Brian Wood poursuit son profonde immersion dans l’histoire des « Northlanders », des « gens venus du Nord » parfois appelés Normands ou Vikings selon les lieux et les époques ; il s’entoure toujours d’une flopée d’artistes talentueux pour chacun de ses récits qui nous immergent ici dans le mystère des expéditions islandaises entre le VIIIe et le XIIIe siècle.
Nous débutons cette plongée guerrière et conquérante avec deux courts récits. Dans « Préludes – Au large de l’Islande » (à partir de 760 apr. J.-C.), nous suivons d’abord Dag, vieux capitaine d’une coque de noix branlante, dans sa folle quête d’un « ailleurs ». Cette réflexion sur l’esprit d’initiative et d’exploration, ainsi que sur le grain de folie qu’il convient d’avoir dans ce genre d’entreprise, se tient à la première personne. Tout en associant les représentations nordiques du monde à la dynamique d’exploration de ces « gens du nord » (Thor en dieu du Tonnerre qui vient se rappeler à l’esprit des navigateurs ; la découverte d’une terre mystérieuse faisant penser au domaine des dieux eux-mêmes), cette histoire courte est aussi l’occasion de se familiariser au dessin de Fiona Staples, pas encore autant affirmé que dans Saga, mais déjà intéressant à suivre. De même, dans « Sven l’Immortel », avec un dessin de Davide Gianfelice déjà bien plus abrupt, nous découvrons un récit qui renvoie à une longue aventure contenue dans le Livre anglo-saxon et qui était passionnante concernant le fameux Sven, jeune exilé, puis guerrier sur le retour et enfin vétéran aux velléités familiales.
Ce volume concernant les sociétés islandaises fondées au haut Moyen Âge par des explorateurs scandinaves (suédois, norvégiens et danois notamment) prend son véritable envol avec le récit « La jeune fille dans la glace » (Islande, 1240 apr. J.-C.), où Brian Wood décrit un nouveau vieillard en proie à la solitude, à l’incompréhension générale et aux ambitions des guerriers alentour. Le dessin de Becky Cloonan n’est pas désagréable du tout, mais c’est surtout le fond, le contenu scénaristique qu’il convient de retenir ici, puisque Brian Wood livre une analyse du tissu social en Islande au XIIIe siècle sous la domination d’un clan nommé les Sturlungar. La justice expéditive fait alors parfois étrangement plus de bien que des enquêtes à rallonge dans des contrées difficiles d’accès.
Le plus gros morceau de cette volumineuse intégrale reste la dernière partie, « La trilogie islandaise » (871 à 1260 apr. J.-C.). Les différents chapitres qui la composent sont illustrés d’abord par Paul Azaceta, puis par Declan Shalvey, et enfin par Danijel Zezelj, ce qui montre déjà la qualité graphique générale de cette histoire. Même si l’ambiance est relativement proche quand nous passons de l’un à l’autre, le deuxième m’enthousiasme légèrement davantage que le premier avec plus de détails dans les mouvements et une attention particulière apportée à la construction des planches en alternant pages entières (splash pages) et cases plus ou moins imbriquées entre elles. Quant à Danijel Zezelj qui conclut l’illustration de cette trilogie islandaise, en collant exactement au ton donné par les deux précédents illustrateurs, il réussit à ne pas faire tâche et c’est l’essentiel. Tous trois misent sur des couleurs très glacées, très bleutées, dans la plupart des cases pour, plus tard, mettre en valeur la violence des combats (cases largement rougies) et la noirceur des sentiments (assombrissement des traits des personnages). Il faut dire que l’aspect graphique se devait d’être à la hauteur d’une histoire au long cours retraçant la lutte sur plusieurs générations du clan des Hauksson face à celui des Belgarsson pour établir une colonie stable en Islande. L’honneur et les représailles familiales deviennent alors monnaie courante entre deux raids de l’autre côté de la mer du Nord, ainsi qu’entre les revirements politiques et religieux.
Pour caractériser l’ensemble de ces histoires très disparates et de taille variable, nous pouvons souligner le fait que le scénariste de cette série opte largement pour des récits très individuels désormais (à la première personne, d’une manière où il faut « forger son propre destin ») ; en même temps, nous parcourons des paysages plutôt désertiques et c’est une ambiance de continuel front pionnier que nous fouillons ; la fuite, l’exil, l’appât du gain, il y a toujours une motivation pour aller de l’avant : c’est ce que dépeint Brian Wood pour ces Normands, mais d’une telle façon que c’est finalement largement adaptable pour n’importe quel peuple cherchant à vivre, tout simplement.
