dire plus sur cette différence ? Comment la définiriez-vous ?
- Je dirais que les perceptions du français sont plus abstraites - comme si les expériences étaient survolées en montgolfière. C'est pour cela que la pensée française tend à être holistique, et les textes homogènes. Au contraire, en anglais, la perception est plus terre à terre, plus détaillée, pleine de caprices.
- Qu'entendez-vous par des textes "homogènes" ?
- Racine a écrit de nombreuses pièces, mais il emploie peu de mots : deux mille. Celles de Shakespeare en contiennent dix fois plus. Cela vous donne une idée de l'économie de Racine. En français, on peut faire dire plusieurs choses à un même mot. Prenons "attrait" - un mot typique de Racine. Appliqué à une femme, il signifie "charmes"; mais quand il décrit quelque chose de plus vague, comme l'inconnu, il faut le traduire par "lure" : "l'attrait de l'inconnu", "the lure of the unknown". "Attrait" regroupe l'attrait d'une ville (attractiveness), l'intérêt d'un sujet (interest), l'attrait pour telle ou telle chose (to feel drawn to). Cette qualité du français participe à la cohésion du texte."

Entretien entre Daniel Tammet et Sir Michael Edwards
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