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EAN : 9782290335369
96 pages
J'ai lu (01/11/2003)
  Existe en édition audio
3.59/5   14259 notes
Résumé :
VOLTAIRE
CANDIDE

Le XVIIIe siècle n'est pas seulement le siècle de la philosophie. C'est aussi, et peut-être avant tout, le siècle du voyage et de l'exotisme, une période d'affirmation de soi où l'Orient permet d'accéder à l'essence humaine. Somme des expériences de Voltaire en 1759, Candide est l'expression mythique d'un itinéraire personnel. L'intrigue prend la forme du voyage dans un monde de souffrances, de préjugés et de guerres, ou du rom... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (346) Voir plus Ajouter une critique
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sur 14259 notes
Quel est le degré d'ironie contenu dans la fameuse ritournelle de Pangloss : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles » ? Non, non, je ne plaisante pas, aussi étonnante et indéfendable que cela puisse paraître, je pose sérieusement la question.

Lorsque j'étais lycéenne (Oh ! pour elle, ça date ! comme disait Anouar), on m'a présenté Candide comme l'un des textes fondamentaux de Voltaire où celui-ci démolit Leibniz en le ridiculisant sous les traits d'un vieux philosophe gâteux et complètement à côté de la plaque nommé Pangloss. Il est vrai qu'à l'époque on n'avait pas pris le temps de me présenter les travaux de Leibniz ou de Rousseau ni même d'autres textes de Voltaire, au premier rang desquels on pourrait placer le Monde Comme Il Va.

Ainsi, j'en étais restée, dans mes années lycée, à une sorte de règlement de comptes entre philosophes dont Voltaire était sorti grand vainqueur en dégainant ce seul Candide. Mais maintenant que ma peau est beaucoup moins lycée, qu'on peut même avouer sans honte qu'elle se fait chaque jour plus ridée, j'ai une vision très différente de Candide et qui m'est plus personnelle.

Il convient, avant de vous noyer sous une quelconque opinion individuelle toujours sujette à caution, de vous parler un peu de l'écrit lui-même. Il s'agit d'une narration de taille modeste, segmentée en trente courts chapitres dans lesquels Voltaire fait endurer à son héros un rude voyage initiatique aux quatre coins de la planète.

Candide, fils illégitime issu de la noblesse Westphalienne se voit chasser du château où il a toujours vécu pour avoir osé poser les mains sur sa délicieuse cousine Cunégonde, qui elle ne s'en offusquait pas. Candide se retrouve alors sur les routes poussiéreuses qui ne tardent pas à le conduire là où il y a la guerre. C'est l'occasion pour le jeune héros de méditer les épigrammes et dogmes de Pangloss, maître de philosophie dans le château dont il vient d'être expulsé.

Chaque situation est un prétexte à étriller, qui la noblesse, qui tel ou tel ordre religieux. Les références de Voltaire à l'actualité de son temps sont omniprésentes et ne font plus toujours sens de nos jours. Néanmoins, ce conte philosophique est un exemple de limpidité d'écriture, facile à lire à tout âge et à toute époques, hier bien entendu, mais aujourd'hui encore et ce pour bien des siècles à venir.

On a tendance à souligner les nombreuses infortunes de Candide et de ses compagnons (car en route il se fait une demi-douzaine de compagnons qui ont des visions diverses de l'existence et qui disputent avec lui). Or, Candide, à de nombreux moments de l'histoire, jouit de véritables coups de chance. L'auteur s'en donne à coeur joie sur la mauvaise façon qu'a le jeune et naïf héros d'interpréter ces quelques instants de fortune, comme étant la preuve irréfutable de la validité de la thèse de Pangloss.

D'Europe de l'est en Pays-Bas, en passant par le Portugal puis l'Amérique du sud, la France bien entendu, l'Angleterre, Venise ou enfin Constantinople, de fortunes en infortunes, Candide apprend peu à peu ce que c'est vraiment que la vie et surtout, à se méfier des formules toutes faites du très docte Pangloss… Il va perdre beaucoup de ses illusions, rencontrer beaucoup de coquins, mais aussi, il faut bien l'admettre, deux compagnons valables, que sont Cacambo, le pragmatique et Martin, le sage désenchanté, l'un et l'autre étant, à n'en pas douter, des avatars de Voltaire lui-même.