Et tandis que le corbeau ou la corneille, je ne saurais trop dire, veillent toujours au grain à chaque étape des destinées magnifiques mises en lumière dans cette nouvelle intégrale, nous avons encore le plaisir de tomber, entre les habituels héros vikings que nous connaissons plus ou moins, sur des femmes fortes, affirmées et véritables que nous rencontrons trop peu dans les œuvres de fiction. Brida Hauksson en est un exemple particulièrement charmant que je recommande au plus grand nombre...
Brian Wood réussit donc toujours à mener plusieurs récits de front, non seulement en faisant que chacun apporte une pierre cohérente à l’édifice, mais également en travaillant avec un nombre conséquent de dessinateurs talentueux (sans oublier les coloristes tels Dave McCaig et Massimo Carnevale).
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A partir du IXeme siècle, les Vikings débarquent en Islande, la "terre de glace".
Ils la colonisent et y développent leurs coutumes guerrières et ancestrales.
La première partie de cette intégrale dédiée à l'Islande ne m'a pas plus enchantée que cela. J'ai surtout apprécié la deuxième partie consacrée à une saga familiale se déroulant sur plusieurs générations.
C'est à travers cette saga appelée La trilogie islandaise, narrant l'histoire des Hauksson que les auteurs emportent le lecteur au cœur d'une Islande bouleversée par des luttes internes. Après une longue période d'indépendance où chaque famille tente de prendre le dessus sur l'autre, une vague de christianisation déferlera sur une Islande déjà bien affaiblie par toutes ces querelles intestines. Malgré leur fierté et leur volonté à rester indépendants, les Islandais finiront par ployer sous le joug du roi de Norvège.
J'avais déjà beaucoup aimé le premier volume "le livre anglo-saxon" de cette série Northlanders. Ce deuxième volume est tout aussi intéressant et captivant. On y retrouve tout à fait l'esprit "viking" , à savoir le côté gros bras et sans pitié, l'appât du gain mais également l’opiniâtreté dans l'effort et leur volonté farouche de ne dépendre de personne d'autre que d'eux mêmes. Si les hommes ont la part belle, ce volume consacre également quelques magnifiques pages aux femmes qui assumaient avec talent leur rôle de maîtresse de maison mais également celui de fervente gardienne de l'honneur familial.
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Le tome 2 de ce peuple du nord entraîne le lecteur aux fondements de la civilisation islandaise.
La saga de la famille Hauksson est certainement proche de la vie des premiers islandais. L'intrigue est bien menée et les dessins sont encore une fois à la hauteur du récit.
Brian Wood réussit encore un excellent tome dont on attend la suite avec impatience.
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Excellent ! plus court que le premier (d'une centaine de page) mais il reste correcte pour son prix et la qualité de ces récits. Brian Wood est un véritable amoureux de l'ère des Vikings, du moins c'est ce que l'on récent en lisant ses histoires, profonde et inspirer. La Trilogie Islandaise donne le ton à l'ouvrage en mettant en scène plusieurs génération différente d'une même famille installer en Islande au début de sa colonisation.
Trois récits, en trois chapitre chacun pour une même famille, ça donne un côté mafia pas déplaisant.
Les dessins sont assurées par plusieurs artiste différent, il y a du bon, du moins bon et du très bon comme le dessinateur de Sven le Revenant (histoire marquante du premier tome) qui revient pour un nouveau numéro sur le même personnage : Sven l'Immortel.
Le tout encore une fois dans une édition soigner de chez Urban.
Un bon moment de lecture et d'apprentissage sur l'univers des Vikings. Vivement la suite.
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Le tome 2 de Northlanders est plus abouti que le premier. On y retrouve quelques histoires mais la grande partie du livre est constitué par la trilogie islandaise. le choix de l'auteur de prendre une famille sur plusieurs générations rend un fil rouge très intéressant au récit.
On part de la découverte de l’Islande et la colonisation des premiers vikings la guerre des familles, l'installation d'un gouvernement.
Un très beau livre bien illustré, qui donne du relief à ce peuple.
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Urban Comics a choisi de réarranger les épisodes de la série Ce tome contient les numéros 29, 20, 35 & 36, et 42 à 50.
