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Pour un riche d'un pays riche, tendanciellement cosmopolite (et dont le passeport signifie de plus en plus, non pas une simple appartenance nationale, une protection et un droit de citoyenneté, mais un surcroît de droits, en particulier un droit de circulation sans entraves), la frontière est devenue une formalité d'embarquement, un point de reconnaissance symbolique de son statut social qui se franchit au pas de course.
Pour un pauvre d'un pays pauvre, la frontière est tendanciellement tout autre chose : non seulement c'est un lieu très difficile à franchir, mais c'est un lieu où l'on revient sans cesse se heurter, que l'on passe et repasse au gré des expulsions et des regroupements familiaux, et dans lequel finalement on séjourne.

Etienne Balibar, la crainte des masses. Politique et philosophie avant et après Marx.

(page 15)
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« Je dois vous dire que cette main d'oeuvre étrangère, c'est une main d'oeuvre que j'aime beaucoup. Parce qu'il y a vingt ans que je travaille avec une majorité d'étrangers, donc je les connais bien. Les étrangers sont des gens qui ont beaucoup de qualités, et ils ont une qualité fondamentale pour moi employeur, qui a toute ma sympathie, c'est que s'ils viennent chez nous, c'est pour travailler, et à la base ce sont des gens très courageux. Que ce soient des Nord-Africais, Portugais, Espagnols, ils savent qu'ils viennent pour travailler, ils cherchent à travailler et ils sont très courageux. Alors ça, c'est à leur actif, mais par contre, ils ne parlent pas notre langue, ils ne sont pas tellement qualifiés et puis ils viennent avec une idée en tête, c'est d'amasser un pécule et de nous quitter quand ils auront un pécule suffisant. [...] Et finalement, des hommes qui vous apportent leurs bras tous les jours et qui laissent leur pays natal à deux mille kilomètres, ou leur femme, leurs enfants, leur foyer, disons leur cœur à deux mille kilomètres, on ne peut pas dire qu'ils soient vraiment disponibles. [...] Il est certain que si nous avions exclusivement une main d'oeuvre française, pour arriver à l'attirer nous serions obligés de la payer entre 25 et 30% plus cher ».

Les mots de Francis Bouygues, figure majeure du capitalisme français, face à la caméra de Marcel Trillat condensent, moyennant un exercice de traduction, toutes les dimensions du travail migrant.
En premier lieu, l'appétit patronal pour la main d'oeuvre étrangère, pudiquement euphemisée ici en "sympathie". Il se fonde d'abord sur l'intensité de l'engagement à la tâche. Ce qui est interprété ici comme un "courage", naturel ou inné, qui serait propre aux travailleurs et travailleuses migrant.es, n'est autre que la manifestation d'une disciplinarisation induite par le faisceau de contraintes qui pèse sur leur existence. Ces contraintes sont historiquement produites et maintenues par un éventail d'institutions dont les formes historiques varient mais qui viennent chaque fois produire une inclusion différentielle : c'est à dire rendre disponible la force de travail des personnes migrantes tout en scellant leur exclusion du droit commun. Et c'est toute la puissance politique du mouvement de grève des travailleurs et travailleuses sans papiers en région parisienne que d'avoir, depuis maintenant quinze ans , démontré ce paradoxe pour construire la légitimité de leur régularisation.

(pages 204-205)
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