Ce que je vois maintenant dans Candide, à l'aune de ma peau aussi fripée que celle de Cunégonde en fin d'ouvrage, à chaque coin de page, sous chaque allusion, au creux de chaque moquerie, c'est une bourrade farouche contre la religion. Et si moquerie il y a, si dénonciation de ridicule il y a dans la vision optimiste du monde, telle que défendue par Alexander Pope, Gottfried Wilhelm Leibniz ou Jean-Jacques Rousseau notamment, c'est dans la naïveté de croire qu'il existe un dieu juste et rédempteur, avec une finalité nécessairement bonne et positive. Ce n'est pas tant l'homme Leibniz, ou le philosophe qui sont cibles selon moi, mais bel et bien la religion. Ce qui horripile Voltaire, c'est de vouloir à tout prix faire coller une réflexion philosophique (par essence alerte et indépendante) à un dogme religieux (par essence sclérosé et indéboulonnable).

Pour Voltaire, l'homme est viscéralement pourri, incurable et bouffé de vices, son mal est insoluble. Soit l'on se résout à l'accepter comme tel, soit l'on abrège d'urgence ses souffrances à l'aide d'une lame tranchante ou d'une corde au cou. Et si optimisme il peut y avoir, c'est que sachant cela, connaissant l'homme tel qu'on le connaît, on puisse malgré tout, de temps en temps, en attendre de belles surprises, des élans de beauté et de grandeur dont on ne le jugerait pas capable.

J'en suis désormais portée à croire qu'à l'opposé d'un Leibniz, qui dans son Théodicée s'évertuait à faire le grand écart entre les incohérences soulevées par sa pensée philosophique et l'idéal d'un dieu juste et bon, qui en venait à justifier le mal du monde par le fait qu'un Dieu de perfection n'autorisait le maléfice que pour libérer un bienfait subséquent et supérieur au mal enduré, Voltaire nous dit deux choses dans son Candide :

1°) Eu égard à l'humain tel qu'il est constitué, aussi vil et pendable qu'il puisse être, l'équilibre atteint, malgré ses nombreuses imperfections, est quasiment ce qu'on peut attendre de mieux. Derrière chaque corruption, derrière chaque acte malveillant, chacun en tirant à soi la couverture crée une sorte d'équilibre « vivable », qui tient en respect les penchants abjects des autres, lesquels penchants pourraient s'épanouir librement si notre propre mal potentiel n'exerçait point de menace.

(D'où ma question du départ à propos du degré d'ironie contenu dans la formule : tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Pour Leibniz, c'est le meilleur des mondes possibles car c'est le monde créé par un dieu parfait, pour Voltaire, c'est le meilleur des mondes possibles car il est le résultat d'une neutralisation, une forme d'équilibre instable mais acceptable des penchants malsains et hautement imparfaits de chacun.)

2°) N'attendez rien d'un dieu quelconque. Voltaire, par son final, reprend à son compte le fameux proverbe « Aide-toi et le ciel t'aidera ». En bref, « Retrousse tes manches, bonhomme, compte sur toi-même et ton seul travail. Tantôt tu auras un coup de pouce de la chance, tantôt une belle tuile au coin du nez. N'y vois rien de divin, seulement les hauts et les bas de la roue de la Fortune. Pouvoir, Argent, Beauté, Gloire de quelque nature qu'elle soit, tout cela ce sont des futilités, justes bonnes à te rendre malheureux, bonhomme. Ce qui compte, c'est d'avoir une petite vie simple, les pieds sur terre, côtoyer les gens que tu apprécies, sans en attendre des miracles de bonté, de beauté ou d'esprit et de surtout rester toujours loin, très loin de ce qui brille. »

J'en terminerai en vous disant simplement que j'ai aimé ce conte, alors que j'étais jeune et naïve et que je l'aime encore, sans doute pour des raisons différentes, en étant moins jeune et moins naïve. Alors, il n'y a vraiment pas de raison d'hésiter si vous avez peur des vieilleries, peur d'être déçus, peur de je-ne-sais-quoi-encore, Candide, c'était, c'est et ça restera du solide. Mais bien sûr, ceci n'est pas le meilleur avis qu'on puisse imaginer dans le meilleur des mondes possibles, c'est juste un avis, un tout petit avis, un grain de sable sur la plage, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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"Il faut cultiver notre jardin.....extraordinaire"
.... j'aurais dit "euh....Charles ...Pré-vert",
c'était pendant... ma période scolaire !