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- Épisode 29 (illustrations de Fiona Staples) - En 760, Dag est capitaine sur un drakkar qui effectue du transport de marchandises. Il a la quarantaine, la sensation de vieillir l'accable. Il constate que son métier ne lui permettra jamais de s'enrichir, que chaque année qui passe la concurrence augmente et il veut désespérément accomplir un acte de bravoure qui marquera les esprits. D'un coup de barre, il dirige son navire vers l'ouest à la découverte de nouveaux territoires.
À nouveau, Brian Wood mélange le récit historique au temps des vikings, avec une approche psychologique moderne. Dag souffre de la crise de la quarantaine : son travail est vain, sa place dans l'ordre des choses est insignifiante et le moment arrive où sa jeunesse ne sera plus qu'un lointain souvenir. Cette approche moderne du personnage permet de donner de l'intensité et de la profondeur à la décision de Dag.
Comme dans d'autres épisodes, Brian Wood exagère le comportement de son personnage principal jusqu'à rompre la crédibilité de son récit. Par exemple, Dag finit par plonger dans les eaux glacées au large de l'Islande. Il en ressort trempé sans sembler souffrir du froid, sans se sécher, sans se changer. Wood dépasse largement les limites de la licence artistique pour tomber dans l'invraisemblable. Fiona Staples effectue un travail crédible, voire impressionnant pour la vision d'un volcan en éruption sur le sol islandais. Mais elle n'arrive pas à récupérer les invraisemblances du récit. 2 étoiles.
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- Épisode 20 (Illustrations de Davide Gianfelice) - Brian Wood propose au lecteur de retrouver Sven (personnage principal de Northlanders 1). Il vit sur son île avec sa femme et ses enfants. Mais il sait qu'un jour une équipe de jeunes guerriers viendra pour le tuer afin de prouver leur valeur contre la légende bâtie sur les actes qu'il accomplit lors de son retour.
Brian Wood met en scène le thème classique des jeunes loups aux dents longues qui souhaitent prouver leur valeur en se confrontant à un ancien. Est-ce que l'expérience et la ruse l'emporteront sur la jeunesse et la fougue ? Une fois encore, je veux bien croire à la capacité de l'être humain de survivre sur un vieux caillou tout pelé, mais les illustrations ne me donnent pas assez de détails pour rendre cette hypothèse crédible.
Ces illustrations apparaissent un peu fades, même si les coups d'épée continuent de charcuter et de faire gicler le sang. 3 étoiles pour cette histoire agréable, mais un peu convenue.
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- Épisodes 35 & 36 (illustrations de Becky Cloonan) - En Islande, en 1240, en hiver, Jon Jonsson est un vieil homme (la cinquantaine) qui vit en ermite, à l'écart du village. Il pêche en faisant des trous dans la glace et il vit frugalement dans sa maison. La région est le théâtre d'échauffourées entre 2 familles nobles. Un jour de pêche, Jon découvre le cadavre d'une jeune fille recouvert de glace. Il le ramène chez lui. Mais la milice souhaite installer 2 hommes dans sa demeure.
Fini les invraisemblances et le surnaturel, Brian Wood propose une histoire au tiers dépourvue de phylactères dans laquelle un homme solitaire essaye de percer le mystère d'une mort singulière. Becky Cloonan met cette histoire en images crédibles et sobres. Les paysages enneigés donnent froid rien qu'à les regarder, les séquences muettes coulent d'elles-mêmes. La personnalité du vieil homme est faite d'un soupçon de lassitude, d'un certain détachement, mais aussi d'une vraie envie de vivre paisiblement. C'est un récit remarquable de sobriété et de d'humanité. 5 étoiles.
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Épisodes 42 à 44 (dessins et encrage de Paul Azaceta) - En 871, Val Hauker débarque sur la côte de ce qui s'appellera un jour l'Islande. Il est venu avec sa femme et son fils Ulf. Les conditions de vie sont dures, la terre ne donne pas beaucoup et il faut y mettre beaucoup de force et d'énergie pour en retirer le peu qu'elle donne. D'autres familles ont immigré sur cette île, et la cohabitation n'est pas toujours pacifique. En particulier la famille des Belgarsson convoite les terres de Val Hauker. Ce dernier doit endurcir son fils pour assurer la pérennité de la présence des Hauksson (la lignée issue de Val Hauker). Qui obtiendra la position dominante et à quel prix ? Le premier épisode se déroule en 871, le second en 880, et le troisième en 886.
