David Alliot

Lucette me parle de Louis : « Sur la fin de sa vie, il se rapproche beaucoup de la nature. Un jour, il m’invite à venir contempler un petit brin de muguet qui vient d’apparaître dans l’herbe du jardin. L’essentiel de nos échanges se fait sans les mots. Les vibrations de ses émois me parviennent sans transiter par eux. Je le vois, je le sens émerveillé par cette humble, fragile petite chose et la force de vie qui l’a fait apparaître. Dans une silencieuse communion nous partageons l’Émerveillement. »

À Copenhague, Lucette donnait à manger à tous les chats du quartier :

« En prison, Louis, dans une lettre, me demandait de me souvenir du petit chat abandonné sous la voûte. Il s’en référait toujours au plus faible, au plus démuni, au plus abandonné. »

« Le dialogue entre nous se faisait silencieux. Nous pouvions rester des heures et des heures sans parler. Des ondes entre nous. J’avais de la compassion pour lui. Je le savais si malheureux, si fragile au fond. Il s’est volontairement durci pour lutter contre ce qu’il croyait le Mal, alors qu’il y avait en lui une tendresse infinie. Tout seul dans cette épreuve, trop seul, il s’est épuisé. Louis est mort de fatigue. »