Certes j'ai pas inventé le paratonnerre
Franklin, je voyais que la tortue de mer
J' suis pas devenu soûlot
J'connaissais même pas Cousteau,
Mais qu'est que tu vas faire ?
Je pensais peut-être Hélicoptère !
Paroles en l'air à la Jacques Prévert
ou bien comme Dutronc, hôtesse de l'air
dépêche-toi reviens sur terre.....

Aérophagie dans l'étable
A cause du veau, qu'a bu l'air
Hugo, un Chêne mis érable,
dans une légende séculaire
En fin de Conte, je serai Comptable
Des rouges oeillères, à ma boutonnière.

Mornes automnes, tendres printemps, rudes hivers,
Mots passant, bêêêle à mi-été, meuh des bouts solaires
Donc pas de période Littéraire, que des galères
le français restera matière secondaire, aucun volontaire
Dans le technique parler corsaire comme nécessaire
Devoir en vers très réfractaires....

U = R.I CQFD restera mon Abécédaire
2017 annonce l'An Pire, 2018 sera l'An Pair
Tant qu'il y aura des Ohms, Résistance d'enfer
Je, j'assume, et dans un langage pas très maternel,
nous nous étamèrent (oups nounou et ta mère ! tout s'emmêle, rendez moi les mamelles)
avec intensité, y'a Volt, ils s'électri-Fiers
les révolutionnaires enfin.... se Re-Voltaire .



PS: soyez pas trop critiques dans vos commentaires ;-)

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Au pays de Candide, c'est comme dans tous les pays. On souffre, on guerroie, on périt. Il y a beaucoup de méchants et peu de gentils.
Il faut vraiment que le confinement tamise mes lumières pour rapprocher le chef d'oeuvre satirique De Voltaire au générique d'un dessin animé de feu Récréa 2… Enfin, soyons optimistes pour la suite, mais pas autant que Candide ou le philosophe Leibniz dont la pensée métaphysique affirmait que le mal n'était que l'ombre du bien et voyait la providence en toute chose, même après le tremblement de terre à Lisbonne en 1755. L'ancêtre de la pensée positive et de nos coachs en bonheur artificiel. Voltaire bâtit en partie son conte philosophique en réaction et confronta Candide le bien nommé aux souffrances du monde. Je crois que je viens de relire ce petit bijou pour me vacciner par avance contre tous les oracles qui vont déclamer que le Covid est une punition divine ou une revanche de mère nature.
Candide grandit naïvement dans un château à l'abri de besoin, instruit par Pangloss, avatar de Leibniz qui lui serine que tout va bien dans le meilleur des mondes. le chant des petits oiseaux s'enroue quand il est surpris à échanger un peu de salive avec Cunégonde derrière un paravent. Il se fait chasser par le baron, tel Adam du Paradis terrestre, pour avoir pécho la chair.
Candide va partir en voyage désorganisé autour du monde, traverser des champs de bataille qui ressemblent à des étals de bouchers, arriver tremblant à Lisbonne au moment du séisme, traverse l'Atlantique pour découvrir l'esclavage, verser dans l'utopie à la découverte de l'Eldorado, débarquer en France pour se faire friponner, voir Venise et manquer mourir… à Constantinople.
Heureux hasard de la fable et de l'aventure, Candide retrouve la trace de sa dulcinée, de son maître à penser et se laisse guider par plusieurs « Sanchos » touristiques, dont un dévoué Martin, contrepoint pessimiste mais guère plus visionnaire que l'optimiste Pangloss. Candide en vient à la conclusion raisonnable qu'il est préférable de se limiter à la culture de son petit jardin. Don Quichotte de retour dans la vraie vie.
En 2020, l'oeuvre De Voltaire, guide du routard de l'époque, coqueluche des salons et des cellules de prison (il fit plusieurs séjours en cellule dont un à la Bastille à cause de ses bons mots), mondain épicurien ulcéré par l'injustice, est toujours divertissante, malicieuse et imprégnée d'universalisme et d'humanité. Une plume facile pour laquelle je remonterai bien le temps pour quémander un autographe.
Un conte dont la lecture ne me lassera jamais et qui semble encore aujourd'hui aussi lucide que le vieux Voltaire nu du Louvre, sculpté par Jean Baptiste Pigalle, quand vous essayez de soutenir son regard fantaisiste. Il reste de marbre…de Carrare.
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Honte à moi qui, bien qu'ayant quelques milliers de livres au compteur ne connaissais pas Voltaire !
Ou peut-être que si. En remontant dans mes lointains souvenirs de Lycée (ça date), je me revois peinant sur ces textes insipides, auquel je ne comprenais rien, qui me paraissait d'un ennui mortel et qui m'ont attiré quelques si mauvaises notes que ma mère en fut un temps désespérée.
Bref, les classiques, plus jamais et Voltaire encore moins.
Les imbéciles seuls ne changeant jamais d'avis, je viens de lire Candide, ce chef d'oeuvre.
Et oui, je n'y crois pas, j'ai savouré chaque ligne, dégusté chaque mot de ce texte.
J'ai suivi avec passion les traces de Candide à travers le monde, allant de Russie, au Brésil en passant par Lisbonne... pour retrouver son bel amour interdit, Cunégonde.
Décidément Candide fût une grande découverte.
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Cette critique peut heurter la sensibilité de certains lecteurs.