Paul Azaceta (par exemple dessinateur de Potter's Field) utilise un style reproduisant les lieux naturels, les vêtements et bâtisses avec fidélité, sans être asservi à une reproduction détaillée. Il choisit un niveau de représentation qui permet au lecteur de s'immerger dans ce qui est représenté, sans s'encombrer de détails. D'un côté la lecture s'en trouve facilitée ; de l'autre l'immersion est limitée par ce manque de détails. La mise en page est efficace, sans être flamboyante, les actions sont énergiques, sans être épiques, sans qu'Azaceta n'exagère la force ou la virilité des individus. D'un côté, Azaceta se met au service du récit et décrit des individus de manière réaliste ; de l'autre son application empêche le récit de décoller visuellement, elle prive le lecteur de surprise visuelle.
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- Épisodes 45 à 47 (dessins et encrage de Declan Shalvey) - Cette partie se déroule durant les années 999 et 1000, au début de l'évangélisation de l'Islande, par les chrétiens. La cinquième génération des Hauksson est représentée par Mark et Brida, frère et sœur. Le frère représente l'autorité aux yeux des islandais et la famille Hauksson jouit d'une position politique dominante dans la société islandaise. La sœur constitue le cerveau derrière les actions du frère avec une vision claire des intrigues à mener pour assurer la pérennité de cette position dominante et pour assurer la continuité de la lignée des Hauksson. Leur clan se heurte toujours à celui des Belgarsson, mais aussi à une nouvelle force dont l'influence se fait sentir dans des changements d'allégeance : la religion chrétienne et ses prêtres.
Declan Shalvey (plus connu pour son travail sur les superhéros de l'équipe des Thunderbolts, par exemple Like lightning) adapte sans difficulté son style à celui de la série, et la transition avec Paul Azaceta se fait sans douleur. Lui aussi se plie au récit pour décrire de son mieux les actions, sans réussir non plus à apporter un petit plus à la narration. Malgré cela, il réussit quelques images plus marquantes qu'Azaceta (peut-être du fait d'un scénario plus propice), comme par exemple une chute d'eau, une grève déchirée par les rochers, une aurore boréale, et une magnifique conversation enténébrée du fait de la faible lueur des bougies.
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Épisodes 48 à 50 (dessins et encrage de Danijel Zezelj) - En 1260, Godar Hauksson représente la dixième génération des Hauksson. Il s'est attelé à la tâche de rédiger l'histoire du clan, tout en continuant à le faire prospérer sur le plan économique par le jeu des alliances. La famille Hauksson est l'une des plus puissantes de l'île, sur les plans politique et économique (mais pas la plus puissante). Osker Hauksson (onzième génération, époux de Freya) rejette la stratégie de Godar et souhaite revenir aux vraies valeurs vikings : rétablir la prééminence du clan par les armes et par le feu. Godar refuse de déclarer la guerre aux autres clans dans ce climat politique ; Osker passe outre son interdiction.
Ces 3 épisodes terminent la série en beauté sur le plan visuel grâce à la forte personnalité de Danijel Zezelj. Comme à son habitude, il semble arracher les formes aux ténèbres. Son approche des contours et de l'encrage confère une sensation de destin et de force de volonté aux personnages, mais aussi elle renforce le caractère inhospitalier du milieu naturel. On passe de dessins serviles, à des illustrations qui montrent des individus habités, un environnement vraiment sauvage, et des conflits violents et barbares.
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Tout au long de sa série, Brian Wood a refusé de se cantonner à reproduire une formule toute faite d'histoire en histoire. Il en est de même avec ce tome. Dans un premier temps, le lecteur peut repérer des thèmes récurrents au travers de cette trilogie, et propre à cet auteur. Pour commencer, Wood introduit dans chaque partie un ou plusieurs personnages féminins principaux. Dans ces récits, les femmes ne sont pas cantonnées au rôle d'épouse aimante et de mère de famille modèle. Elles participent aux projets de leurs époux ou concubins, elles les soutiennent, les aiguillonnent, établissent leur stratégie. L'une d'entre elle manie même l'épée, et monte à cheval, tout en assurant toute la gestion administrative du clan.
Le deuxième trait spécifique à la série réside dans la manière dont certains personnages s'expriment. L'exemple le plus manifeste dans ce tome est celui de Brida Hauksson (cinquième génération) qui décrit ses fonctions dans les termes qu'emploierait un individu à notre époque. D'un côté, cette approche anachronique peut rompre le charme de la lecture ; de l'autre elle permet de transcrire la situation sociale de l'individu avec plus d'acuité. Au final, ce mode d'expression sert plus les histoires qu'il ne les dessert.
