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Citation de Oliv


Hector regarda son jeune frère, et lut l'admiration dans ses yeux. La peur lui tordit le ventre. Pendant la bataille de Carpéa, il était passé plusieurs fois à un doigt de la mort : un coup d'épée bien ajusté, une flèche ou une lance auraient pu lui percer la gorge. Une pierre lancée par une fronde aurait pu lui fracasser le crâne. Et, en fait, si Banoclès n'avait pas conduit cette charge presque suicidaire sur l'arrière-garde de l'ennemi, il serait en ce moment sur la route ténébreuse. Il eut un instant envie d'en parler à son frère, de lui révéler ses peurs, ses mains tremblantes, les nuits sans sommeil... Et, pis, la douleur persistante dans son épaule gauche, et l'ankylose du genou droit. Il aurait voulu dire : "Je suis un homme, comme toi, Dios. Comme tous les hommes de ce camp. Je récolte des blessures, des meurtrissures. Je vieillis. Et si je continue à combattre, un jour ma chance m'abandonnera et ma vie avec elle."
Mais il ne dit rien. Pour Dios, pour l'armée, pour le peuple de Troie, il avait depuis longtemps cessé d'être Hector, un simple être humain. Il était désormais, comme le défilé prévu le lendemain, un faux-semblant, le symbole étincelant de l'invincibilité troyenne. Et, avec chaque jour qui passait, il était de plus en plus fermement enchaîné à ce mensonge.
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