Madame est servie, engrossée jusqu'au bout des nichons, madame se prélasse son cul enfoncé dans le canapé pendant que monsieur se la joue « Tony micceli », persécuté par la modernité d'une femme émancipée par des années d'une lutte acharnée, pour enfin pouvoir se reposer en se trifouillant le périnée… Bande de « chaudasse »… Bientôt la Binouse remplacera les régimes Ô combien nécessaire après quelques années pour faire plaisir aux gros hommes raffinés…

Alors moi sexy avec mon chiffon et mon éponge imbibée, récurant l'évier et javellisant la cuvette des WC pour mon plaisir maniaque de part ma mère, ma soeur et ma grand-mère, je chantonne au rythme des coups d'aspirateur sur une musique entrainante…. et je le fais tous les dimanches, tu parles d'un homme tiens…

« Mais tout va le mieux qu'il soit possible… »

Mais Candide-t-on de moi quand on en parle ?

- behh on n'en parle pas voilà tout…

Comment ça ? moi qui rêvasse de jour comme de nuit de ma vie qui passe, depuis le jour de ma naissance, bénit officiellement un dimanche, moi qui fût baptisé trop jeune pour me sauver, par un travesti en robe blanche engagé par notre père… d'après cet affreux, nous étions frère, heureusement que maman fût courageuse pour me faire en deuxième, ce premier étant curé et visiblement pédé, mieux valait oublier le premier, et arroser le deuxième au son des cloches…

- Mais on s'en fout voilà tout…

Traumatisé trop jeune, j'ai continué un moment dans cette débauche de vérités au nom du père, de son fils et d'un saint esprit… alors « queue » mon père qui cultivait le poivrot d'une façon fâcheuse et titubante m'enseigna le « sein » d'une manière plus alléchante et d'une chatte bien léchée, il avait une préférence pour la marie couche toi là : toujours « prêtre » à ne piper mot pour toucher la croix à la « Sein-Claude »… après quelques dérapages de mon paternel sur le parquet, ma bourgeoise de mère décida de me poser sur le siège de sa 2 chevaux, et tira sur les rênes pour m'emmener voir du pays chez sa maraichère de mère, une vieille dame en guenille qui voulait absolument être ma grand-mère…

- Je m'endors voyez-vous..

Allons bon, j'ai fini par pousser sur mes deux jambes, catholique convaincu jusqu'à mes 12 ans…ensuite c'était pire, à 13 ans mes jambes ont arrêté de pousser et ma pensée s'est affûtée…

- Enfin me direz-vous…

Et la guerre a continué, des familles ont été massacrées, des gens ont été torturés, des femmes ont été lapidées ou violées… la famine a stagné, les catastrophes naturelles ont empiré, les riches ont ignorés, les pauvres ont espéré, les riches ont rigolé, les pauvres ont pleuré… des choses se sont améliorées, mais surtout pour les gens bien nés…. les autres n'ont pas regardé…

Mais tout va bien dans le meilleur des mondes… surtout quand on est Candide..

Voltaire était drôle, mon CFA d'ébénisterie se trouvait Boulevard Voltaire, pourtant j'étais plus intéressé par le cul des tapissières, que par le nom de la rue dans laquelle j'apprenais mon métier, mais grâce à vous je me plonge aujourd'hui dans la prose de l'artiste…. un délice d'ironie dénonçant tout l'absurdité qui caractérise l'humanité, complètement d'actualité, à croire que rien n'a vraiment changé :

Alors enculé un jour, enculé toujours…

Et pour les siècles des siècles…

A plus les copains…

Ps souvenir : http://www.youtube.com/watch?v=jfbdxxRKj9Q
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Citations et extraits (347) Voir plus Ajouter une citation
Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : « Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux ; tu as l’honneur d’être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. » Hélas ! je ne sais pas si j’ai fait leur fortune, mais ils n’ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes, et les perroquets, sont mille fois moins malheureux que nous ; les fétiches hollandais qui m’ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d’Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germain. Or vous m’avouerez qu’on ne peut pas en user avec ses parents d’une manière plus horrible.