La troisième particularité des récits de Wood est de savoir créer des personnages dotés d'un solide caractère, différent des précédents, et de raconter une bonne histoire. Ici l'objectif de Wood est de confronter ce qui lui semble être le propre du peuple viking (ambition, soif de découvertes, propension à guerroyer, courage) à l'évolution des caractéristiques d'une société. Ainsi l'âme viking semble parfaitement adaptée à cette terre lors de la phase du peuplement (première partie). Elle semble moins capable de résister au christianisme. Et elle semble incapable de s'adapter à la complexification de la société, à l'évolution de la civilisation.
D'un côté, les actions des protagonistes aux différentes époques sont agréables à suivre, dépourvues de manichéisme et se répondant d'une époque à l'autre, ce qui constitue une lecture agréable et divertissante. De l'autre côté, Brian Wood incorpore la réalité historique d'une bien étrange manière. À la fin de chaque tome de la série Northlanders, je consulte une encyclopédie en ligne pour découvrir les événements historiques évoqués par Wood qui connaît bien son sujet.
Donc, direction la page web dédiée à l'histoire de l'Islande. Il est enfin possible de comprendre pourquoi Wood a choisi ces dates là pour ses 3 parties. En fait, sans connaissance particulière de l'histoire de l'Islande, le lecteur a du mal à saisir les enjeux de chaque période, et pourquoi c'est cette génération qui affronte une crise déterminante. En lisant jusqu'au bout, il apparaît que Wood en réduisant la partie historique à la portion congrue atténue les conséquences pour ces 3 générations, privant ces histoires de leur intérêt principal (la motivation des personnages). Au fur et à mesure de la découverte des spécificités de l'histoire de l'Islande, le lecteur peut même se demander si ces scénarios n'ont pas été conçus un peu trop rapidement.
La fonction de l'Althing (plus vieux parlement du monde fondé en 930) est totalement occultée. Les raisons de l'évangélisation sont passées sous silence, réduisant la présence des prêtres à une fatalité incompréhensible. La scène relative à l'apprentissage de la manipulation de l'arc anglais arrive comme un cheveu sur la soupe. En fait le lecteur finit par se dire que Brian Wood a manqué de place pour pouvoir dire tout ce qu'il voulait dire (même l'évocation de la chasse à la baleine est réduite à un artifice superficiel ne servant qu'à insuffler un peu d'action).
Cette dernière histoire de la série VO laisse le lecteur sur sa fin. Brian Wood semble avoir voulu condenser ses histoires pour tenir dans le nombre d'épisodes alloués par les responsables éditoriaux, avant la fin de la série, aux dépends de la substance des récits, et de leur sens. Paul Azaceta et Declan Shalvey effectuent une mise en images servile et trop sage. Seul Danilej Zezelj propose des visuels évoquant l'ardeur farouche des vikings. 4 étoiles.
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Ce tome fait suite à Low, tome 2 (épisodes 7 à 10) qu'il faut avoir lu avant. Il faut avoir commencé par le premier épisode pour pouvoir comprendre qui sont les personnages et quels sont leurs objectifs. Il comprend les épisodes 11 à 15, initialement parus en 2016, écrits par Rick Remender, dessinés et encrés par Greg Tocchini, mis en couleurs par Dave McCaig.
Della & Tajo Caine arrivent à proximité de la cité sous-marine de Salus, Tajo ayant revêtu l'armure familiale. Elles réussissent à accéder aux appartements de la famille sans se faire repérer par personne, sauf de Lena, une jeune femme, qui se rend compte de leur passage du coin de l'œil. Tajo et Della peuvent pénétrer dans les appartements de la famille car l'ouverture de la porte est toujours programmée pour s'activer à la présence de Della. Elles passent par les appartements de leur mère où flottent encore des bulles holographiques avec des images de leur famille. Elles déclenchent même l'enregistrement vidéo réalisé à l'occasion d'une tentative de photo de famille. Tajo ne comprend pas que sa sœur Della reste insensible à ces souvenirs. Elles commencent à se disputer, et Della indique clairement que l'optimisme systématique de leur mère Stel n'a jamais apporté rien de bon aux membres de la famille, en tout cas n'a jamais empêché aucune catastrophe. Excédée, Della finit par ressortir pour une destination inconnue.
