Il faudra qu'elle empêche Ariel de se faufiler par toutes les fentes de ses fantasmes, de son imagination. Il faudra lui interdire d'envahir ses rêves, les moments ou ses pensées s'évadent. Qu'il ne s’introduise pas dans ses lectures, dans les musiques qu'elle écoute. Que ces temps morts ne soient pas nourris du désir ardent d'un appel de lui, d'un contact qui n'arrive pas. Elle sait que le seul plaisir venant de lui dont elle peut jouir, c'est celui que provoque cette piqûre de douleur, cette sorte de conformisme désolé. Elle est triste, mais au moins cette tristesse est à elle, elle l'a fabriquée avec ses attentes, personne ne l'a provoquée, elle n'est victime de personne. Elle se sent bien dans cette souffrance, qui ne la gène pas. Elle se détend. En attendant. Elle ne sait pas quoi.