Citations de Danièle Maoudj (15)
Dans l'attendrissement de la nuit
La paume de ses mains
Déchiffre le grain de sa peau
L'inquiétude fuit
Complices des amants
Les pierres de Tipazza
En escale à Mariana
Effacent le Temps
Douceur clandestine
La saison d'un rêve
Tendre étonnement
Dans la courbe de la rencontre
Lentement
Tu fuis l'étreinte de mon espoir malmené
Ma Corse, dernier Orient de France
Corse, montagne qui tangue entre les brumes du Nord et le soleil du Sud
Corps accouché de tous les chaos
Elle s'épanche au milieu des eaux menaçantes d'une mer
Où les accents archaïques donnent de la chair à ma mémoire
Ile granitique pétrie par l'ambivalence des sentiments
Depuis le temps de la nuit elle cultive l'extrême de la vie
Sur le promontoire de la mort
(...)
Absence apaisée
Le temps s'est posé
Regarde l'absence
Au détour de chaque arbre
Au détour de chaque rocher
Absence apaisée
Eclaire le temps
A présent limpide
Le temps coule sur le chemin
Aujourd'hui
Le temps met au repos
La fureur des lieux-dits tenus secrets
Abrités au creux des coupelles
(...)
Piège du sirocco et di a tramuntana détournés
Je m'engouffre dans les rêves qui incisent l'horizon
Confins déplacés je scrute l'espoir qui m'espionne
A califourchon entre Bavedda et le Djudjura
Crainte blottie dans les grottes de mes deux montagnes
Domicile élu contrée de la poésie
Prière tressée de Si Mohand, Jacky Biancarelli et Daumal
(...)
A Emmanuel Multedo
Assassiné le jour de la rentrée des classes
à Bastia, le 8 septembre 2008
Terreur
Tu ouvres les yeux à la mort
Misère aveugle vomit sa férocité
Le corps innocent soulève
La folie qui tue le rire de la lumière
Bastia, le 10 septembre 2008
Pas à pas
La Lumière s'invente
Sur les rumeurs du sentier
Cueillir les silences de l'amour
Et nous vêtir du tremblement
Des traces
De l'immortelle
Pinareddu, le 17 août 2009
Seules les mains du silence
Egrènent les bourgeons nomades
D'un amour insatiable
Agenouillée au murmure
J'épelle les épines des roses
Dans le lointain de la brume
Scintille un pays qui ne dit pas son nom
Bastia, le 29 septembre 2009
Les cendres des étoiles
Tombent sur la musique
Perdue de la lumière
Et les larmes ne sont plus que rires
Qui traversent les miroirs de l'oubli
Bastia, le 10 juin 2010
Méditerranéenne je suis
Par ma silhouette et ma peau mâtinée
Kabyle par les épices de mon regard
Corse par les sonorités de la langue
Kabyle-corse par la cuisine rouge
Unie par l'arba barona et le cumunu
Française par Villon et Louise Michel
Fardée par toutes les intempéries
Je suis femme
J'entends autour de l'horizon l'île blessée
Dans l'attente d'un destin
La mer courtise les conquérants
Assiégée l'île évanouie tremble à l'odeur du sel
La rumeur s'acharne à l'ombre de l'île inquiète
Echo des îles tissées de nuits païennes
Je me souviens avoir succombé à la lumière de tes lèvres
Tu entendis l'errance de mes solitudes
Aux pieds de la falaise
Tes mains venues d'Afrique
Font escale dans la baie de mes silences
O île parée de nuit du Temps
Je me blottis dans l'éternité de la mer
Au lever du regard ton miroir
Etincelle la beauté du chaos
Minuit passé
Le ciel est silencieux
Le grand-duc hulotte
Et moi je veille...
Sur la beauté en larmes
Cavaneddu, le 10 mai 2010
Rose Orient
Rose-Orient du Proche-Orient déroule tes pétales d'exil
Sur les sentiers du jardin bleu de l'éternité
Ailes d'insomnie ensevelissent le soufre noir
Les carnivores égorgent leurs conquêtes
Et laissent couler le sang du jasmin
Rose-Orient du Proche-Orient rebâti hors la loi
Captif des ténèbres étrangères
Rose-Orient du Proche-Orient
La lumière de ta nuit veille sur moi
Larmes muettes
Après ton départ
Je veux respirer l'ocre de ta naissance
Des souvenirs tremblés font fuir la mémoire de ta voix
Egarée dans l'absence de ton amour
Je voyage à travers la richesse de ma lignée
La patience du temps me conduit à la frontière de tes chants
Dans cette nuit-là
Des larmes muettes s'étalent au pied du tombeau
Le sommeil affectionne les pentes lointaines de Noël
Dans cette nuit-là
Des larmes muettes fleurissent ta sépulture de granit
Tu savoures l'étreinte éternelle de la femme aimée
Celle qui a rétabli ton pays
Trop faible encore pour entendre l'écho de tes rires
Pétris dans le miroir de Kabylie
Têtue au milieu des palmeraies
Je frôle la plainte
Le silence murmure un désir de grenades
Je demeure dans le sable de lumière veillant l'aube à venir
Emotion double
Pleure tes deux continents
La Corse et l'Algérie
Ris de tes deux continents
L'Algérie et la Corse
Moque toi de tes deux cibles
Exige tes deux amours
Je veux tout en double
Deux fois autant
Double
Trouble du double?
Seule la soie de ma peau
Habille mon âme
Et laisse tomber au bord de la falaise
Les scrupules intrépides
Bastia, le 31 mars 2008