Enfin, nous pouvons dire que le défi majeur de l'institution en de telles circonstances critiques, consiste à maintenir sa fonction institutionnelle de maillage et de tissage de liens, de paroles et de rester ainsi une institution, là où elle pourrait être tentée de se réfugier dans de l'établissement, c'est-à-dire un lieu déshumanisé.
Le besoin d'information va se manifester très tôt, pendant et juste à la sortie de la phase de choc. Celui-ci fait d'abord référence à une nécessité de comprendre. Comprendre vient du latin comprehendere qui signifie saisir. Et c'est de cela qu'il s'agit : saisir ce qui a échappé totalement à notre contrôle dans l'événement. Comprendre, cela veut aussi dire "contenir en soi".
L'information et sa gestion permettent donc d'ouvrir à nouveau le champ du représentable, de saisir par l'esprit ce qui a été vécu. Cette information là est donc subjective, émotionnelle et circonstancielle.
Nous entendons souvent parler du besoin psychologique de "reconnaissance du statut de victime". Nous pensons que la nécessité de s'accrocher à celui-ci, comme à une bouée de sauvetage, disparaît s'il existe une reconnaissance effective qui confère à la personne, la sensation de compter pour autrui, d'avoir une parole qui est entendue et respectée. Ce besoin psychologique n'est pas à confondre avec celui d'obtenir un statut juridique, qui confère une place en justice à la victime et qui est essentiel.
Il est essentiel que les adultes ne passent pas sous silence ce sentiment [de culpabilité] et accueillent cette culpabilité sans forcément la traiter. En effet, la culpabilité peut avoir pour fonction de tenter de reprendre un peu de contrôle sur une situation qui nous a complètement échappé. Le fait de vouloir trop vite rassurer l'autre sur le fait que ce n'est pas de sa faute peut augmenter le sentiment d'impuissance alors que l'intention est de le rassurer.
Quelles que soient les options préventives choisies, l'essentiel est d'humaniser le dispositif dans un mouvement solidaire, porté par de vraies intentions positives et non pas gestionnaires. Ces dernières conduisent à ces innombrables plans d'urgence créés sans concertation avec les acteurs qui y figurent. Ils ne sont jamais actualisés et sont vite oubliés au fond des tiroirs.
... il est important que le retour à la "vie normale" ne consiste pas à oublier trop vite ce qui s'est passé ou à se dire de façon triomphale que tout a été bien géré et qu'il est important de passer à autre chose ! Ce faisant, l'institution passerait à côté de l'opportunité de se développer ou de s'améliorer.
Être présent suppose proximité et authenticité. C'est montrer, "je suis engagé à vos côtés, je suis préoccupé par vous et ce qui vous arrive". Cela passe principalement par nos attitudes non verbales, par les actions que nous menons et les actes que nous posons, loin devant les discours.
En conclusion, trois balises sur la manière d'exister dans les médias sociaux : être présent (sur la toile), être crédible (dans ses communications) et être responsable (quant aux contenus dans le respect des personnes et de leur vie privée).
En dehors du coeur de la crise, le fonctionnement quotidien devra être rapidement remis en route ou maintenu. La reprise et le maintien des habitudes et repères permettra de réduire l'impact du choc.
... l'événement traumatique propage ses ondes de chocs à l a façon d'une pierre que l'on jette à l'eau. Plus on se situe près du centre de l'impact, plus on en ressent les effets.