Juste au-dessus, il y avait une étagère avec les livres de jeunesse dont elle refusait de se défaire. À l’insu de sa mère, il lui arrivait d’attraper l’un de ces volumes décolorés et de l’ouvrir au hasard pour en lire quelques pages. Parfois, c’était sir Arthur Conan Doyle, parfois Jane Austen ou l’une des sœurs Brontë. Elle relisait avec nostalgie ces pages familières qu’elle connaissait presque par cœur, comme d’autres pourraient regarder des photos d’enfance. Macha, elle, ne prenait aucun plaisir à feuilleter de vieux albums. C’était trop douloureux. Parce que sur les photos prises avant ses douze ans, il y avait son père ; et sur celles prises après, il n’y était plus.