Pendant ce temps sous le dôme de Voldin, le czar Dvonyen est informé que ses agents ont retrouvé une lettre de Della sur le site du vol d'œuvres d'art indiquant que les circonstances l'ont obligé à tuer le lieutenant Wesal et qu'elle a pris sur elle d'infiltrer Salus pour accéder à la sonde et prouver qu'elle ne contient aucune information susceptible de susciter un espoir quelconque. Tajo Caine se rend dans la chambre de Della pour se souvenir de leur enfance. Elle est interrompue dans ses réminiscences par Lena qui se montre et lui déclare être sa sœur. Les deux jeunes femmes évoquent la vie de Marik autour d'une tasse de café. Pendant ce temps-là, Della s'est rendue au temple du Masaje pour s'entretenir avec lui. Elle souhaite évoquer avec lui la philosophie de l'espoir qu'il a inculqué à leur mère et qui n'a jamais apporté rien de bon.
C'est reparti pour une intrigue en montagnes russes, passant de situations où l'espoir est permis, à des situations catastrophiques où la survie des personnages principaux est remise en question, où ils vont subir les pires tourments physiques et psychiques. Le lecteur se souvient des tomes précédents, et en particulier de ce mélange improbable entre drame et dérision, laissant le lecteur sans savoir sur quel pied danser entre la commisération et une forme de raillerie. Du coup, il ne sait pas trop à quoi à s'attendre si ce n'est des coups de théâtre et des retournements de situation, personnages trahis et blessés aussi bien physiquement qu'émotionnellement, retours inattendus de personnages crus morts, et avancée chaotique de l'intrigue. Pour les épisodes de ce tome, Rick Remender a choisi de suivre 2 fils narratifs : celui de Della et Tajo (accompagnées par la nouvelle venue Lena), celui de Stel Caine accompagnée de Zem & Mertali. Le lecteur apprécie que les 2 sœurs soient réunies et qu'elles disposent de temps pour échanger, pour se retourner sur leur parcours respectif et faire le constat que leur vécu personnel a fait évoluer leurs valeurs dans des directions différentes. Il regarde arriver Lena avec un a priori dubitatif quant à la réalité de ses intentions et même de ce qu'elle raconte. Dans ce fil narratif, la défiance est de mise car l'une des sœurs ne joue pas franc jeu, mais plutôt double jeu, voire triple jeu, voire n'ayant en tête que son intérêt personnel et changeant d'allégeance en fonction de là où elle se trouve.
Du point de vue de l'intrigue, le second fil narratif apporte plus de récompenses au lecteur. D'une part, le fil directeur principal avance de manière significative puisque Stel et Zem ont atteint la surface et se rapprochent de la sonde qui contient vraisemblablement des informations sur un monde habitable, un espoir de survie pour l'humanité. D'autre part, le lecteur a le plaisir de retrouver les créatures mi-guêpe, mi-humain, qui torturaient une créature mi-rat mi-humain, jusqu'à ce qu'elle donne naissance à des larves, au début de l'épisode 8. Dans ce fil comme dans l'autre, il survient des retournements de situation majeurs qui donnent l'impression d'être soit arbitraires (un personnage en poignardant un autre en plein ventre), soit trop radicaux (un personnage se mourant d'une exposition prolongée à un trop fort taux de radiation). Pour le cas particulier de ces 2 blessures, le lecteur ne peut faire autrement que de constater que le scénariste prend un malin plaisir à prolonger la vie de ces 2 personnages au-delà de ce qui semble possible au vu de la souffrance qu'ils endurent, de la nature de leur blessure. À nouveau, Remender donne l'impression de pousser son récit vers la farce avec ce genre d'exagération. Dans le même temps, le lecteur ressent une réelle empathie pour ces personnages, le plaçant dans une situation émotionnelle irrésoluble, entre peine émotionnelle et mouvement de recul le faisant sortir du récit.
