« On ne rêve pas aujourd’hui comme naguère ou jadis » et cela s’illustre particulièrement dans les romans non-italiens qui se déroulent en Italie. En effet, depuis près de trois siècles, des romanciers français, anglais, allemands, scandinaves, russes, américains… ont choisi de situer leur action dans ce pays qui les fascine. L’Italie est un mythe, en littérature, comme dans d’autres arts et Denis Bertholet, historien, éditeur et enseignant, a choisi de nous offrir un panorama très réussi de ces romans.
« L’Italie au miroir du roman » retrace donc l’histoire littéraire moderne des romans situés en Italie et étudie de quoi est faite la fascination des auteurs pour ce pays longtemps idéalisé. Le point de départ de cet essai se situe au XVIIIème siècle, au moment où le Grand Tour était en vogue parmi les élites européennes et où le roman tel qu’on le connait actuellement a pris son essor. Selon les époques, l’Italie a été tour à tour simple toile de fond, puis « pays incertain peuplé d’êtres inquiétants », avant de devenir le lieu par excellence de l’idéal esthétique, puis de l’idéal amoureux. L’Italie est également synonyme de nostalgie, c’est « là-bas » qu’on a connu la passion, artistique ou amoureuse, et qu’on a découvert le paradis sur terre, lequel « ne saurait appartenir au présent ».
L’image de l’Italie, telle qu’elle apparaît dans les romans européens, est le reflet de l’histoire des idées : après l’idéalisation, viendra la désillusion. Ce lieu par excellence des voyages de noces ne peut tenir toutes ses promesses. De même, lorsque la guerre et le totalitarisme s’installent, l’espoir disparaît et l’Italie elle-même ne « constitue plus un moyen d’évasion ». Elle deviendra plus tard un endroit envahi de touristes ; et pourtant le rêve italien n’a pas totalement disparu puisque, comme le souligne Denis Bertholet, « l’Italie reste un pays vivant » pour quelques romanciers français du début de XXIème siècle (Philippe Besson, Claudie Gallay, Laurent Gaudé…).
L’ouvrage de Denis Berthollet est passionnant pour qui aime à la fois la littérature et l’Italie. Facile à lire, suivant un plan chronologique, il propose un grand choix d’œuvres de Ann Radcliffe, Sade, Goethe, Stendhal, Dumas, Forster, Thomas Mann, Proust, Musil, Sartre, Aragon, Duras, Déon, Sollers… Il m’a remémoré des livres que j’ai beaucoup appréciés, comme « Les petits chevaux de Tarquinia » de Marguerite Duras, « La modification » de Michel Butor, ou, plus léger, « Mort à la Fenice » de Donna Leon. Il m’a surtout donné beaucoup d’idées de lectures, parmi lesquels « Le bonheur fou » de Jean Giono, « Oublier Palerme » d’Edmonde Charles-Roux, « Europa » de Romain Gary, et « Villa Amalia » de Pascal Quignard …
Un grand merci à Babelio et aux éditions Infolio !
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