Chapitre XIX : CE QUI ARRIVA À SURINAM, ET COMMENT CANDIDE FIT CONNAISSANCE AVEC MARTIN.
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"[...] Le grand homme ! dit Candide, c'est un autre Pangloss.""
Alors se tournant vers lui, il lui dit : "Monsieur, vous pensez sans doute que tout est au mieux dans le monde physique, et dans le moral, et que rien ne pouvait être autrement ? - Moi, monsieur, lui répondit le savant, je ne pense rien de tout cela; je trouve que tout va de travers chez nous, que personne ne sait ni quel est son rang, ni quelle est sa charge, ni ce qu'il fait, ni ce qu'il doit faire, et qu'excepté le souper qui est assez gai, et où il paraît assez d'union, tout le reste du temps se passe en querelles impertinentes; jansénistes contre molinistes, gens de parlement contre gens d'église, gens de lettres contre gens de lettres, courtisans contre courtisans, financiers contre le peuple, femmes contre maris, parents contre parents; c'est une guerre éternelle."
p137

Chapitre XXII Ce qui arriva en France à Candide et à Martin.
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"[...] Croyez-vous, dit Candide, que les hommes se soient toujours mutuellement massacrés, comme ils le font aujourd'hui ? qu'ils aient toujours été menteurs, fourbes, perfides, ingrats, brigands, faibles, volages, lâches, envieux, gourmands, ivrognes, avares, ambitieux, sanguinaires, calomniateurs, débauchés, fanatiques, hypocrites et sots ? -- Croyez-vous, dit Martin, que les éperviers aient toujours mangé des pigeons quand ils en ont trouvé ? -- Oui, sans doute, dit Candide. --Eh bien, dit Martin, si les éperviers ont toujours eu le même caractère, pourquoi voulez-vous que les hommes aient changé le leur ? -- Oh ! dit Candide, il y a bien de la différence, car le libre arbitre..."

Chap XXI Candide et Martin approchent des côtes de France et raisonnent.
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Je fus mise en prison. Mon innocence ne m’aurait pas sauvée si je n’avais été un peu jolie. Le juge m’élargit, à condition qu’il succéderait au médecin. Je fus bientôt supplantée par une rivale, chassée sans récompense, et obligée de continuer ce métier abominable qui vous paraît si plaisant à vous autres hommes, et qui n’est pour nous qu’un abîme de misère. J’allai exercer la profession à Venise. Ah ! monsieur, si vous pouviez vous imaginer ce que c’est que d’être obligée de caresser indifféremment un vieux marchand, un avocat, un moine, un gondolier, un abbé ; d’être exposée à toutes les insultes, à toutes les avanies ; d’être souvent réduite à emprunter une jupe pour aller se la faire lever par un homme dégoûtant ; d’être volée par l’un de ce qu’on a gagné avec l’autre ; d’être rançonnée par les officiers de justice, et de n’avoir en perspective qu’une vieillesse affreuse, un hôpital, et un fumier, vous concluriez que je suis une des plus malheureuses créatures du monde.

Chapitre XXIV : DE PAQUETTE, ET DE FRÈRE GIROFLÉE.
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Extrait de Notice sur Candide- 8 Les personnages- Les autres personnages :
-Prococurante (ch. XXV) (nom qui signifie "qui se soucie de peu de choses") devant tant de solutions possibles, sera pour Candide la tentation du scepticisme. Son esprit est à l'image de Venise, un jeu de reflets et de miroirs. Pour lui, comme pour Martin, tout se vaut. Cette attitude est le résultat d'une culture qui, à force de raffinement, a perdu sa raison d'être. Détaché de toute chose, il est à la fin détaché de lui-même et se regarde exister. Comblé de richesses, il ne possède rien. La vie se dérobe à sa prise et n'a plus de sel. A force de vouloir la tenir à distance il a perdu contact avec elle. Il reste spectateur de sa propre inutilité.

p27
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