Pour ce troisième tome, Greg Tocchini a décidé de reconduire la répartition du tome précédent : il réalise les dessins qu'il encre lui-même, vraisemblablement le tout à l'infographie, charge à Dave McCaig d'habiller les contours ainsi délimités. Globalement, l'artiste réalise des dessins au détourage plus poussé, plus précis que ceux des épisodes du tome précédents. Le lecteur n'éprouve plus cette impression de tracé fait à la va-vite, comme une esquisse pas finie. Tocchini utilise aussi bien des traits très fins pour délimiter les contours, que des traits plus gras pour donner du relief, et des aplats de noir pour donner plus consistance à certaines formes. Comme depuis le début du récit, l'intrigue met en œuvre des concepts de science-fiction, et là encore, le lecteur peut apprécier le sens de la conception graphique du dessinateur. Il observe avec plaisir les évolutions sous-marines de Della et Tajo en armure méchanoïde, les projections holographiques de photographies souvenir, les constructions délabrées à la surface de la planète, la magnifique apparition et l'évolution aérienne des créatures mi-papillons, mi mécaniques, la vue d'ensemble de l'accès à la citadelle des créatures mi-guêpes, mi-humaines. Dans le même temps, il remarque aussi que Greg Tocchini s'investit de manière très variable dans les décors, parfois bien décrit, parfois totalement absents plusieurs pages durant en particulier dans le dernier épisode au cours d'une succession d'affrontements physiques.
Même si la conception graphique du monde dans lequel évoluent les personnages a été réalisée en concertation entre le scénariste et le dessinateur (et peut-être même pour jouer sur les envies ou les points forts de ce dernier), le récit en lui-même impose la nature des séquences à représenter. Greg Tocchini se retrouve donc à mettre en images des scènes d'exploration, sous-marines ou terrestre, des dialogues porteurs d'émotions exacerbées, et des affrontements physiques. Pour la première catégorie, il sait prendre le recul nécessaire pour que le lecteur puisse profiter du spectacle. Pour les échanges de propos, il aime bien se focaliser sur le visage des personnages, souvent avec des émotions nuancées, et en mettant en avant le langage corporel dans les postures et les gestes décrits. Les plans de prise de vue des combats permettent de comprendre l'enchaînement des gestes et de voir la violence des coups portés, au point parfois que le lecteur ne puisse pas croire que le personnage soit capable de s'en relever. Dave McCaig effectue une mise en couleurs plus sage que celle de Tocchini dans le premier tome, moins texturée, mais bien adapté. Il sait rendre compte de la forte luminosité sur à la surface de la Terre, des ténèbres des profondeurs sous-marines. Il fait ressortir les différentes formes les unes par rapport aux autres, mais il ne peut pas pallier l'absence d'arrière-plan quand elle dure pendant plusieurs pages.
Bien évidemment, dans ce tome, Rick Remender continue à développer le thème principal de la série : l'optimisme. Della profite de l'occasion de se confronter avec Masaje pour lui dire toute la souffrance que l'optimisme de sa mère a généré, les conséquences d'espoirs fallacieux. Dans le dernier épisode, un personnage expose comment un individu peut se nourrir de l'optimisme d'un autre, comment l'optimisme d'autrui peut l'aider à tenir le coup, à affronter les difficultés et les obstacles. Le scénariste met plusieurs comportements au regard de la fin imminente de l'humanité (à l'échelle de quelques mois) : la volonté de se lancer dans une guerre (une volonté de destruction ridicule au seuil de l'anéantissement de la race humaine), le plaisir de retrouver ce qu'il reste de la surface terrestre (parce que c'est mieux que rien), le travail de sape inéluctable de l'entropie (comparé à une forme de rouille profonde sans retour en arrière possible). Confrontés aux épreuves de la vie, les personnages évoquent également l'obligation de prendre du temps pour faire son deuil d'un proche, l'espoir qui rend la projection dans le futur plus supportable, la dépendance affective et émotionnelle qui rend la manipulation et la traîtrise plus facile. À nouveau la pensée positive est surtout présentée comme une obligation pour faire face à la réalité bien sombre de l'existence et la certitude de la mort.
Tout d'abord, ce troisième tome donne l'impression de corriger le tir : l'intrigue progresse plus et les dessins sont plus consistants. Bien sûr cela provient du fait que Dave McCaig et Greg Tocchini ont pu ajuster les paramètres de leur collaboration, et Rick Remender peut tirer parti des éléments qu'ils ont exposés et développés précédemment. Le lecteur s'est également accoutumé au parti pris un peu schizophrénique de la narration (entre drame et farce). Il découvre donc une aventure plus consistante, à la fois sur le plan graphique et sur le plan de l'intrigue, avec plus de profondeur thématique et plus de sensibilité. Dans le même temps, il peut continuer à être déstabilisé par certaines exagérations, à commencer par la résistance à la douleur et aux blessures des personnages, ou l'apparition incongrue d'animaux anthropomorphes.
