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Citation de SZRAMOWO


À cet instant, qu’est-ce qui pousse Rachel à lever les yeux et à tourner la tête sur la gauche ? Lorsqu’elle y repensera, encore et encore, les jours qui suivront, elle ne trouvera pas de réponse à sa question. L’intuition féminine, peut-être.

En tout cas, mue par cette espèce de force de la nature
– le destin ? 
– Rachel regarde dans la direction des beaux immeubles en pierre datant du XIX ème  siècle. Une porte s’ouvre au même moment. Avant même de distinguer nettement la personne qui sort du bâtiment, elle devine de qui il s’agit. Elle le reconnaît… d’instinct.
C’est lui…

Et son cœur cesse de battre un instant, puis repart à une cadence effrénée. Les Parisiens qui la frôlaient jusqu’alors la bousculent à présent. Elle s’est arrêtée en plein milieu du trottoir, sans crier gare. Pour autant, elle ne bouge pas. Parce que, tout simplement, elle ne peut pas. Ses pieds refusent d’avancer. Ses jambes ne lui obéissent plus. Son cerveau est figé lui aussi sur une interrogation qu’elle a envie de hurler :
Pourquoi Vincent est-il ici, alors qu’il était censé être mort ? 
Le sang reflue de son visage, ses oreilles bourdonnent, ses jambes flageolent. Le monde autour d’elle devient flou. Il est le seul qu’elle voit nettement. De sa démarche chaloupée, il avance tout en remontant frileusement le col de son pardessus, la dépasse puis continue sa progression, sans même s’apercevoir qu’il est observé. Elle est incapable d’esquisser le moindre mouvement. Comme dans un mauvais rêve où elle serait devenue muette, elle ouvre la bouche, mais aucun son ne sort. L’état de choc. Les interrogations. L’incapacité de penser que tout cela puisse être vrai. Puis la certitude. Cette intuition profonde et puissante qui lui souffle qu’elle ne se trompe pas. Que malgré toutes les questions suscitées par cette résurrection, c’est bien lui qui déambule dans les rues de la capitale. Et l’espoir. Le sang qui rosit de nouveau ses joues. L’air qui emplit ses poumons en gonflant sa poitrine d’espérance.

La vie reprend son cours autour d’elle, avec un goût un peu différent. Les gouttes d’eau glacée sur son visage et ses mains,

les coups de klaxon, le vrombissement des moteurs. Tout lui parvient de nouveau avec netteté. Et ses pieds avancent l’un après l’autre, se mettent à courir, à voler, presque.

En jouant des coudes, elle se précipite vers ce passé ressurgi de nulle part, vers cet impossible devenu possible…
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