Il écouta Brida sans l’interrompre. La suivit dans la cuisine, s’assit à table et la laissa parler. Plus elle en disait, plus elle avait l’impression que les mots de Judith perçaient sous les siens, et au moment où elle s’apprêtait à retirer une partie de ce qu’elle venait de dire et atténuer ses reproches, il l’arrêta d’un geste.
N’avait-elle jamais songé qu’elle en demandait trop ? Demanda-t-il, et sa voix tremblait. Croyait-elle qu’on pouvait tout obtenir sans limites, sans renoncement ?
Pensait-elle sérieusement qu’elle aurait tout, les enfants et l’art et la culture et les amis et le mari et l’amour et le sexe et du temps pour lire du temps pour ne rien faire et la possibilité de s’échapper à sa guise et Dieu sait quoi encore, sans devoir en payer le prix ?
Je n’arrête pas de tenir compte des autres ! hurla-t-elle.
Il y a un temps pour tout, Brida, dit-il.
Après ça il n’ouvrit plus la bouche pendant des jours.