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Citation de lolitajamesdawson


Une rupture est toujours encombrée par le flou, les non-dits accumulés, et souvent des mensonges énoncés pour ne pas blesser.

Un homme se mit à lui parler : elle se dit qu'elle pourrait coucher avec lui puisqu'elle était seule maintenant. Enfin, pas coucher, mais s'offrir sans la moindre raison, à part peut-être celle de se salir, de fuir, ou de mourir.

Elle se rendit compte à quel point il était facile de ne pas être soi : elle avait imaginé que tout le monde lirait sur son visage son désarroi. Rien de tel, Berthier, comme tous les figurants de sa journée, ne constaterait rien de particulier. Cela accentuerait son malaise. Bien sûr, elle ne voulait rien montrer de ce qu'elle éprouvait, mais cette mascarade générale la propulserait dans l'évidence que nous sommes, quoi qu'il arrive, irrémédiablement seuls.

Elle observa le cadre vide, et la symbolique lui sauta au visage. C'était sa vie, sa nouvelle vie. Un cadre, avec rien dedans.

Elle voulait connaître le passé amoureux d'Etienne ; ce passé qui la plaçait face à une douloureuse évidence : il avait aimé plus intensément avant elle.

Il avait fini par se dire que certaines histoires meurent d'avoir commencé trop tôt ; Iris n'avait pas assez vécu, et c'était un poids dans son coeur. Il ne pouvait pas lutter. Elle le laissa, et il demeura hébété par cette fin absurde.

Elle proposa de rester en contact, mais il fini par couper tous les liens ; il préférait l'absence d'Iris à des petits bouts de conversation disséminés ici ou là, errant comme des âmes perdues. Étienne allait parfois voir sur Instagram les photos d'Iris, mais finalement cela faisait trop de mal. Il passa donc à la seconde rupture : celle des réseaux sociaux, en la "bloquant " sur toutes ses pages. Elle fit de même : la fin d'un amour moderne.

Elle qui avait écrit un mémoire sur Flaubert compris réellement le sens de cette phrase qui évoque la rencontre de l'être aimé : L'univers venait tout à coup de s'élargir.

Mathilde eut le sentiment de reconnaitre cet homme, qu'elle ne le rencontrait pas pour la première fois, mais qu'il existait déjà en elle, comme une sorte de prémonition amoureuse.

Tous les couples, dans une excitation narrative, adorent se remémorer les détails de leur première fois. Ils estiment souvent que tout dans leur rencontre a été fou ou incroyable alors que, la plupart du temps, tout n'a été qu'éclat de la banalité.

Pourtant, elle se disait que si leur histoire reprenait un jour, cela serait cette fois sur de bonnes bases ; elle avait vécu, il avait mûri.

Elle finit par considérer, l'enfant à venir comme un ennemi de son propre avenir.

Ce fut un vertige. C'était bouleversant de retrouver ce corps déjà connu, déjà aimé si longtemps auparavant. Le sentiment de découvrir quelque chose qui existe déjà en nous. Un jour, Etienne ne sachant comment dire les choses, avait balbutié à Mathilde : Je ne me sens pas bien en ce moment. Il n'était pas bien car il anticipait la souffrance qu'il allait lui infliger : il en était obsédé. Mais d'un autre coté, il ne s'était jamais senti aussi bien en ce moment.

Mathilde avait désiré rester seule. Chacun possède son propre chemin vers la consolation, son mode d'emploi pour tenter de chasser la douleur. En ressentant la bienveillance de sa sœur, elle se dit que c'était absurde de penser qu'elle pourrait s'en sortir ainsi. Elle avait besoin de ses proches ; ils devaient l'aider à porter la souffrance qui était en elle.

On peut mesurer bonheur à la cadence de chacun dans la rue. C'est toujours bon signe d'être pressé ; on est forcément attendu quelque part.

Elle se dit aussitôt, avant même de pouvoir prononcer le moindre mot, qu'elle l'aimerait pour toujours. C'était effroyable. Ce sentiment évident que sa douleur ne pourrait jamais s'estomper s'il ne revenait pas.

Je meurs depuis ton départ. Je ne sais pas comment je vais pouvoir vivre sans toi. Et te voir ici accentue ma souffrance. Tu es si beau Etienne. Tu me manque tant. Chaque matin, chaque soir, chaque minute. C'est atroce. Tu ne peux pas me faire ça. On s'aime. Dis-moi qu'on s'aime. Depuis que tu es parti, je ne sais plus qui je suis. Je prends des médicaments pour dormir, et puis d'autres pour me réveiller. Je m'accroche pour ne pas sombrer. Voilà comment je vais.

L'usure n'existait pas qu'en amour. On pouvait, au bout d'un moment, surtout avec la même personne, éprouver le sentiment que les conversations se transforment en impasses. Et c'est une sensation qui peut s'aggraver dans le contexte professionnel, quand les discussions tournent sans cesse autour des autres collègues et des histoires récurrentes d'un milieu clos.

Qui pouvait prédire la durée d'une mauvaise passe ? Quand on vivait une période difficile, elle pouvait durer toute une vie. Ou alors, avoir des conséquences sur toute la suite de sa vie.

Elle jeta un dernier regard vers le salon avant de fermer la porte. Elle voulait observer encore un peu cette vie qui n'existerait plus. Et enfin elle quitta les lieux. Tout était fini.

Agathe s'extasiait d'une manière appuyée sur tel ou tel moment de l'adolescence, tentant de rendre extraordinaires les moments les plus insipides. On offre si facilement aux anecdotes du passé une saveur quasi mythologique.

Elle avait perçu comme une lumière dans l'œil de Frédéric. Cette même lumière qu'elle ne voyait plus quand elle s'adressait à lui. Elle s'était subitement souvenue de leurs premiers mois, quand ils parlaient pendant des heures, et s'émerveillaient de découvrir chaque parcelle de la vie de l'autre. Elle fut attristée par l'idée que cette complicité avait presque disparu.

Les humains traversaient l'histoire avec une nonchalance croissante ; l'excès d'informations en toute chose aboutissait à une diminution sidérante de la capacité à s'enthousiasmer. C'était frappant avec les enfants ; ils considéraient comme acquis de voir un dessin animé, et l'accueillaient souvent d'une manière blasée ; et, plus encore, ils pouvaient passer à autre chose en pleine histoire, sans sacraliser le moment. Avant, les enfants attendaient un dessin animé toute la journée avant de ressentir une intensité inouïe au moment où il était diffusé à la télévision. La disponibilité permanente de toute chose curieuse avait donc conduit à une baisse de libido curieuse.

Il arrive qu'on se confie non par nécessité intérieur mais pour rassurer l'autre (une des perversions de la vie sociale).

La meilleure façon d'éviter de parler de soi est de mettre la lumière sur l'autre.

Plusieurs fois, elle s'était posé la question : est-ce que ce ne serait pas la meilleure façon d'oublier Etienne que de salir son corps ? Coucher avec n'importe qui, les hommes les plus insignifiants, diluer le souvenir du corps d'Etienne dans une multitudes d'autres corps. La vérité était tout autre. Elle ne valait plus rien. Elle voulait être froissée, méprisée, pourquoi pas violentée, pour se sentir en adéquation avec ce qu'elle pensait d'elle-même.
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