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Citation de VALENTYNE


OK, papa dit qu’il faut pas marcher sur les mains, alors je le fais plus. Mais aussitôt je pense : et maintenant qu’est-ce que je fais ? Comment je tiens, moi ? Vous m’avez compris ? Comment je sauve ma peau ? Comment je fais pour ne pas mourir si je me remets à l’endroit ? C’est comme ça que ça se passait dans ma tête agitée. Bon, très bien, il veut me voir marcher comme tout le monde ? Je ferai comme il veut, on ira sur les deux pieds, pas de problème. Mais alors je vais avancer comme une pièce d’un jeu d’échecs, vous voyez ce que je veux dire ?
L’assistance le regarde, interloquée, en cherchant à comprendre où il l’embarque.
Un exemple – il glousse et nous invite par une mimique compliquée à rire de conserve. Un jour, je marchais du matin au soir, toute une journée, en diagonale comme le fou. Un autre jour, j’avançais tout droit, comme la tour. Un autre jour, je sautais comme le cheval, tic-tac, de-ci de-là. Et les gens que je croisais, je les considérais comme des adversaires aux échecs. Ils en avaient pas conscience, comment l’auraient-ils su ? Mais chacun était un pion, et la rue, la cour de récréation, mon échiquier à moi…
Je nous revois marchant côte à côte en discutant, et lui me dépasse, virevolte autour de moi, surgit d’ici, vient de là. Qui sait dans quel jeu bien à lui j’ai été embringué.
J’arrive, disons, en jouant le cheval devant mon père, pendant qu’il découpait ses chiffons dans la pièce où ses jeans étaient entassés – croyez-moi, il y a quelque part un lieu dans l’univers où cette phrase revêt un sens logique -, et je me tenais debout sur le carrelage à l’emplacement stratégique où je pouvais protéger ma mère, la reine. Et je me retrouvais ainsi entre ma mère et mon père, et dans mon for intérieur je disais : échec. Je lui laisse quelques secondes pour exécuter sa manœuvre, et s’il ne s’est pas c’est pas placé à temps sur une autre dalle, c’est mat. Pas complètement fou, ce gamin là ? Vous ririez pas si vite si vous saviez ce qu’il avait dans les neurones ? Vous penseriez pas : « Regarde un peu comment ce taré a gâché son enfance » ?
P97
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