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Ce second tome de Northlanders souffre des mêmes défauts que son prédécesseur. Je n'ai pas du tout accroché aux récits souvent soporifique. Rien que la première histoire est un monologue d'un marin qui décide de partir à l'aventure mais qui perd littéralement pied, au point de massacrer ses hommes avant de prendre pied sur un nouveau territoire, le Groenland. Et oui, car ses deux autres défauts, c'est cette propension aux massacres - déjà vue dans le premier tome (mais quand même moins présente) - et cette déception lorsque l'histoire semble prometteuse et qui, finalement, se termine en eau de boudin (pardonnez-moi cette expression mais. Je n'ai pas mieux pour exprimer ma frustration sur l'ensemble de ces récits).
En ce qui concerne le dessin, il y a de tout mais dans l’ensemble c’est plutôt réussi, sauf le dernier récit ; je n’ai pas du tout accroché au dessin.
Il y a tout de même cette préface qui aborde l'histoire et les secrets des vikings qui est passionnante mais ce n'est que 2 pages sur un pavé de récits qui m'ont plus frustré et ennuyé qu'intéressé.
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Deuxième de la trilogie, la couverture correspond cependant à une histoire issue du tome 3.
centré sur l'Islande, le livre se compose de quatre récits ou notamment la dessinatrice de la série SAGA fait des merveilles (on peut aussi ne pas aimer).
On retrouve Sven, issu du premier tome, le revenant, l'immortel, vieux et endurci qui retrouve sa puissance juvénile.
on découvre une lutte ancestrale qui oppose les familles Belgarson et Hauksson pour la gloire et le pouvoir.
Les récits sont faits de rouge et noir...
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J'adore cette série.
Ce recueil est dédié à l'Islande (la conquête, le partage, la politique, le christianisme ...)
Et le principe d'un artiste par numéro permet d'apprécier les talents sans nuire à la lecture.
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Critique express
L'optimisme et le nihilisme continuent de se faire face, par le biais des deux sœurs, embarquées ensemble malgré elles. En parallèle, leur mère cherche à atteindre la surface avec un compagnon de route dont elle se serait bien passée, mais qui se révèle quand même bien utile - malgré sa propension à parler sans cesse.
Rebondissements, bastonnades et créatures farouches au programme, le tout dans une marmite de gloubiboulga à la sauce new-age - vous savez, le genre qui aime placer le mot "quantique".
La couverture, avec ses dégradés orangés annonce bien la couleur : la surface est en vue !
Le dessin est toujours aussi plaisant, les couleurs toujours vives et chaleureuses.
To be continued...
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Ma première pensée une fois ma lecture terminée a été : Quel gâchis !
Les 2-3 premiers tomes sont intéressants et installent beaucoup de pistes pertinentes pour la suite de la série.
Mais ces 3 premiers tomes sont à mon goût gâchés par le 4e mais surtout par le 5e tome qui vient détruire tout ce qui a été construit.
Plus rien n'est cohérent, quelques jours ont passés pour des persos, quasiment des années pour d'autres. Une fille évanouie pendant une semaine arrive avant sa soeur qui a 2 semaines d'avance. Les ennemis ne sont plus les mêmes d'un seul coup sans explications.
Remender n'a pas installé son cadre correctement, n'a pas défini les règles et c'est un bordel sans queue ni tête.
Indéniablement ma pire lecture de l'auteur.
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Si au début je voulais faire un critique tome par tome tant chacun est différent, je vais au final faire une critique globale pour cette série qui m'a vraiment laissé sur ma faim.
Rick Remender est un scénariste que j'apprécie beaucoup, et c'est toujours un plaisir de me lancer dans une de ses séries.
Low n'a pas fait exception, je me suis lancé dans la série avec entrain, les deux premiers tomes, sans être excellent, sont très sympathique est mettent en relief un univers intéressant avec des personnages (principalement féminins) qu'on a plaisir à suivre.
Vint le tome 3, déjà, j'ai ressentit ici une baisse de niveau, un tome qui part un peu ailleurs et n'avance pas vraiment l'histoire mais qui reste tout de même correct.
Les tomes 4 et 5 arrive, et la, c'est le drame. On part encore dans des directions différentes, certains nouveaux éléments viennent contredire des éléments plus anciens.
Remender part littéralement dans tous les sens, son univers est au final très mal défini et on ne le comprend plus, le comportement des personnages est incompréhensible et change d'une page à l'autre...
On à simplement l'impression que l'auteur avait des idées, beaucoup d'idées, et les jettent toutes sur le papier sans avoir de liant entre elles.
Désolé Rick, mais pour moi c'est non.
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